L’Ambassadeur du Royaume du Maroc au Rwanda, M. Youssef Imani, parle du modèle de développement du football marocain et de la candidature du Maroc à l’organisation de la CAN 2025

L’Ambassadeur du Royaume du Maroc au Rwanda, M. Youssef Imani, s’est entretenu avec le Directeur de l’Agence Rwandaise d’Information (RNA- ARI), M. André Gakwaya, dans une interview exclusive consacrée au modèle de développement du football marocain et à la candidature du Maroc à l’organisation de la CAN 2025.

ARI – Le Maroc a réalisé des prouesses sportives tout au long de l’année 2022, notamment l’exploit historique des Lions de l’Atlas dans cette Coupe du Monde. Est-ce le résultat d’une stratégie nationale ?

Y.I – L’exploit sans précédent réalisé par le Maroc lors de la Coupe du Monde 2022 n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’une décision pensée au plus haut niveau par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui a créé en 2009, l’Académie Mohammed VI de Football.

Cette renaissance du sport marocain est le fruit de la vision éclairée de SM le Roi qui a donné une impulsion sans précédent à toutes les disciplines sportives. L’impulsion Royale a également bénéficié au football féminin, qui a également prouvé son évolution.

Notre pays fait désormais partie de l’histoire du football mondial. Ce parcours exceptionnel est une source de fierté pour toute l’Afrique et le monde arabe.

En effet, les clubs nationaux ont remporté toutes les compétitions continentales chez les hommes (Ligue des Champions pour le WAC, Coupe de la CAF et Supercoupe pour Berkane) tandis que les FAR ont remporté pour la première fois la Ligue des Champions féminine. Selon le classement des associations membres de la CAF, depuis 2020 et jusqu’à aujourd’hui, le championnat marocain est le meilleur d’Afrique. 

Au niveau des équipes nationales, l’équipe féminine U17 s’est qualifiée pour la première fois pour la Coupe du monde féminine, en battant le pays hôte, l’Inde. 

L’équipe féminine senior a réussi à atteindre la finale de la CAN 2022, et jouera cet été, pour la première fois dans l’histoire du monde arabe, la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023, en Australie et en Nouvelle-Zélande. 

Enfin, le Maroc a remporté deux CHAN consécutifs, et le Maroc est aujourd’hui doté de la meilleure équipe africaine de futsal de l’histoire (8e au classement FIFA), avec un solide palmarès : 1 CAN, 2 Coupe Arabes 1 Coupe des Confédérations et une qualification en demi finale de la dernière Coupe du Monde. 

Tous ces résultats sont le fruit du travail réalisé sur le terrain par la Fédération Royale Marocaine de Football, sous la houlette de son Président Fouzi Lekjaa, qui a mis en place, depuis 2014, une véritable stratégie de développement du football local. 

ARI – Le Maroc est le SEUL pays africain à avoir passé avec succès le prérequis exigé par la FIFA concernant tous les critères établis dans son cahier des charges pour être éligible à l’organisation de la Coupe du Monde. Pouvez-vous nous expliquer ?

Y.I – En effet, le Maroc est le seul pays africain à avoir passé avec succès le pré requis exigé par la FIFA concernant tous les critères établis dans son cahier des charges (infrastructures sportives, hôtelières, sanitaires…) pour être éligible à l’organisation de la Coupe du Monde dans son nouveau format à 48 équipes (au lieu de 32). 

Lors de la candidature à la Coupe du Monde 2026, une Task Force de la FIFA composée de dizaines d’experts avait sillonné le Maroc pendant plusieurs mois avant d’attribuer une note supérieure à la moyenne qui rend la candidature du Royaume éligible à la Coupe du Monde dans son nouveau format à 48 équipes. 

ARI – Pouvez-vous expliquer pourquoi la candidature marocaine à l’organisation de la CAN 2025 est considérée comme solide ?

Y.I – Notre candidature présente de nombreux autres avantages. Nous avons une solide expérience en termes d’organisation d’événements sportifs, notamment de football. Le Maroc a organisé la CAN féminine 2022, la Ligue des Champions féminine 2022, le CHAN 2018, ainsi que plusieurs conférences, comme le Séminaire FIFA-CAF sur les infrastructures, au Complexe Mohammed VI en 2020. 

Ainsi, le Maroc a accueilli plusieurs équipes africaines sans stade homologué lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2022, jusqu’à 16 équipes nationales en même temps, ce qui pourrait être assimilé à une ” mini CAN “. 

