By Bizimana Jean Damascène*
A cette date du 30 avril 1994, le gouvernement génocidaire continuait à mettre en œuvre leur plan criminel d’extermination des Tutsi. Voici ci-après le rappel des principaux massacres de Tutsi qui ont été commis le 30 avril 1994.
1. Massacres de Tutsi dans la ville de Gisenyi, Rubavu
Le mémorial de Gisenyi érigé à l’endroit que l’on a appelé “Commune Rouge’’ pendant le Génocide, dans le village Ruriba, Cellule Rubavu, Secteur Gisenyi, District de Rubavu. A cet endroit il y avait depuis longtemps un cimetière. La haine du Tutsi date de longtemps dans cette région, surtout parce que le Président Habyarimana en était originaire comme c’était aussi le cas de hautes personnalités de son entourage – appelé “Akazu” ou “maisonnette” – qui étaient tous des promoteurs de la politique de la haine au Rwanda. Les massacres ont été précédés par un discours de la haine, des insultes, la haine du Tutsi, qui allaient mener à l’extermination de ceux-ci, cette atmosphère était encouragée par le journal Kangura; son rédacteur en chef, Hassan Ngeze, est originaire de Nyakabungo, Gisenyi, à Rubavu, et est parmi les fondateurs de la CDR.
Depuis le 1990, quand la guerre de libération a commencé, les Tutsi des anciennes Commune Mutura et Rwerere dans la localité de Bigogwe, ceux des Communes Kayove, Nyamyumba et Kibirira actuellement en District Ngororero, ont été tués sous le prétexte qu’ils seraient des complices des Inkotanyi, et leurs corps ont été jetés dans des fosses creusées dans le cimetière de Gisenyi dans le cadre d’effacer toutes les traces des massacres. D’autres ont été tués à la prison de Gisenyi dans le plus grand secret et leurs corps ont aussi été jetés dans ces fosses.
Pendant le Génocide, dans la ville de Gisenyi, les Tutsi ont été tués à leurs domiciles, d’autres ont été amenés aux fosses du cimetière de Gisenyi pour y être tués. Parmi les éléments qui ont accéléré le Génocide à Gisenyi, il y a le rôle prépondérant du Colonel Anatole Nsengiyumva qui dirigeait le camp militaire de Gisenyi. Anatole Nsengiyumva etait originaire de la Commune Satinski, en Préfecture Gisenyi.
Depuis 1990, le Colonel Anatole Nsengiyumva et le Colonel Theoneste Bagosora, Aloys Ntabakuze et Joseph Nzirorera, ont planifié l’extermination des Tutsi dans la Préfecture Gisenyi, ont commencé à propager la haine du Tutsi, à cultiver l’inquiétude, à entrainer les Interahamwe, à distribuer des armes, à dresser les listes des Tutsi, et à tuer les Tutsi de Gisenyi et Ruhengeri. A gisenyi, Anatole Nsengiyumva, Bagosora, Ntabakuze et Nzirorera ont créé un groupe de criminels dont les membres étaient: Omar Serushago, Bernard Munyagishari, Mabuye, Barnabé Samvura, et Thomas Mugiraneza.
Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, le Colonel Nsengiyumva Anatole a organisé au camp militaire de Gisenyi, une réunion qui planifiait les massacres et à laquelle participaient les militaires du camp de Gisenyi, les gendarmes et les dirigeants des Interahamwe et de la CDR. Le Colonel Nsengiyumva Anatole a ordonné la distribution d’armes aux Interahamwe et la mise en place de barrières dans tout Gisenyi.
Le 7 avril 1994, il y a eu une autre réunion à l’endroit où se trouvait la place du marché de Gisenyi, et Anatole Nsengiyumva a ordonné aux Interahamwe de commencer à tuer les Tutsi, maison après maison. Un communiqué du Ministère de la Défense avait demandé à la population de rester à domicile, de ne pas en sortir, sauf les militaires et les Interahamwe qui circulaient librement, tuant les Tutsi chez eux.
