Amnesty demande une enquête impartiale sur la mort en détention de Kizito Mihigo

le chanteur rwandais Kizito Mihigo retrouvé mort en prison  

Kigali: Amnesty International demande aux autorités rwandaises  de mener de toute urgence et sans délai une enquête exhaustive, indépendante et impartiale sur la «mort choquante » en détention du chanteur de gospel rwandais Kizito Mihigo.

Après que la police nationale du Rwanda ait annoncé que le chanteur rwandais Kizito Mihigo a été retrouvé mort en détention dans sa cellule, le directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, Deprose Muchena, a déclaré :

« Nous sommes choqués et profondément attristés d’apprendre le décès du chanteur populaire de gospel Kizito Mihigo. Les autorités rwandaises ont déclaré qu’il s’était suicidé. Elles doivent mener sans délai une enquête indépendante, impartiale et approfondie afin de déterminer la cause de sa mort – y compris s’il s’agit d’une mort naturelle ou accidentelle, ou d’un cas de suicide ou d’homicide.

« Cette affaire ne doit pas être étouffée. L’enquête doit faire la lumière sur tous les faits, notamment sur l’implication possible d’autres personnes, et doit déterminer si les pratiques et les conditions de détention ont causé la mort de Kizito Mihigo ou y ont contribué. »

Vendredi 14 février 2020, le Bureau d’enquêtes rwandais (RIB) a confirmé que Kizito Mihigo avait été arrêté dans le district de Nyaruguru, près de la frontière avec le Burundi. Il a été accusé de corruption, d’avoir tenté de franchir illégalement la frontière burundaise et d’avoir rejoint des groupes « terroristes », mais aussi d’avoir enfreint les conditions de sa libération en 2018.

Amnesty International rappelle que Kizito Mihigo était auparavant proche du parti au pouvoir, le Front patriotique rwandais (FPR). Toutefois, en avril 2014, il a été arrêté après la sortie d’une chanson de gospel dans laquelle il priait pour les victimes du génocide et les victimes d’autres violences.

En février 2015, il a été déclaré coupable de complot contre le gouvernement, de création d’un groupe criminel et de conspiration en vue de commettre un assassinat, et a été condamné à 10 ans de prison.

En 2018, il a été libéré à la faveur d’une grâce présidentielle, en même temps que l’opposante Victoire Ingabire, à condition qu’ils se présentent au bureau du procureur local une fois par mois et demandent une autorisation à chaque fois qu’ils souhaitent se rendre à l’étranger. (Fin)