«Nous travaillons main dans la main avec le Gouvernement Rwandais et les partenaires pour renforcer la résilience des Réfugiés» -Ahmed Baba Fall (HCR)

Le  Représentant du Haut -Commissariat aux Réfugiés au Rwanda, Ahmed Baba

Le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) travaille main dans la main avec le Gouvernement Rwandais et les partenaires pour renforcer la résilience des Réfugiés et continuer à faciliter leur inclusion économique, selon le Représentant du HCR au Rwanda, Ahmed Baba Fall (A.B.F.). C’était lors de cette Semaine dédiée au Réfugié, dans une interview recueillie par André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA). Lire l’interview :

Camp de Réfugiés de Mahama

ARI – Ce dimanche 20 Juin, le monde entier a célébré la Journée du Réfugié. Cette Semaine aussi est consacré au Réfugié.  Quel est l’aspect le plus important  de cette année pour cette catégorie de personnes qui ont été forcées de quitter leur terre natale ?

A.B.F.- L’Année passée et cette année ont été marquées par la pandémie de Covid-19. Les réfugiés comme toutes les autres populations ont été impactés sur le plan de la santé, sur le plan économique et sur le plan social. Comme tout le monde, la COVID-19 a vraiment changé nos vies, mais nous continuons à nous adapter, les réfugiés continuent à s’adapter, à s’intégrer aussi dans le monde et au Rwanda. Au Rwanda, nous avons eu la chance que les réfugiés dès le début ont été intégrés dans le plan national de prévention et de réponse du Gouvernement. Pour cela, nous remercions beaucoup le Gouvernement du Rwanda. Récemment encore, les réfugiés ont été aussi inclus dans le plan national de vaccination. Ce qui est très important. Parce que quand tout le monde est sauf, donc les réfugiés sont inclus dans le plan de vaccination. Quelques réfugiés ont été vaccinés. Quand vous prenez le cas de ceux qui sont à Gashora, ils sont déjà tous vaccinés et cela continuera à mesure que le pays reçoit plus de vaccins. Vraiment, nous sommes contents de cela.

Au niveau des camps des réfugiés aussi, comme leurs communautés hôtes sont bien éduquées par rapport aux mesures barrières, aux mesures de prévention, des masques leur ont été distribués, des stations de lavage sont dans les camps et dans les communautés hôtes, les réfugiés malades sont pris en charge par le système national, les tests sont faits comme dans les communautés hôtes, régulièrement. Vraiment, ils sont totalement intégrés dans le système de prise en charge national.

ARI- Les réfugiés dans les Jeux Olympiques, c’est un aspect épanouissant…

A.B.F.- Cela confirme toujours le fait que les réfugiés sont comme tout le monde. Comme vous et moi. On ne doit pas les laisser derrière. Ils doivent participer dans toutes les activités culturelles, sportives, économiques, sociales. C’est pour cela aussi qu’hier, lors du Marathon de la Paix de la Ville de Kigali, les réfugiés ont participé. Il y a eu 25 coureurs réfugiés qui ont participé au demi-Marathon de 21 km. Et parmi ces réfugiés, trois ont parmi les dix premiers. Comme dans toutes les sociétés, il y a de bons coureurs aussi parmi les réfugiés. Comme vous l’avez dit, aux Jeux Olympiques de Tokyo de cette année 2021, il y aura des réfugiés qui vont participer à ces jeux-là. Donc, le principe de ne laisser personne derrière qui est un des principes de la réforme des Nations Unies est vraiment mis en œuvre ici au Rwanda.

ARI- La ration  alimentaire a diminué pour les réfugiés. Est-ce que vous avez trouvé une issue ?