Le Colonel Nsengiyumva Anatole a également ordonné de placer des barrières aux frontières entre le Rwanda et le Zaïre pour empêcher aux Tutsi de fuir le pays. Les massacres ont été dirigés par le Colonel Nsengiyumva Anatole lui-même, le Major François Uwimana, le Sous-lieutenant Fidèle Udahemuka, le Sous-lieutenant Abel Rwasa et les Interahamwe qui étaient dirigés par Bernard Munyagishari, Omar Serushago, le Conseiller Faziri, et le Conseiller de Byahi. Le Colonel Nsengiyumva Anatole a fait le tour de Gisenyi, pour superviser les massacres, il demandait aux Interahamwe sur les barrières “ où en était arrivé le travail”, c.à.d. où ils en étaient avec les massacres des Tutsi.
Le Major Uwimana François Xavier passait dans les quartiers pour faire le suivi des massacres des Tutsi. Les premiers Tutsi à être tués sont ceux qui habitaient près de l’hôpital et du camp militaire de Gisenyi. Les cadavres gisaient partout, des véhicules ramassaient et transportaient les corps des victimes qui étaient jetés dans les fosses de la “Commune Rouge”.
Un groupe de tueurs dirigés par Omar Serushago, Bernard Munyagishari et Thomas Mugiraneza, a attaqué les bâtiments des religieux de Saint Pierre le 20 avril 1994. Ceux qui s’y étaient réfugiés, dont Felicité Niyitegeka, ont été amenés à la “Commune Rouge” pour y être tués. Les Tutsi qui s’étaient cachés à l’Institut St Fidèle ont été massacrés tout comme ceux qui se trouvaient à la Rwandex qui ont été tués par Habimana Jean Pierre alias Mustafa qui vit aujourd’hui en Belgique.
Le 30 avril 1994, un véhicule muni d’un mégaphone a fait le tour de Gisenyi proclamant que la paix était revenue, qu’aucun Tutsi ne sera plus tué, et que ceux qui s’étaient cachés pouvaient sortir. Tous ceux qui sont sortis de leurs cachettes ont été tués à la “Commune Rouge”. Parmi ceux qui ont joué un rôle dans les massacres il y avait le Colonel Anatole Nsengiyumva, le Major François Uwimana, le Sous-lieutenant Fidèle Udahemuka, le Sous-lieutenant Abel Rwasa, Yozefu Habiyambere, le Préfet Dr. Zirimwabagabo Charles, les Sous-préfets Rukabukira et Bikumbi, Hassan Ngeze, Barnabé Samvura, Bernard Munyagishari, Omar Serushago, le Conseiller Faziri et celui de Byahi, ils ont collaboré avec d’autres tueurs dont le redoutable Interahamwe HABIMANA JEAN PIERRE (MUSTAFA), qui a fui en Belgique..
Le Colonel Anatole Nsengiyumva a été condamné pour crime de génocide à la prison à perpétuité par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) la peine a été réduite à 15 ans de prisons en appel. Omar Serushago a été condamné pour crime de génocide à la prison à 15 ans de prison par le TPIR. Bernard Munyagishari, a été transféré au Rwanda par le TPIR où il a été condamné pour crime de génocide à la prison à perpétuité par les juridictions rwandaises. En 2003, Hassan Ngeze a été condamné pour crime de génocide et crimes contre l’humanité, à la prison à perpétuité par le TPIR, la peine a été réduite en 2007 à 35 ans de prison en appel.
2. Massacres de Tutsi à la Paroisse de Mibilizi, Cyangugu
Le 7 avril 1994, des véhicules de la gendarmerie transportant un grand nombre de gendarmes ont sillonné Mibilizi au matin, circulant dans toute la localité comme s’ils voulaient intimider la population pour qu’elle reste à domicile. Les Conseillers ont demandé à la population de ne pas quitter leur domicile pour qu’aucun Tutsi ne puisse s’enfuir à l’étranger. Comme ils en avaient eu l’habitude dans les années de persécution 1963, 1973, les Tutsi de Mibilizi se sont réfugiés à la Paroisse de Mibilizi espérant y être protégés.