Disposant d’une forte expérience en matière de tourisme (plus de 12 millions de touristes en 2019), le Royaume est doté d’une infrastructure hôtelière de qualité et en quantité suffisante (90 000 chambres réparties entre les villes hôtes) pour accueillir les équipes nationales, les délégations officielles et les supporters dans les meilleures conditions L’offre d’hébergement du Maroc permettra d’accueillir tous les acteurs de la compétition en proposant des tarifs adaptés à tous les budgets. 

Enfin, la candidature marocaine répond à l’exigence de qualité en matière de mobilité et de transport. En effet, le Maroc bénéficie de réseaux aériens, ferroviaires et routiers denses

 L’aéroport Mohammed V de Casablanca est un véritable hub africain, et Royal Air Maroc est présente dans plusieurs pays, en Afrique de l’Ouest comme en Afrique centrale et orientale, desservant plus de 82 destinations en Afrique.

Une CAN 2025 au Maroc donnera également l’occasion à la diaspora africaine présente en Europe de se joindre à la fête, le Royaume étant largement desservi, avec des tarifs très abordables. Chaque ville hôte dispose d’un aéroport international. Il sera également possible de voyager entre les villes par le train, car elles sont toutes reliées par le rail. Ainsi, SM le Roi Mohammed VI que Dieu l’assiste a inauguré la LGV Tanger-Casablanca en 2018, une première en Afrique. Enfin, le Maroc dispose d’un réseau autoroutier moderne de plus de 2000 km. 

Enfin, la candidature du Maroc est légitime : d’abord, parce que l’équipe nationale a offert un rayonnement inégalé au football africain en ayant atteint les demi-finales de la Coupe. Ensuite, parce que la FRMF est très engagée dans le développement du football africain et de la coopération, avec plus de 45 fédérations africaines partenaires, et ce dans le cadre de la Vision éclairée de Sa Majesté le Roi, qui promeut une plus grande implication dans le développement de la coopération Sud-Sud et gagnant-gagnant, notamment avec l’Afrique.

La CAN 2025 au Maroc sera un événement réussi car la compétition se déroulera dans des conditions logistiques optimales.

Le Maroc bénéficie de l’une des meilleures infrastructures de football en Afrique, puisque tous les stades sélectionnés ont été approuvés par la FIFA (dans le cadre du processus de candidature pour la Coupe du monde 2026), ainsi que par la CAF, dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde et la CAN. 

ARI – Pouvez-vous nous parler brièvement de l’infrastructure du football au Maroc ?

Y.I – Le Royaume dispose aujourd’hui de plus de 200 terrains en gazon synthétique aux normes, d’une vingtaine de stades avec des terrains en gazon naturel et un éclairage aux normes, de cinq centres d’entraînement régionaux ainsi que du fameux Complexe de football Mohammed VI, infrastructure unique en Afrique. Ces installations s’étendent sur près de 30 hectares et offrent des équipements de pointe conformes aux normes de la FIFA, faisant de ce joyau du football marocain l’un des complexes sportifs les plus importants et les plus performants au monde. Parallèlement, les autorités marocaines ont également insisté sur les infrastructures locales. 

Dans les 12 régions du Maroc, nous avons une équipe qui pilote le développement régional, à commencer par la détection des talents, qui doivent passer par les centres de formation des clubs. C’est pourquoi nous avons fait un gros effort pour doter les clubs de centres de formation. 

ARI – Aujourd’hui, le développement des infrastructures s’accompagne d’un volet éducatif. Qu’en est-il au Maroc ?

Y.I – Le développement des infrastructures s’accompagne d’un volet éducatif.  La FRMF  a lancé un programme Sport Étude avec le ministère de l’Éducation nationale pour avoir des structures scolaires à travers le Royaume qui peuvent accueillir des garçons et des filles qui pratiquent le football de manière permanente avec un programme adapté dans tous les niveaux de la scolarité.

ARI – Qu’en est-il de l’amélioration de la gouvernance et de la formation ?

Y.I – Tout d’abord, la FRMF soutient les clubs nationaux sur le plan administratif et financier. D’une part, les clubs d’élite sont en passe d’être transformés en sociétés anonymes et ont été placés sous la tutelle de la Direction Nationale de Contrôle et de Gestion. D’autre part, la FRMF verse à chaque club de première division une subvention annuelle d’environ 600 000 euros. 

Sans compter l’aide financière et le soutien accordés à tous les clubs participant aux compétitions continentales interclubs.

Le triomphe du football marocain est également dû à l’excellente gestion de la crise du covid-19 par la FRMF : la Botola 2019/2020 a repris avec un protocole sanitaire efficace, ce qui a permis aux supporters marocains de vivre une saison épique, avec trois équipes se disputant le titre lors de la dernière journée. 

