LA PARTICIPATION DU PERSONNEL MEDICAL DANS LE GÉNOCIDE : PROVINCES DU NORD, DE L’OUEST ET DE L’EST

By BIZIMANA Jean Damascène*

Dans les différents hôpitaux et centres de santé du Rwanda, ont été tués de façon atroce de nombreux Tutsi, trahis par des médecins, infirmiers et autres agents qui faisaient partie de la direction des hôpitaux et autres lieux de soins médicaux. Après le Génocide, les médecins qui ont commis le crime de génocide ont fui la justice. Le Parquet Général chargé des poursuites a lancé des mandats d’arrêt internationaux contre la plupart d’entre eux, lesquels sont recherchés par Interpol. Malheureusement, lorsqu’ils sont arrivés dans les pays où ils se sont réfugiés, ils ont tous camouflé leur vraie nature et les crimes dont ils sont coupables, et continuent d’y exercer tranquillement leur profession.

La fois dernière nous avons parlé de ceux qui ont commis le crime de génocide dans la ville de Butare, actuellement en District Huye, et de ceux de la Province du Sud.

Dans le présent document, nous exposons la part de responsabilité de certains médecins et infirmiers qui officiaient dans les hôpitaux, centres de santé et autres structures médicales dans les Districts des Province du Nord, de l’Est et de l’Ouest.

I.                   LES HÔPITAUX

1)      L’hôpital de Ruhengeri, Musanze

Dr Birihanze Gervais:

Il dirigeait cet hôpital. Lui et le Bigirankana Aloys ont dirigé les opérations de recherche des Tutsi qui s’étaient cachés dans l’hôpital de Ruhengeri, et livré ceux-ci aux Interahamwe qui les ont tués, Tutsi parmi lesquels ont été tués Nzitabimfura Paul et d’autres qui avaient survécu aux massacres commis dans les bâtiments de la Cour d’Appel de Ruhengeri. Le Dr Birihanze Gervais a été condamné, le 18/04/2007, à quinze (15) ans de prison par la juridiction Gacaca du Secteur Kabaya, ville de Ruhengeri. Actuellement, il a purgé sa peine et a été réintégré dans la société.

Dr Bigirankana Aloys:

Il est né en 1952 dans l’ancienne Commune Cyeru dans le Secteur Rugendabari, actuellement en District Burera. Il a fait ses études secondaires à Shyira, à Gahini et à Mburabuturo au Collège Officiel de Kigali (COK) où il a terminé en 1973, et a poursuivi ses études à la Faculté de Médecine de L’Université Nationale du Rwanda à Butare. Il a travaillé au CHK jusqu’en 1982 et est allé à Dakar (Sénégal) pour revenir au Rwanda en 1986 avec son diplôme de spécialiste en chirurgie. Avant le Génocide, il était membre de la CDR. Il est parmi ceux à qui l’on a distribué des fusils.

Apres le Génocide il a travaillé au CHK et donnait des cours à l’Institut Supérieur de Gitwe jusqu’à ce qu’il a été convoqué par les juridictions Gacaca. Il a d’abord été condamné à vingt-six (26) ans de prison  mais a fait appel de ce jugement. La juridiction Gacaca d’appel du Secteur Kabaya, ville de Ruhengeri, l’a condamné le 18/04/2007 à seize (16) ans de prison pour avoir : fait tuer des malades et des blessés qui avaient survécu aux massacres commis à la Cour d’Appel de Ruhengeri, parmi lesquels Nzitabimfura Paul qui a été tué après avoir été sorti du service de Chirurgie qui était dirigé par le Dr Bigirankana.  Celui-ci a été également été convaincu d’avoir ordonné la traque dans l’hôpital de Ruhengeri de ceux qui étaient appelés Inyenzi, c.à.d. les Tutsi. Il est incarcéré dans la prison de Musanze.

2)      L’hôpital de Kiziguro, Gatsibo

Le Dr Rwamakuba Emmanuel a participé aux attaques qui ont été menées dans la localité de Kiziguro, dont celle qui a été menée sur la paroisse le 11/04/1994. Les Tutsi qui s’y étaient réfugiés ont été tués et jetés dans une fosse profonde de trente (30) mètres. Le 07/12/2007, la juridiction Gacaca de la Cellule Agakomeye, Secteur de Kiziguro (Gatsibo) a condamné ce médecin pour crime de génocide  pour avoir : téléguidé les massacres commis à la Paroisse catholique de Kiziguro, fait jeter les Tutsi encore vivants dans une fosse qui y avait été creusée, tué de façon atroce et mutilé les corps sans vie des victimes. La juridiction l’a condamné en son absence après sa fuite, à trente (30) ans de prison.