Les 8 au 10 avril 1994, près de 8000 Tutsi sont arrivés a la Paroisse Mibiizi, amenant avec eux leurs vaches. Le 10 avril 1994, de nombreux Hutu dirigés par un réserviste de la Garde Présidentielle du nom de Dominique, ont attaqué surtout pour s’enquérir des capacités d’auto défense des Tutsi et de leur nombre. Les Tutsi ont pu repousser l’attaque à coups de pierres et à l’aide d’armes traditionnelles qu’ils avaient amenées avec eux.
Le 12 avril 1994, vers 10 h du matin, un autre groupe de tueurs dirigé par le même Dominique, est parti de l’endroit appelé “Ngoro” près de la paroisse et s’est dirigé vers la Paroisse Mibilizi. Ils étaient armés de lances, arcs et autres, tandis que Dominique avait des grenades. Les Tutsi ont encore pu repousser les assaillants à coups de pierres, lorsque Dominique qui dirigeait les tueurs a constaté que ses troupes perdaient pied, il a lancé des grenades qui blessèrent un grand nombre de Tutsi, dont Dushimimana Concorde qui est peu après décédé.
Le 14 avril 1994 vers 15 h de l’après-midi, de nombreux Hutu se sont rassemblés et ont encore mené une attaque sur la Paroisse de Mibilizi, avec beaucoup plus de force que les premières. Des tueurs sont venus de l’endroit appelé “Ngoro”, d’autres sont venus de Runyanzovu, Munyinya, Muhanga, Cyato et d’ailleurs. Les Tutsi ont encore essayé de se défendre et ont pu repousser l’attaque. Un des tueurs des plus redoutables du nom de Kayibanda, originaire de Kaboza, a vu la défaite venir et a lancé des grenades dont l’une tua sur le champ Nsabimana Dominique qui était commerçant à Ngoro et d’autres réfugiés qui l’entouraient en première ligne. Les tueurs furent défaits et ont battu en retraite.
Le 18 avril 1994 est un jour tristement mémorable pour les Tutsi qui s’étaient réfugiés à Mibilizi. Ce jour, les tueurs ont mené trois attaques au cours desquelles des milliers de Tutsi furent tués. Vers 10 h, les tueurs ont attaqué et ont été repoussés par les Tutsi après avoir pu tuer un petit nombre parmi ceux-ci. Ils sont retournes à Ngoro pour se remettre en forme et recevoir d’autres instructions. Vers 14 h de l’après-midi ils ont attaqué une nouvelle fois, ils étaient très nombreux, des milliers de tueurs, ils ont lancé des grenades qui ont tué un grand nombre de Tutsi, mais ont dû encore une fois battre en retraite devant la résistance des Tutsi.
Vers 15 h, le Sous prefet Theodore Munyangabe est arrivé à Mibilizi accompagné d’autres personnes. Il a demandé aux Tutsi de retourner dans l’enclos de la Paroisse Mibilizi pour qu’il puisse y avoir des discussions avec les tueurs pour arrêter les massacres. C’était un piège car au moment où les Tutsi se dirigeaient dans l’enclos de la paroisse où était censé se tenir la réunion, des milliers de tueurs les encerclèrent, jetèrent des grenades et tuèrent qui ils rencontraient avec leurs épées et autres armes traditionnelles. Ceux qui avaient des fusils sont montés sur des arbres autour de la Paroisse Mibilizi pour pouvoir atteindre les Tutsi qu’ils voulaient exterminer. De nombreux tueurs portaient des fusils et des grenades, raison pour laquelle toute résistance de la part des Tutsi a cessé.
