Entretien entre les chefs de la diplomatie du Rwanda et du Burundi

Le chef de la diplomatie rwandaise Vincent Biruta

Vincent Biruta qui dirige la diplomatie rwandaise a accueilli pour une visite de travail son homologue burundais Albert Shingiro. La rencontre s’est tenue au Rwanda à la frontière commune de Nemba-Gasenyi ce mardi 20 octobre.

Pour Vincent Biruta, les relations tendues entre le Rwanda et le Burundi ont eu des conséquences néfastes sur les échanges entre les populations des deux pays. Le chef de la diplomatie rwandaise a dit que son pays est prêt à faire tout pour normaliser les relations. Il qualifie cette rencontre, la première du genre depuis cinq ans, d’un bon pas pour que les deux pays puissent renouer leurs relations de bon voisinage.

De son côté, Albert Shingiro affirme que le Burundi soutient tous les efforts visant à normaliser les relations entre les deux pays. D’après le patron de la diplomatie burundaise, rétablir les relations de bon voisinage entre les deux pays est une affaire entre Burundais et Rwandais, un médiateur n’est pas nécessaire.

Selon un communiqué conjoint, cette rencontre rentre dans le cadre de la volonté partagée d’évaluer l’état des relations bilatérales entre les deux pays et de convenir sur les modalités de leur normalisation.

Les deux Ministres ont noté l’existence des relations historiques entre le Rwanda et le Burundi ainsi que les défis auxquelles elles font face depuis 2015. Les deux autorités ont convenu de la nécessité de poursuivre les contacts afin de normaliser les relations entre les deux pays voisins liés par l’histoire et la géographie.

Albert Shingiro a invité son homologue rwandais Vincent Biruta a effectué une visite de réciprocité au Burundi. L’invitation a été acceptée à une date à convenir entre les deux parties par voie diplomatique.

Les relations sont très difficiles entre le Burundi et son voisin du Nord depuis 2015. L’ex- Président burundais Pierre Nkurunziza mort le 8 juin 2020 accusait le Rwanda de soutenir les mouvements politico-militaires qui étaient opposés à son troisième mandat contesté, ce que Kigali avait toujours démenti. Le Rwanda soupçonne pour sa part une présence au Burundi des rebelles rwandais des FDLR malgré les dénégations des autorités burundaises.

Feu Pierre Nkurunziza a accusé à plusieurs reprises le Rwanda de recruter, d’entraîner des réfugiés du Burundi voisin, et de les enrôler dans une opposition armée contre son régime. Ces réfugiés avaient fui la crise déclenchée par se troisième mandat controversé en 2015. Il accusait surtout le Rwanda d’héberger  les auteurs du putsch manqué du 13 mai 2015 contre son régime. Des accusations rejetées par le Rwanda qui avait menacé en 2016 de renvoyer les réfugiés burundais qui sont sur son sol vers d’autres pays.

En août dernier, le nouveau président burundais Evariste Ndayishimiye a opposé une fin de non-recevoir à la main tendue de Paul Kagame, qui proposait de tourner la page après cinq années de brouille. Et malgré la rencontre entre les renseignements militaires des deux pays et le retour de plus d’un millier de réfugiés burundais, il a dit que le Burundi n’aura pas de relations avec “un État hypocrite”  qui prend en otage des réfugiés et qui héberge des malfaiteurs qui ont endeuillé le Burundi au lieu de les extrader pour qu’ils soient jugés.

A cause de cette brouille diplomatique, les Rwandais qui vivaient au Burundi ont été expulsés, incarcérés pour espionnage et d’autres y ont laissé la vie. Des centaines de Burundais ont été également expulsés du Rwanda officiellement pour séjour illégal. (Fin)