Deux infirmiers dans cet hôpital, Mutabazi Cyprien et Gatsinzi ont participé à ces crimes  avec le Dr Rwamakuba Emmanuel.

3)      L’hôpital de Kibungo, Ngoma

Dr Karangwa Amuri a avoué ses crimes et plaidé coupable, il a été condamné le 08/08/2006 à douze (12) ans de prison par la juridiction Gacaca du Secteur de Kibungo. Son collègue, Sindano Emmanuel, alors réfugié burundais au Rwanda a également pris part au génocide. Sindano Emmanuel est tristement célèbre pour avoir tué de nombreux Tutsi dans l’hôpital de Kibungo, à Cyasemakamba et à l’Economat général de la Diocèse catholique de Kibungo, et pour avoir installé et supervisé des barrières où il sélectionnait les Tutsi qui devaient être tués. Le 23/10/2007, la juridiction Gacaca de la Cellule Karenge, Secteur Kibungo, District de Ngoma, l’a condamné à trente (30) ans de prison, en son absence parce  qu’il est retourné au Burundi dès l’arrêt du Génocide. A l’hôpital de Kibungo, les infirmiers Bizimana Déogratias et Ruzindana Déogratias ont aussi participé aux massacres de malades, et aux attaques meurtrières contre  les Tutsi, et ont incité la population Hutu à tuer les Tutsi.

4)      L’hôpital de Rwinkwavu, Kirehe

Le Dr Bizimungu Charles dirigeait l’hôpital de Rwinkwavupendant le Génocide. Il a participé aux massacres de Tutsi, et a livré aux tueurs ceux qui s’étaient réfugiés à l’hôpital, dont la famille de Muramutsa, et une autre personne qui a été tuée à Mpirindi après avoir été livrée aux Interahamwe par Bizimungu.  Le  15/11/2007, la juridiction Gacaca de Cyabajwa II, Secteur Rwinkwavu l’a condamné à quinze (15) ans de prison et il a purgé sa peine. Il réside chez lui dans le District de Gicumbi.

5)      L’hôpital de Rwamagana, Rwamagana

Le Dr Ngongo Gabriel, de nationalité burundaise, est parmi ceux qui formaient un groupe d’extrémistes de la CDR. Le Génocide a commencé en 1994 alors qu’il était venu de Rwamagana où il se disait qu’il avait été parmi ceux qui ont planifié les massacres dans cette localité malgré que les juridictions Gacaca du District Rwamagana n’aient jamais pu le juger en son absence.

6)      L’hôpital de Mibilizi, Rusizi

Deux infirmiers à cet hôpital, Ndagijimana Gérard et Habimana Léon, ont été condamnés par les juridictions Gacaca pour leur part de responsabilité dans le Génocide, notamment pour avoir tué des Tutsi dans l’hôpital et à la Paroisse de Mibilizi. Ils ont purgé leurs peines.

7)      L’hôpital de Bushenge, Nyamasheke

A cet hôpital, des infirmiers ont commis le Génocide. Kubwimana Jean Marie Vianney alias Gatuza, qui a fui le pays, a été condamné le 30/08/2007 par la juridiction Gacaca de Gashirabwoba II à trente (30) ans de prison. Il y a aussi Ntambiye Anicet qui a été condamné en son absence à la prison à perpétuité avec isolement, et  Ngabo Théodore qui est décédé.

8)      L’hôpital de Kibogora, Nyamasheke

Le DrHabiyeze Lawurenti a participé aux massacres commis à Kibogora. Les juridictions Gacaca l’ont condamné pour crime de génocide à trente (30) ans de prison. Il est décédé en détention. A cet hôpital, des infirmiers ont activement participé au Génocide : Munyarukiko Filipo qui a été condamné à dix (10) ans de prison et qui a purgé sa peine, et Bizimana Yohani alias Gisura qui a été condamné à douze (12) ans de prison et qui a lui aussi purgé sa peine. Ces deux infirmiers ont commis leurs crimes avec un des agents de l’hôpital, Kanyaru Asiyeli qui a été condamné à quinze (15) ans de prison et purgé sa peine.