Un très grand nombre de Tutsi furent tués à différents endroits. Le 20 avril 1994, les tueurs ont collaboré avec les gendarmes qui étaient censés assurer la sécurité des réfugiés. Ils ont appelé les survivants et les ont rassemblés dans la cour de l’enclos de la paroisse. Les tueurs ont amené une liste et ont fait l’appel de plus de 100 Tutsi qui furent massacrés par les tueurs à l’aide d’épées, de gourdins, de lances ; leurs corps furent laissés sur place et enlevés pour être ensevelis seulement le lendemain.
Parmi ceux qui ont été tués ce jour-là, il y avait une enseignante du nom d’Angela. Le même jour du 20 avril 1994, après avoir tué de façon atroce ceux qu’ils avaient sélectionnés à la paroisse, les tueurs ont continué pour aller tuer les médecins Tutsi qui travaillaient à l’hôpital de Mibilizi, et ont également massacré les malades qui s’y trouvaient.
Le 30 avril 1994, les rares Tutsi qui avaient jusque-là survécu ont été tués. L’Interahamwe Yussuf Munyakazi, qui revenait de Shangi où il était allé en renfort pour y exterminer les Tutsi, en rentrant sur Bugarama a préféré faire un crochet par Mibilizi pour achever tous les survivants. Lui et ses tueurs sont arrivés à Mibilizi dans une camionnette Daihatsu vers 17h et y ont tué à l’épée près de 60 Tutsi dont les cadavres sont restés éparpillés devant la paroisse.
Le 25 mai 1994, près de 500 Tutsi qui avaient survécu, composés surtout de vieillards et vieilles femmes, et des blessés ont été embarqués dans des bus, ont quitté Mibilizi et ont été amenés à Nyarushishi.
Des tueurs parmi ceux qui ont organisé et exécuté les massacres de Tutsi à Mibilizi:
Bandetse Edouard (planificateur) était commerçant à Kamembe, mais aussi à Mibilizi, il donnait des instructions, était armé d’un fusil, les réunions se tenaient dans son bar, il détestait les Tutsi ; Le Sous-préfet Theodore Munyangabe ; Le réserviste de la Garde Présidentielle, était toujours en possession de ses armes ; Somayire Célestin, Interahamwe redoutable, enseignant à Mibilizi, détestait les Tutsi ; Munyoni Vianney, policier, a tué de nombreux Tutsi lors de l’attaque du 18/04/1994 ; Rwabukera Fabien, Interahamwe qui vivait à Kigali mais était originaire de Mibilizi ; Kayibanda (Interahamwe des plus extrémistes) a tué des Tutsi a’ l’aide de grenades au cours de diverses attaques ; Le Conseiller Ndagijimana Pacome du Secteur Mibilizi, planifiait les attaques et participait aux réunions au cours desquelles les Tutsi étaient faussement accusés d’être des fauteurs de troubles ; Le Conseiller Gakwaya Vianney du Secteur Cyato, dirigeait des attaques ; Les gendarmes postés à la Paroisse Mibilizi, leurs fusils qui devaient assurer la sécurité des Tutsi ont été parmi ceux qui ont tué des centaines de ceux-ci lors de l’attaque du 18/04/1994 ; Somayire Richard enseignant à l’APEMI ; Gerard Ndagijimana, travaillait à l’hôpital de Mibilizi, était influent auprès des tueurs ; Rukeratabaro Theodore, originaire de la localité appelée « Ku w’inteko » dirigeait les tueurs qui venaient traquer les Tutsi de sa localité qui s’étaient réfugiés à Mibilizi, surtout Senuma qu’ils ont tué, et lui ont pris les souliers pour aller montrer à la population qu’il était bien mort. Rukeratabaro a été condamné à la prison à perpétuité par une juridiction de Suède.
