Des Experts et des décideurs africains engagent un dialogue pour la sauvegarde de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture

Le Représentant de la FAO au Rwanda, Gualbert Gbehounou.

Kigali: Des Experts et des décideurs africains engagent un dialogue pour la sauvegarde de la biodiversité dans tous les secteurs de l’agriculture dans le but d’atteindre l’élimination de la faim et de la pauvreté sur le continent, selon le Représentant de la FAO au Rwanda, Gualbert Gbehounou.

«Il s’agit d’un dialogue multipartenaire sur la préservation de la biodiversité sur le continent. L’on doit garder à l’esprit que la productivité agricole est liée à l’environnement durable. Elle ne peut se réaliser sans cet environnement ou cette biodiversité. Deux aspects importants à retenir : la biodiversité permet la pollinisation grâce aux abeilles qui butinent sur les fleurs mâles et femelles. C’est cela qui permet la fécondation des fleurs et l’obtention des fruits et graines. Or, les pesticides tuent les insectes. Les fermiers doivent être formés pour ne pas en faire un usage abusif. Tut ce que nous faisons dans le domaine agricole repose sur la biodiversité, c-à-d ces différentes variétés de haricots, de maïs, cultures maraîchères sont obtenues grâce à la biodiversité», a souligné le Représentant de la FAO Gbehounou.

Il a donné deux exemples précis: «la plupart de nos plantes cultivées ne peuvent produire sans insectes. Vous prenez le manguier. Nous avons les mangues parce que les insectes butinent d’une fleur mâle à la fleur femelle, et cela permet la fécondation grâce au service gratuit de l’écosystème. Si l’on tue les insectes ou les abeilles par des pesticides, il n’y aura pas de fécondation. Il n’y aura pas non plus ni les mangues, ni les avocats, ni les fruits de la passion, ni les maracuja, etc. Le secteur agricole dépend donc de la biodiversité. Il faut une politique nationale qui encadre tout cela et qui permet d’éviter qu’on détruise la biodiversité», explique encore Gbehounou.

Il aborde son deuxième exemple en évoquant un insecte appelé «Cochenille farineuse du manguier» qui vient d’être découvert en Afrique de l’Est. Cet insecte vient de l’Inde. Il a ravagé l’Afrique de l’Ouest il y a une quinzaine d’années. Même si on utilise les pesticides, cet insecte finit par revenir. La solution est de chercher dans la nature son ennemi naturel qui est une petite guêpe qu’on lâche dans la nature et qui finit par détruire la cochenille farineuse. Il faut faire de sorte que ces services de la nature soient préservés. Il faut un dialogue franc avec divers partenaires pour favoriser des discussions. Raison pour laquelle on trouve dans le présent dialogue des fermiers venus de toutes les régions d’Afrique (Ouest-Est- Sud-Nord), des chercheurs, des décideurs politiques. Tout le monde parle du changement climatique. On recourt à la biodiversité, c-à-d la recherche des variétés agricoles résilientes ou résistantes pouvant supporter l’absence des pluies.

Vue des participants dans la salle

L’on doit savoir que 80% de toutes les fleurs sont fécondées grâce à la pollinisation qui accroît la production agricole pour 30%. Ainsi pour le café, le cacao, les mangues, l’avocat, la pollinisation est vitale et détermine la production des plantes. Elle exige qu’elle soit insérée dans les facteurs de la production agricole. Raison pour laquelle l’on doit préserver la biodiversité. Et la biodiversité va de pair avec la foresterie, la pêche, l’aquaculture, la nature environnante.

Pour la Ministre en charge de l’Aquaculture et des Ressources Animales, Dr Géraldine Mukeshimana, la pollinisation, le recyclage des nutriments, la décomposition des matières organiques, tout cela demeure interdépendant et cadre avec les ODD (Objectifs de Développement Durables) à réaliser en 2030, période où l’on doit avoir atteint la sécurité alimentaire.

Le Rwanda dispose des plans pour cet objectif dans la Stratégie Nationale de la Transformation (NST1) de 2017 à 2024 où la productivité agricole se base sur l’amélioration de l’environnement afin d’atteindre une économie verte.
«Il est impératif d’intégrer la biodiversité par l’usage de toutes nos politiques», a-t-elle recommandé.

Elle a exhorté à partager l’information, à identifier les besoins tout en favorisant de travailler en synergie. Mais l’on privilégiera toujours la mise en œuvre des politiques liées à une biodiversité durable. (Fin)