9)      L’hôpital de Mugonero, Karongi

A Mugonero (Kibuye) les massacres ont été coordonnés par le Directeur de l’hôpital des Adventistes, le Dr Ntakirutimana Gérard, qui est né en 1957 à Ngoma (Kibuye).  Il a collaboré dans ses crimes avec son frère Esdras Ntakirutimana et son père le Pasteur Ntakirutimana Elizaphan qui dirigeait l’église adventiste de Mugonero. 

Le Dr Ntakirutimana Gérard a été arrêté le 29/10/1996 en Côte d’Ivoire et transféré le 30/11/1996 au Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) sis à Arusha (Tanzanie), devant lequel il a comparu pour la première fois le 18/09/2001. Il a été condamné par le TPIR pour crime de génocide et crimes contre l’humanité à vingt-cinq (25) ans de prison.

Le Dr Ntakirutimana Gérard a été envoyé être incarcéré à Cotonou (Benin), il devait avoir purgé sa peine en octobre 2021, mais le juge Theodor Meron l’a libéré le 29/04/2009 avant la fin de sa peine. Il était incarcéré dans la prison de l’ONU depuis le 27 juin 2009 et devait terminer sa peine en octobre 2021.

10)  L’hôpital de Kibuye, Karongi

Le Dr Twagira Charles dirigeait la Région sanitaire de Kibuye en provenance de l’hôpital de Kabaya lorsque le multipartisme fut accepté au Rwanda. La juridiction Gacaca de Bwishyura l’a condamné à la prison à perpétuité pour ses crimes constitutifs du génocide commis à Kibuye.

Il est arrivé en France en 2006, et a commencé à être poursuivi par la justice française en 2014. Pendant ces poursuites, il exerçait à l’hôpital Paul Doumer jusqu’à la rupture de son contrat en 2018 suite à de nombreuses protestations.

Le Dr Kayishema Clément a été tristement célèbre pour avoir participé à des massacres alors qu’il était Préfet de Kibuye. Il est né en 1954 dans la Commune Gitesi (Kibuye), actuellement dans le Secteur Bwishyura (Karongi). Il a exercé à l’hôpital de Kibuye et l’a quitté en 1992 lorsqu’il a été nommé Préfet de Kibuye. Il a coordonné tous les massacres qui ont été commis dans l’ancienne Préfecture de Kibuye. Le 12/06/1994 il a personnellement adressé une lettre au ministre de la défense pour réclamer du matériel militaire pour entrainer la jeunesse dans le cadre d’augmenter les capacités des Interahamwe en prévision d’aller attaquer et exterminer les Tutsi de Bisesero. Il s’est d’abord réfugié au Zaïre, a été arrêté le 02/05/1996 en Zambie et transféré au TPIR à Arusha, en Tanzanie.

Le 21/05/1999, le Dr Kayishema a été condamné à la prison à perpétuité dans le même procès qu’Obed RUZINDANA aussi tristement célèbre pour avoir lui aussi participé aux massacres et qui a été condamné à vingt-cinq (25) ans de prison. Le Dr Kayishema a fait appel de ce jugement mais l’instance d’appel a, le 1er juin 2001, confirmé la même peine que pour le premier jugement.    Atteint du SIDA, il en est décédé en détention le 29/10/2016 dans la prison de l’ONU au Mali.

Eliane Mukahirwa est une infirmière réputée pour avoir participé aux massacres de Tutsi à l’hôpital et au stade Gatwaro. Elle a tué des enfants Tutsi qui avaient été amenés se réfugier à l’hôpital de Kibuye, parmi lesquels quatre (4) enfants de Kabagwiza Caritas et Jean Berchmans Rwakabayiza qui était un agent des douanes à Kigali, mais dont les enfants avaient été envoyés se réfugier chez son beau-père dans la ville de Kibuye.

11)  L’hôpital de Kirinda, Karongi

Le Dr Kamanzi Antoine dirigeait l’hôpital de Kirinda. Il figure parmi ceux qui ont coordonné les massacres qui ont été commis à l’hôpital de Kirinda et à l’école des infirmières, où des Tutsi furent tués et leurs corps sans vie jetés dans la Nyabarongo. Le 28/10/2008, la juridiction Gacaca de Shyembe (Karongi) l’a condamné en son absence à la prison à perpétuité avec isolement.