3. Massacres de Tutsi à la Paroisse catholique de Ngoma
Le 30 avril 1994, ont été tués de nombreux Tutsi qui s’étaient réfugiés à la Paroisse de Ngoma, située dans le Secteur Ngoma, en District Huye. Lorsque les massacres ont commencé, les Tutsi qui habitaient Matyazo et Ngoma se sont réfugiés à la Paroisse Ngoma comme ils en avaient pris l’habitude dans le passé. Parmi les réfugiés il y avait beaucoup d’enfants, de jeunes gens et des adultes, ils avaient fui les attaques menées par des militaires et des Interahamwe, dirigés par Habyarabatuma Cyriaque, le commandant de la gendarmerie. Le 29 avril 1994, les Interahamwe et les militaires qui gardaient la barrière de l’ELECTROGAZ se sont rendus à la paroisse. Les militaires y sont entrés, ont inspecté les lieux et évalué le nombre des réfugiés, sous le faux prétexte qu’ils venaient les protéger.
Le 30 avril 1994, vers 9 h du matin, un groupe de nombreux tueurs dirigés par le Lieutenant Hategekimana Ildephonse, commandant du camp militaire de Ngoma et Sous-lieutenant Fabien Niyonteze, il y avait des militaires du camp de Ngoma et des Interahamwe de Ngoma et Matyazo. Les militaires et les Interahamwe se sont rués sur la porte de l’église et ont commencé à tuer les réfugiés Tutsi. Ils ont aussi sortis certains d’entre à l’extérieur pour les y massacrer. Il y a eu des massacres des plus atroces, des enfants ont été fracassés sur la route goudronnée et d’autres furent tués par des coups simultanés de gourdins et de machettes. De très jeunes filles ont été violées avant d’être tuées.
Parmi les responsables de ces massacres il y avait le Lieutenant Hategekimana Ildephonse, commandant du camp militaire de Ngoma, Gatera, Murekezi Fils, Donati, Vianney, originaire de Kibuye et qui avait un magasin sur la quatrieme rue, Abdoulah du quartier Swahili, de nombreux militaires dont celui qui disait etre le petit fils de Satan, Toni, les fils de Kiburugutu, Commandant de l’aeroport, Le Conseiller du Secteur Ngoma Habimana Jacques, et d’autres Interahamwe..
4. Massacres de Tutsi à la Maison Generaliste des sœurs Abenebikira sis à Itaba, Butare
Depuis le 14 avril 1994, des Tutsi ont commencé à s’y réfugier, dont des enfants qui y avaient des sœurs avec qui ils avaient des relations familiales. Le Prof Karenzi qui enseignait à l’Université Nationale du Rwanda (UNR) a été tué le 21 avril 1994, et le lendemain, ses enfants et d’autres qui étaient chez lui se sont réfugiés chez les sœurs à Itaba. Ces enfants ont été traqués surtout par Ntezimana Vincent qui était le collègue de Karenzi à l’UNR, et également par le Colonel Tharcisse Muvunyi. Avant que Karenzi ne soit tué, Ntezimana et d’autres avaient planifié le Génocide à l’UNR et avaient demandé aux enseignants Tutsi de fournir la liste des personnes que ceux-ci hébergeaient chez eux à leurs domiciles, sous le faux prétexte que c’était pour les aider à s’enfuir.
Le 30 avril 1994, un groupe de tueurs dirigés par le Capitaine Nizeyimana Idephonse de l’ESO a attaqué les réfugiés Tutsi qui s’étaient réfugiés chez les sœurs Abenebikira à Itaba, dans la ville de Butare; y étaient également présents le Lieutenant Hategekimana Ildephonse, commandant du camp militaire de Ngoma, le Lieutenant Ndayambaje, le Lieutenant Ngendahimana, et d’autres Interahamwe. Hategekimana a d’abord sélectionné ceux qui devaient mourir et les a amenés les tuer à Kabutare et au Groupe Scolaire. Les tueurs étaient armés de fusils et d’armes traditionnelles telles les gourdins et les machettes, ils s’étaient aussi munis de bidons de pétrole.