Deuxièmement, en ce qui concerne l’amélioration de la formation, la FRMF a placé la formation des joueurs au cœur du développement du football national. Les clubs nationaux disposent de centres de formation de qualité (FUS Rabat, RS Berkane…) et s’appuient sur des joueurs issus du vivier local, tandis que d’autres clubs disposent d’académies de premier plan. Par exemple, le Raja Casablanca vient d’inaugurer une toute nouvelle académie de football. 

La FRMF a également axé sa stratégie sur la promotion de la formation des cadres, notamment des entraîneurs, mais aussi du personnel médical et des arbitres. Cette amélioration de la formation s’est traduite par un exploit il y a deux ans : la sélection nationale U20 s’est qualifiée pour la CAN U20 en Mauritanie, ce qui n’était pas arrivé depuis 15 ans. 

ARI – Quel est le plan national pour le football féminin ?

Y.I – Le Président Lekjaa a annoncé, en 2019, un grand plan de développement pour le football féminin. Celui-ci a pris la forme d’un plan Marshall avec une multiplication par six du budget consacré au football féminin, la mise en place pour la première fois d’un championnat professionnel féminin sous l’égide d’une institution dédiée, la toute nouvelle Ligue nationale de football féminin. 

L’entraîneur français Reynald Pedros, double vainqueur de l’UEFA Women’s Champions League, a été engagé, illustrant l’ambition de la FRMF pour le football féminin. En 2022, le Maroc a accueilli la CAN féminine pour la première fois. Ce fut une grande fête pour le football africain, avec des records en termes d’audience et de spectateurs, et surtout une belle réussite pour les Lionnes de l’Atlas qui ont atteint la finale de la compétition, avec un ticket pour participer à la Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023, sachant que les U17 féminines ont également réussi l’exploit de se qualifier pour la Coupe du Monde de la FIFA 2022. 

ARI -Quels sont les principaux grands axes de coopération internationale de la FRMF. 

Y.I – Depuis 2015, la FRMF a mené une politique ambitieuse de coopération internationale. Plus de 45 partenariats ont été signés avec des fédérations africaines issues de toutes les sous-confédérations de la CAF. 

Les accords de partenariat entre la FRMF et les autres fédérations africaines s’articulent autour de plusieurs axes : l’appui en termes de réalisation d’infrastructures sportives, l’échange de bonnes pratiques, la formation du personnel technique et administratif, l’accueil de stages de préparation des équipes nationales, mais aussi l’arbitrage ou l’organisation de matchs amicaux entre les différentes catégories d’équipes nationales A noter que ces accords de partenariat sont co-construits entre la FRMF et chaque fédération africaine, et qu’ils sont ajustés en fonction des besoins des deux parties.

La FRMF est également active dans la formation du personnel administratif et technique. Une délégation djiboutienne, composée des futurs cadres de l’académie nationale de football, est venue au Maroc en 2021 pour compléter leur formation.

Concernant le personnel technique, la FRMF organise régulièrement des stages de formation pour la licence CAF PRO, ouverte aux techniciens africains. Il existe également des formations pour l’apprentissage de la VAR.

L’organisation de stages de formation et de matchs amicaux figure également parmi les priorités de la FRMF en matière de coopération internationale. Lors du dernier rendez-vous FIFA, plus de 12 équipes africaines sont venues au Maroc pour disputer des tournois amicaux. En raison de l’absence d’homologation de certains stades par la CAF, plus de dix fédérations africaines ont joué leurs matchs officiels au Maroc (Burkina Faso, Guinée équatoriale…). 

Le Maroc met à la disposition des fédérations africaines et de leurs joueurs son expertise dans le domaine médical, en offrant la possibilité de se faire soigner à la clinique du Complexe de football Mohammed VI. Autant d’éléments qui expliquent le succès de la sélection marocaine sur la scène africaine et internationale, qui de l’avis de nombreux observateurs du football africain, mérite largement son triomphe. Ceci explique également la volonté du Maroc d’accueillir la CAN 2025. 

ARI – Les fédérations marocaine et rwandaise entretiennent une coopération exemplaire. Pouvez-vous nous en présenter les principaux axes ?

Y.I – Cette coopération internationale peut aussi prendre la forme d’un soutien financier. Ainsi il y a eu un acte qui constitue une première dans le domaine de la coopération Sud-Sud, et ce à l’initiative de la FRMF, qui a mis gracieusement à la disposition de la Fédération Rwandaise de Football (FERWAFA) plus de 2 millions de dollars, issus des fonds FIFA Forward, et initialement destiné à la FRMF.

C’est une première et un modèle qui devrait être plus souvent dupliqué, afin d’aider encore plus de fédérations à se mettre au niveau.