Le Dr Nkurunziza Edouard, de nationalité burundaise, exerçait à l’hôpital de Kirinda pendant le Génocide perpétré contre les Tutsi. Le 13/09/2007, la juridiction Gacaca de la Cellule de Shyembe l’a condamné en son absence à trente (30) ans de prison pour avoir participé aux attaques meurtrières contre les Tutsi et avoir tué de ses propres mains un Tutsi qui s’était réfugié à Kirinda en provenance de Kaduha.

12)  L’hôpital de Gisenyi, Rubavu

Le Dr Zirimwabagabo Charles alias Gakara a été Préfet de Gisenyi entreseptembre 1993 et décembre 1994. Il a participé à la planification et à la mise en œuvre du Génocide dans la Préfecture de Gisenyi. Les juridictions Gacaca l’ont condamné pour crime de génocide à la prison à perpétuité. Avec une clique de tueurs parmi lesquels il y avait le Colonel Anatole Nsengiyumva, Bernard Munyagishali et d’autres, il avait créé dans la ville de Gisenyi un groupe de tueurs qui se faisait appeler « Intarumikwa » (les invincibles). Le     Dr Zirimwabagabo était deuxième Vice-président de la faction extrémiste (PL Power) du Parti Liberal dirigée par Justin Mugenzi (président), Agnès Ntamabyaliro (Première Vice-présidente) et Emmanuel Rwagasana (secrétaire général).

Le Dr Ndererimana Védaste qui dirigeait l’hôpital était originaire de Ruhengeri. Il a été condamné à la prison à perpétuité pour les crimes constitutifs de génocide qu’il a commis dans la ville de Kigali, par les tribunaux ordinaires avant que les juridictions Gacaca n’aient commencé à fonctionner. Il est mort en détention.

Des infirmiers à l’hôpital de Gisenyi ont participé avec leur chef le Dr Ndererimana Vedaste aux massacres e Tutsi. Il s’agit de Nkundabanyanga Fidèle,Mukarugaba Christiane aliasVumbura  qui était originaire du District de Rusizi et qui a purgé la peine de douze (12) ans de prison à laquelle elle avait été condamnée, et Sindayikengera Fabien qui a été condamné à dix-neuf (19) ans de prison mais a fui la justice et quitté le pays.

13)  L’hôpital de Muhororo, Ngororero

Le Dr Mugiraneza Frédéric dirigeait l’hôpital de Muhororo et était un membre zélé de la Coalition pour la Défense de la République – CDR, parti d’extrémistes Hutu. C’est lui qui a monté le premier le drapeau de la CDR à Muhororo.

Nteziryayo Jean Baptiste alias Solide a travaillé à l’hôpital de Muhororo en tant qu’assistant des médecins, avant qu’il ne soit nommé Bourgmestre de la Commune Kibilira. Est né dans le Secteur Rongi, actuellement en Secteur Muhoro en District Ngororero. Il a activement participé aux massacres de Tutsi dans Kibilira entre le 10 et le 15/101990, après le déclenchement de la guerre de libération, alors qu’il était déjà Bourgmestre de la Commune Kibilira. Le gouvernement Habyarimana l’a accusé d’être un meurtrier, l’a limogé le 17/10/1990 et il fut mis en prison avec d’autres parmi lesquels il y avait Ndayambaje. NTEZIRYAYO a passé en prison quelques mois et est revenu travailler à l’hôpital de Muhororo. Les juridictions Gacaca n’ont pas été compétentes pour le juger parce qu’il avait été classé dans la première catégorie des auteurs du crime de génocide.

II.                LES CENTRES DE SANTÉ

1)         Rwankeri, Centre de santé de l’église adventiste », Nyabihu

Le centre de santé de l’église adventiste à Rwankeri était dans l’ancienne commune de Nkuli, actuellement dans le district de Nyabihu. L’ex-bourgmestre de Nkuli. Matthias Mpiranya qui a exterminé les Tutsi de cette commune en 1991 habitait à 200 mètres de ce centre de santé. L’ex-bourgmestre de Mukingo, Kajelijeli Juvénal  avait aussi sa résidence habituelle à 1 kilomètre de là. L’ex ministre et secrétaire général du MRND, le cerveau du génocide dans cette région y avait également sa résidence.  D’autres génocidaires come le colonel Ephrem Setako habitait dans  les environs du centre de sante de Rwankeri.

