Accusé de soutenir le M23, le Rwanda en appelle à l’arbitrage du JMV

Le Rwanda nie toute implication ou un quelconque appui au M23 qui a mené les incursions le lundi 28 mars sur les positions de l’armée congolaise dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu).  C’est ce qui ressort d’un communiqué signé lundi 28 mars par le Gouverneur de la Province de l’Ouest du Rwanda, François Habitegeko.

La RDC et le Rwanda disposent d’un mécanisme de vérification dans le cadre de la CIRG (Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs) et au niveau bilatéral pour vérifier ces allégations, dit le Gouverneur François Habitegeko.  Le Rwanda en appelle ainsi au mécanisme conjoint de vérification (JMV, Joint Verification Mechanism) à enquêter sur ces allégations, selon le communiqué. Le gouverneur François Habitegeko déclare que l’armée rwandaise n’est en aucun cas impliquée dans les « activités belligérantes à travers la RDC ».   

Dans la nuit de dimanche à lundi, le M23 («Mouvement du 23 mars»), «soutenu par les Forces de défense du Rwanda (RDF), a mené des incursions et attaqué les positions des FARDC (Forces armées congolaises) de Tchanzu et Runyoni, dans le territoire de Rutshuru», a affirmé lundi en fin de journée le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la Province du Nord-Kivu. Le Rwanda et l’Ouganda sont frontaliers de la Province du Nord-Kivu en proie depuis plus de 25 ans aux violences de nombreux groupes armés.

Pour étayer ses accusations, le général congolais Ekenge a affirmé que deux militaires rwandais avaient été arrêtés durant les attaques de lundi et a précisé leurs identités: l’adjudant Jean-Pierre Habyarimana et le soldat de rang John Uwajeneza Muhindi, alias Zaje, du 65e bataillon de la 402e brigade de l’armée rwandaise. Pendant que le général congolais Ekenge lisait son communiqué, les deux militaires présumés, habillés de vêtements civils, se tenaient à proximité et ont été montrés par la télévision congolaise.

«Nous réfutons catégoriquement les accusations sans fondement» de l’armée congolaise, a répliqué ce mardi dans son communiqué diffusé sur Twitter le gouverneur de la province rwandaise de l’Ouest, François Habitegeko.

Le Gouverneur François Habitegeko parle de fausses accusations et ne reconnaît pas non plus les deux militaires rwandais capturés. Selon lui, les noms de ces deux hommes avaient été évoqués par la partie congolaise lors d’une réunion, le 25 février à Kigali, d’un mécanisme conjoint de renseignement (Joint Intelligence Teams).

Ces deux hommes auraient donc été arrêtés «il y a plus d’un mois», a souligné le gouverneur rwandais, en affirmant de surcroît que l’armée rwandaise ne comptait pas dans ses rangs de soldats répondant aux noms mentionnés. Présenter ces deux hommes comme des soldats rwandais arrêtés lundi relève d’une «tentative de manipuler l’opinion», a-t-il estimé.

Le M23 est issu d’une ancienne rébellion défaite en 2013 par l’armée congolaise. Mais le M23 a fait de nouveau parler de lui depuis novembre, lorsqu’il a été accusé d’avoir attaqué plusieurs positions militaires dans la région de Rutshuru. Le mouvement reproche notamment aux autorités de Kinshasa de n’avoir pas respecté des engagements pris pour la démobilisation et la réintégration de ses combattants.

Depuis l’arrivée massive en RDC des réfugiés hutu rwandais dont certains sont accusés d’avoir massacré les Tutsi durant le génocide de 1994, le Rwanda a été régulièrement accusé d’incursions au Congo et de soutien à des groupes armés dans l’est du pays.

Les relations se sont apaisées avec l’arrivée au pouvoir début 2019 de Félix Tshisekedi, qui a rencontré à plusieurs reprises son homologue rwandais Paul Kagame. Mais le regain d’activité du M23 a ravivé le soupçon. (Fin)