A.B.F. – Progressivement nous continuons à faire un plaidoyer au niveau des donateurs pour qu’ils continuent à soutenir le PAM du Rwanda pour que les réfugiés continuent à recevoir les rations. Mais comme vous le savez, la majorité sont là depuis 25 ans maintenant. Donc, des donateurs sont fatigués, ils ne veulent plus qu’on continue à faire une assistance qu’on appelle blaket assistance, c.-à-d. une assistance aveugle, à tout le monde la même ration. Donc, nous avons adopté une nouvelle stratégie qui consiste à donner l’assistance selon les besoins. Ce n’est pas tout le monde qui a forcément besoin d’une ration alimentaire, et il y a des réfugiés qui sont autosuffisants, qui ont besoin peut être d’être appuyés dans leur business pour être plus autosuffisants. Il y a de ces réfugiés qui sont très vulnérables qui ne peuvent rien faire sans cette assistance alimentaire. Il y a des réfugiés qui sont entre les deux que nous allons aider à être autosuffisant en les finançant dans le business, dans leurs entreprises. Donc c’est comme cela les nouvelles stratégies. Comme d’années en années, les donations diminuent, avec cette stratégie-là, nous pensons que c’est la solution qui va permettre aux réfugiés d’être plus autosuffisants et de se passer progressivement de l’assistance alimentaire humanitaire.  

ARI- Il y a des réfugiés qui ne peuvent pas rentrer dans leurs pays, surtout au Burundi, en RDC, pour des raisons diverses d’insécurité. Quelles solutions le HCR a-t-il adoptées ?

A.B.F. – Il y a ce qu’on appelle les réunions tripartites qu’on a réactivées avec la visite du Haut-Commissaire en 2018 déjà, quand il a rencontré les autorités de ces trois pays. Il avait discuté avec eux sur la nécessité de trouver des solutions durables à ces réfugiés qui ont déjà duré beaucoup ici. Et c’est ainsi qu’avec l’avènement du nouveau pouvoir au Burundi, nous avons pu réactiver l’accord tripartite de 2005 qui a permis de faciliter le rapatriement volontaire de plus de 27 mille réfugiés Burundais depuis le mois d’août. Et cela est un pas en avant que nous saluons et pour lequel nous remercions les autorités burundaises et rwandaises. Donc c’est un rapatriement volontaire. Ceux qui veulent rentrer au Burundi seront facilités, aidés pour rentrer, et ceux qui veulent rester ici aussi seront facilités pour rester. Donc, c’est volontaire. Ça c’est vraiment la décision des réfugiés eux-mêmes.

Par rapport à la RDC, le Haut-Commissaire était passé ici il y a de cela à peu près deux mois et il est venu de la RDC. Il a rencontré les hautes autorités de la RDC où il a évoqué la nécessité de réactiver les accords tripartites pour faciliter le retour des réfugiés Congolais qui veulent rentrer au Congo, et aussi continuer à rapatrier les Rwandais qui sont au Congo, ou leur trouver une solution durable en tout cas au Congo.  Et le dialogue est en cours. Et nous pensons que dès que la situation sécuritaire dans le Nord Kivu d’où vient la majorité de ces réfugiés Congolais sera rétablie, les discussions sur la réactivation des rencontres tripartites vont être relancées, et nous pouvons envisager  à ce moment-là des facilités pour ceux qui voudraient rentrer.  

ARI- Vous avez certainement un message particulier à transmettre …A.B.F. – Le message que je voudrais transmettre, c’est le message de remerciement pour le Gouvernement rwandais qui a vraiment une politique généreuse d’accueillir les réfugiés, de l’encourager à continuer dans ce sens, d’inclure les réfugiés dans les programmes nationaux de développement, parce qu’à mesure que nous continuons dans le temps, les donations continuent à diminuer pour l’assistance aux réfugiés, et la seule solution viable, c’est d’inclure ces réfugiés dans les programmes nationaux de développement à travers ce que nous appelons le principe d’inclure les réfugiés dans les programmes d’éducation, de santé, économie, de résilience, et aussi renforcer leur résilience, les documenter, leur permettre d’accéder à des cartes d’identité qui vont permettre de faciliter leur intégration économique. Le Rwanda s’est lancé depuis 2018 dans ce programme-là, et nous pensons aussi surtout que les autres pays pourront prendre l’exemple sur le Rwanda pour mieux intégrer les réfugiés jusqu’à ce qu’une solution durable puisse être trouvée pour eux. (Fin)