Plusieurs pasteurs extrémistes et titulaires de ce centre de santé se sont succédés jusqu’à l’arrivée de Kanyabukamba, qui venait de l’université de Mudende. Le massacre de Tutsi fut accompli entre 1991 et 1994.

Kanyabukamba a formé un groupe de tueurs comprenant Ndekezi, le directeur du collège adventiste de Rwankeri, il a fui au Canada, Nzarora qui enseignait au dit collège, il vit en Ouganda et un grand nombre du personnel du centre de santé. Plusieurs personnes ont été tuées, notamment le pasteur Mutabazi et son fils Havugimana, Pasteur Kanamugire, le médecin Masabo, ainsi que la famille du pasteur Rwakana.

Le 7 avril 1994, le colonel Ephrem Setako est venu à Rwankeri et a exécuté devant les Interahamwe, le pasteur Semisabike, un hutu marié à une femme tutsi et qui tentait de sauver sa femme. Apres ce geste, Kanyambukamba et les autres miliciens ont continué les tueries à Rwankeri et ses environs. Nzirorera Joseph est mort en détention à Arusha où il était poursuivi pour crime de genocide, Col Setako a été reconnu coupable par le TPIR et condamné à une peine d’emprisonnement de 25 ans, il est mort en détention, Kajelijeli Juvenal a été reconnu coupable de génocide par le TPIR et condamné  à une peine d’emprisonnement de 45 ans, il purge sa peine au Mali, Mpiranya Matthias est mort avant d’être poursuivi.

Apres le génocide, Kanyabukaba a quitté le Rwanda et aurait fui au Nigeria après le Zaire. Là il aurait continué ses études. Plusieurs autres génocidaires qui travaillaient dans les institutions de l’église adventiste à Mudende et à Rwankeri ont fui aux Etats Unis et au Canada.

2)      Murambi, Rulindo

MUKARWEGO Verediyana était infirmière. Elle est née en 1966 à Kabuye en District de Gasabo, a fait ses études secondaires à l’école des infirmières de Kabgayi où elle a terminé en 1989 et a commencé la même année à travailler au centre de santé de Murambi dans l’ancienne Commune Mugambazi. Le 28/10/2008, la juridiction Gacaca de Kabuye l’a condamnée en appel à   dix-neuf (19) ans de prison pour avoir participé aux massacres de Tutsi, notamment pour avoir tué de ses propres mains et à la machette un homme du nom de Ntigurirwa. Elle est incarcérée dans la prison de Ngoma. Son époux Mutsindashyaka Placide a lui aussi commis le crime de génocide et a purgé la peine de dix-neuf (19) ans de prison à laquelle il avait été condamné.

3)      Shyorongi, Rulindo

Uzamukunda Jospéhine est une Soeur de la communauté des Pénitentes de Saint François, et soignait les gens au centre de santé de Shyorongi, région d’où elle est originaire. Elle a été condamnée pour crime de génocide, a été incarcérée, a accompli et terminé à Rusiga/Rulindo les travaux d’intérêt général (TIG) auxquels elle avait été condamnée. Elle est retournée dans la communauté des Pénitentes de Saint François.

4)      Nyange, Ngoma

HABIMANA Laurent était en 1994 l’adjoint du Directeur du centre de santé de Nyange, dans l’ancienne Commune Mugesera d’où il était originaire. Il a étudié a l’école des assistants médicaux (EAM) de Kigali où il a terminé ses études secondaires en 1983, a travaillé dans différents centres de santé comme à Kirehe et Nyamugali, actuellement en District de Kirehe, et à Rukoma et Nyange en District de Ngoma. Il a été emprisonné en 1997 pour crime de génocide alors qu’il revenait de la République Démocratique du Congo où il s’était réfugié. Il a été jugé en première instance en 2000 par le Tribunal de Première Instance de Kibungo qui l’a condamné pour crime de génocide à la prison à perpétuité. Après, a l’avènement des juridictions Gacaca, la juridiction du Secteur Mugesera et celle en appel de Gatare ont confirmé la même peine ; il avait fait un recours en révision lorsque les juridictions Gacaca ont clôturé leurs activités. Il est incarcéré dans la prison de Rwamagana.