A la tête de tueurs il y avait le Capitaine Nizeyimana Idephonse, le Lieutenant Hategekimana Ildephonse, le Lieutenant Ndayambaje, le Lieutenant Ngendahimana, Vincent Ntezimana et d’autres Interahamwe. Vincent Ntezimana a été condamné à 12 ans de prison par les juridictions de Belgique. Le Capitaine Nizeyimana Idephonse a été condamné à 35 ans de prison et le Lieutenant Hategekimana Ildephonse a été condamné à la prison à perpétuité par le TPIR.
5. Massacres de Tutsi dans les marécages de Ntarama, Bugesera
Depuis les 22 avril 1994, les Tutsi qui avaient survécu sur les collines, dans les champs de sorgho, dans les églises et ceux qui venaient de Bugesera, ont commencé à s’enfoncer dans les marécages parce que c’était les seuls lieux qui restaient pour s’y cacher. Les tueurs ont utilisé des aéronefs pour surveiller où se cachaient le plus grand nombre de Tutsi, ils ont appris qu’un grand nombre parmi ceux-ci se cachaient dans les marécages et planifié comment les massacrer. Avant, les tueurs attaquaient et tuaient un petit nombre de Tutsi parce qu’ils n’osaient pas s’aventurer loin dans les marécages dans lesquels même ceux qui s’y cachaient ne voyaient pas leurs camarades à deux pas d’eux.
Le 30 avril 1994, de nombreux Tutsi furent tués dans le marécage surnommé “CND” qui se trouve entre Ntarama, Rurindo et Mugina de Gitarama. Des Interahamwe et des militaires sont venus d’endroits différents : le camp militaire de Gako, ceux qui sont venus de Ngenda et Gashora, des Communes Gicumbi, Gikomero, Mbogo, Nyamabuye et d’autres localités dans Gitarama, Mugina et ailleurs, des déplacés de guerre qui sont venus de Ruhuha et Nyacyonga à bord de bus de l’ONATRACOM, très nombreux, hurlant et faisant vibrer leurs sifflets ; ils se sont repartis en plusieurs groupes et ont encerclé le marécage. Il y en a même qui sont venus de Secteurs de Kanzenze, Rulindo et Musenyi qui étaient à proximité du marécage, et d’autres de Ntarama. Ils ont tué les Tutsi à partir de 10 h du matin jusqu’à 17 h du soir, ils sont rentrés chez eux parce que parmi eux il y en avait plusieurs qui devaient faire plusieurs heures pour rejoindre leurs domiciles.
Les militaires tiraient et envoyaient des obus dans le marécage avant que les Interahamwe ne l’investissent armés de machettes, lances, piques, gourdins cloutés, épées et autres armes traditionnelles ; ils ont tué les Tutsi qui ne s’enfuyaient plus car ils ne pouvaient pas courir dans le marécage. Les militaires et les Interahamwe fouillaient les corps sans vie de leurs victimes pour les dépouiller d’une éventuelle somme d’argent et violaient les femmes et filles sur une surface plus ou moins sèche ou sur un tas de joncs avant de les mutiler à l’aide de piques et de machettes, et de les laisser pour mortes.
Ces massacres dans les marécages ont été dirigés par le Commandant du camp militaire de Gako, le Sous-préfet de la Sous-préfecture de Kanazi Gasana Djuma, Gatanazi Bernard, Bourgmestre de la Commune Kanzenze, Karerangabo Vincent, inspecteur, Nsabyumuganwa, directeur de l’école primaire de Cyugaro, Bizimana directeur de l’école primaire de Nyamata, le Pasteur Uwinkindi Jean, Gasharankwanzi Sylvestre, le militaire Sebugingo, le policier Bizimungu et d’autres.
CONCLUSION
Les massacres de Tutsi ont continué à travers tout le pays, de façon similaire, tout Tutsi devait mourir, la plupart ont été tués en cours de route alors qu’ils fuyaient. A cette date beaucoup d’entre eux ont été tués dans des bâtiments publics, des Communes et dans des églises parce qu’ils croyaient y trouver sécurité. (Fin).
* Bizimana Jean Damascène, Secrétaire Exécutif Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG)