La Pêche sur le Lac Kivu est le seul secteur qui n’a pas stoppé ses activités suite à la COVID-19

Pêche sur le Lac Kivu

Par Yves Iyaremye;

Karongi: Certains pêcheurs du Lac Kivu dans la Province de l’Ouest du Rwanda affirment que le respect de la réglementation et des mesures prises par le Ministère de la Santé pour empêcher la propagation de la COVID-19 les a protégé depuis l’apparition de cette pandémie dans le pays. Et c’est pour cela aussi qu’ils n’ont pas stoppé leur activité sur le Lac.

Lorsqu’un journaliste de l’AAgence Rwandaise d’Information/Rwanda News Agency (ARI-RNA) a rendu visite à ces pêcheurs et aux autorites de l’Offce Rwandais de l’Agriculrure (RAB, Rwanda Agriculture Board), il a écouté des explications sur certaines des stratégies mises en place pour améliorer la pêche.

Certaines des mesures mises en place incluent le nombre de pêcheurs dans une même équipe de 12 ou 10 pêcheurs qui est passée à 3 individus dans le but de respecter la distanciation et d’éviter les contacts. Partout sur le lieu de travail des pêcheurs, des désinfectants ont été mis en place. Les pêcheurs ne partagent plus ensemble le repas lors de leur travail, même s’ils travaillent dur désormais en équipe, unis et vite. Ils portent toujours des masques. De l’eau a été installée partout pour se laver les mains.

Une autre innovation mise en place est un bateau mobile sonorisé qui circule sur le Lac nuit et jour en diffusant des messages de respect des stratégies de lutte contre la COVID-19.

Dr Gatare Robert, responsable des pêches et des pêcheurs sur le Lac Kivu en Province de l’Ouest, confirme que depuis le début de la pandémie au Rwanda, aucun pêcheur n’a été infecté, et l’on doit cela au respect des mesures de lutte qui ont été instaurées et observées.

«La pêche est quelque chose qui ne s’est pas arrêtée depuis l’arrivée de la COVID-19 au Rwanda. Nous poursuivons  notre métier sans arrêt et sous le contrôle du respect des stratégies en place », a-t-il indiqué.

«L’agriculture et la pêche sont des activites qui ont continué jusqu’ à présent. Elles sont faites conformément aux règles en vigueur et nous enregistrons une production impressionnante en croissance. Avant la COVID-19, il y avait donc beaucoup de pêcheurs, environ douze, dans le même bateau long de dix mètres. Ils travaillaient serrés et ensemble. Maintentant, ils travaillent à trois dans un bateau. Nous avons trois équipes chacune de trois personnes, ce qui fait un total de neuf pêcheurs »,  a-t-il ajouté.

Dr Gatare a informé que la réduction du nombre de personnes restées sur le bateau n’avait pas diminué la productivité. Mais qu’elle conduit à une recherche de solutions, tout en évitant des efforts inutiles.

Ngendahimana Aboubakar, un pêcheur du Lac Kivu, note que ces mesures d’hygiène ont été très utiles et que chacun en a tiré profit.

«Dans le passé, certains pêcheurs entraient dans l’eau sans se laver. Ils estimaient qu’ils se laveraient dans le lac ou que l’eau atteindrait leurs corps», dit-il.

Ce pêcheur remercie le Gouvernement rwandais de ne les avoir pas délaissés pendant la période de COVID-19, de les avoir aidés à survivre, et d’avoir amélioré leurs moyens de subsistance, en fournissant divers emplois à ceux qui sont affamés ou en  chômage.

«Depuis l’apparition de la COVID-19 au Rwanda, nous n’avons eu aucun problème de famine, car la pêche n’a pas stoppé durant un temps long. Le secteur de la pêche sur le Lac Kivu est le seul qui n’a pas été éprouvé par la COVID-19 pour la seule raison que l’activité de la pêche n’a pas stoppé à cause de la COVID-19. Les pêcheurs ont continué à travailler comme d’habitude. Ils ont été rejoints par ceux qui ont perdu leur emploi dans d’autres secteurs, et qui sont venus apporter leur savoir-faire au niveau du poisson pêché. L’on avait l’habitude de mettre au point des «sambusa» avec de la viande hachée». Dans un souci de diversification, on met dans la «sambusa» du petit poisson «isambaza» qui confère un goût délicieux au nouveau produit. C’est aussi une façon qui a généré d’autres nouveaux emplois dans cette chaîne de valeur», informe Aboubakar.

Gakuru Jean-Baptiste, président de l’Association des Coopératives de Pêcheurs du Lac Kivu, a estimé que le secret des pêcheurs pour éviter la contamination est que presque tous les pêcheurs ont été vaccinés, et qu’ils subissent des tests de nombreuses fois pour vérifier que leur santé est en bon état.

« Nous avons tous été vaccinés pour nous assurer que nous sommes correctement protégés », a-t-il dit.

Certains des défis auxquels sont confrontés les pêcheurs incluent la présence de pirates dans le Lac malgré des efforts déployés pour les combattre. Il y a aussi l’utilisation de pièges de pêche illégaux qui tuent de petits poissons «Isambaza»  dans le Lac Kivu.

Selon Gakuru, certains des problèmes auxquels ils sont confrontés sont aussi le changement climatique. Mais ils envisagent depuis longtemps travailler avec Météo Rwanda pour leur bénéficier des informations liées aux variations du temps et du climat.

Il a en outre sollicité au Gouvernement de chasser de la pêche des personnes qui ne sont pas dans les coopératives. Car, ces personnes  recourent à des pièges illégaux et elles travaillent à des heures interdites.

« Actuellement, la pêche dans le lac Kivu est pratiquée par de nombreux pêcheurs, mais qui sont regroupées dans des coopératives.

Une fois l’année, durant trois mois, nous interdisons la pêche dans le Lac pour laisser les poissons grandir en taille et se multiplier. Et quand nous relançons la pêche, la production est multpliée par trois par rapport à la récolte habituelle. La coopérative KOPERWA dans le District de Nyamasheke atteint régulierement cette production d’une tonne à deux tonnes obtenue seulement quand nous rouvrons le Lac pour la pêche », souligne le chargé de la pêche sur le Lac Kivu, Dr Gatare.

Le Gouvernement n’a pas donné des fonds de soutien aux pêcheurs, car leurs activités n’ont pas été éprouvées par la COVID-19 comme ailleurs. Les pêcheurs ont continué à produire et à vendre à la population qui est le plus grand client, alors que les hôtels, eux, avaient pratiquement fermé, faute de clients et d’arrêt du tourisme et d’organisation de conferences et rénions. (Fin)