5)      Congo Nil, Rutsiro

Twagirayezu Denis a été condamné pour le crime de génocide qu’il a commis à la Paroisse catholique Congo Nil en collaboration avec les Pères Gabriel Maindron et Urbain Twagirayezu.

6)      Kinunu, Rutsiro 

Mbarushimana Ephrem a commis le crime de génocide à la Paroisse catholique de Kinunu. Est originaire de l’ancienne Commune Kayove (Gisenyi). Il s’est enfui à l’étranger.

7)      Nyundo, Rubavu

De nombreux infirmiers de ce centre de santé ont participé aux massacres de Tutsi:  Soeur Céline Bamporiki, de la communauté des Abenebikira, porte une lourde part de responsabilité dans le massacre de Tutsi à Nyundo, en collaboration avec le Père Edouard Nturiye alias Simba. Sœur Céline a été condamnée en 2018 à dix-neuf (19) ans de prison, elle est décédée en détention à la prison de Musanze ; Nyiranzubahimana Laurence qui s’est réfugiée en Uganda avant la fin de son procès. Elle est l’épouse de Nkundabanyanga Fideli, infirmier à l’hôpital de Gisenyi qui lui aussi a tué des Tutsi ; Il y a egalement  Libonande Anastase qui lui aussi a fui le pays, et KanyarengwePatirisiya qui travaillait à la maternité de Nyundo.

D’autres personnes de Nyundo ont été condamnées pour crime de génocide notamment les assistantes sociales Bendantarama Agathe et Dusabemariya Patricie. Elles ont toutes les deux étudié à l’école sociale de Karubanda (Huye) et sont toutes les deux incarcérées à la prison de Musanze.

BendantaramaAgathe est née en 1958 dans l’ancienne Commune Ruhondo, actuellement en District de Musanze. De retour de la RDC où elle s’était réfugiée, elle a travaillé dans un orphelinat à Nyundo depuis 1997 jusqu’en 2009 quand elle a été emprisonnée pour crime de génocide, la juridiction Gacaca de Nyarugunga (Kanombe) l’ayant condamnée à trente (30) ans de prison.

Dusabemariya Patricie est née en 1960 dans la Commune Mutura (District Rubavu). Elle est revenue en 1996 de la RDC où elle s’était réfugiée et est retournée au travail en 2001 à l’école d’art de Nyundo jusqu’en 2009 quand elle a été emprisonnée. Elle a été condamnée pour crime de génocide à la prison à perpétuité pour avoir persécuté et tué des Tutsi, participé à des réunions qui planifiaient les massacres de Tutsi et pour avoir incité, à Nyundo et aux alentours, à commettre le génocide. En prison, elle est appelée du petit nom de Kanyankiko.

8)      Rambura, Nyabihu

Ngaboyisonga Félicien était infirmier au centre de santé de Rambura, et a été condamné en son absence par la juridiction Gacaca  de Cyahafi, District de Nyarugenge, à trente (30) ans de prison pour avoir participé au meurtre de trois (3) prêtres de la Paroisse Rambura et pour avoir pillé les propriétés de cette paroisse, notamment de l’argent et un véhicule.

CONCLUSION

Cette liste démontre qu’un grand nombre de personnes dont la profession était de soigner et de sauver des vies ont trahi leur serment. Cela démontre également combien le Génocide perpétré contre les Tutsi a été atroce quand des médecins et infirmiers dont la profession était de sauver des vies ont plutôt choisi de tuer.

La CNLG demande instamment aux pays dans lesquels résident ces médecins et infirmiers qui ont commis le crime de génocide, et qui leur ont permis de continuer à exercer leur profession de soigner les gens, de les empêcher de continuer à le faire, de les rayer de l’ordre de ceux qui peuvent exercer cette profession et de les poursuivre rapidement en justice pour qu’ils répondent de leurs crimes.

La CNLG remercie toutes les personnes de bonne volonté qui continuent à apporter leur assistance à travers le monde pour que cesse l’impunité dont bénéficient ceux qui ont commis le Génocide perpétré contre les Tutsi et qui ont fui le pays. (Fin).

* BIZIMANA Jean Damascène, Executive Secretary National Commission for the Fight against Genocide (CNLG)