L’Ambassadeur du Royaume du Maroc au Rwanda, M. Youssef Imani, s’exprime sur l’actualité dans son pays

L’Ambassadeur du Royaume du Maroc au Rwanda, M. Youssef  Imani, a accordé une interview à l’Agence Rwandaise d’Information (RNA) consacrée  à l’actualité au Maroc. Propos recueillis, le 27 Décembre 2020, par M. André Gakwaya, Directeur de ‘’RNA.

RNA – Le Président Donald Trump a signé, récemment, une proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur l’ensemble de ses Provinces du Sud. Pouvez-vous clarifier ?

Ambassadeur Youssef Imani (Y.I.) – En effet, le Président des Etats-Unis d’Amérique M. Donald Trump a signé une proclamation, le 04 décembre, publiée au registre fédéral, qui reconnait la souveraineté du Royaume du Maroc sur tout le territoire du Sahara et réaffirme le soutien à la proposition d’autonomie, comme l’unique base pour une solution juste et durable au différend sur le Sahara.

Estimant qu’un Etat indépendant n’est pas une option réaliste pour résoudre le conflit et qu’une véritable autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution possible, les Etats-Unis ont appelé les parties à engager des discussions pour négocier une solution mutuellement acceptable.

La reconnaissance claire par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara est une expression de la confiance dans la stabilité, le développement et la prospérité dont jouissent les Provinces du Sud du Royaume.

Cette position pragmatique des Etats-Unis d’Amérique consolide la dynamique de la consécration de la marocanité du Sahara, confirmée par les soutiens manifestés par un ensemble de pays amis, ainsi que par les décisions de nombreux pays d’ouvrir des Consulats dans les Provinces du Sud du Maroc.

Cette décision vient renforcer le partenariat stratégique traditionnel entre les deux pays et le rehausser au niveau d’une véritable alliance, qui couvre tous les domaines. Elle aura également un impact inédit sur les relations bilatérales et encouragera, par ailleurs, d’autres pays à suivre la démarche des Etats-Unis, que ce soit en ouvrant des représentations diplomatiques au Sahara Marocain ou en investissant dans les régions du Sud du Royaume.

La Déclaration Conjointe signée, le 22 décembre 2020, devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste, lors de la visite au Maroc d’une délégation américano-israélienne de haut niveau, met en exergue la Proclamation des Etats-Unis portant sur la reconnaissance de la souveraineté du Royaume du Maroc sur son Sahara, et réaffirme le soutien américain à la proposition d’autonomie sérieuse, crédible et réaliste du Maroc comme seule base pour une solution juste et durable.

Dans la même Déclaration, les trois pays rappellent l’échange de vues qui a eu lieu, le 10 décembre 2020, entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président Trump, au sujet de la situation actuelle au Moyen-Orient. A cette occasion, Sa Majesté le Roi a réitéré la position cohérente, constante et inchangée du Royaume du Maroc sur la question palestinienne, ainsi que la position exprimée, sur l’importance pour Sa Majesté le Roi, en Sa qualité de Président du Comité Al-Qods, de préserver le statut spécial de la ville sacrée de Jérusalem pour les trois religions monothéistes.

RNA-Vous avez évoqué l’ouverture par les Etats-Unis d’un Consulat  dans la ville de Dakhla. Quelle sera sa vocation ?

Y.I. – Parallèlement à la reconnaissance  de la souveraineté marocaine sur l’ensemble de ses Provinces du Sud, les Etats-Unis ont décidé d’ouvrir un Consulat à Dakhla, à vocation économique, en vue d’encourager les investissements américains et contribuer au développement économique et social, au profit, notamment, de la population du Sahara Marocain.

Cette ouverture  permettra de drainer davantage d’Investissements directs étrangers dans toute la région, dès lors que les accords déjà conclus entre les deux pays s’étendront naturellement  au Sahara Marocain.

RNA – Qu’en est-il des accords signés à Rabat entre le Maroc et les Etats-Unis,  lors de la visite de la délégation américano-israélienne de haut niveau?

Y.I. – Le Royaume du Maroc et les Etats-Unis d’Amérique ont signé, le 22 décembre 2020, à Rabat, deux accords de coopération destinés à promouvoir les investissements au Maroc et en Afrique.

Il s’agit, d’une part, d’un mémorandum d’entente entre le Gouvernement du Royaume du Maroc et la Société américaine de financement du développement international (United States International Development Finance Corporation-DFC), qui apportera un soutien financier et technique à des projets d’investissements privés, d’un montant de 3 milliards de dollars, au Maroc et dans les pays d’Afrique subsaharienne, en coordination avec des partenaires marocains.

D’autre part, la lettre d’Intention signée entre le Gouvernement du Royaume du Maroc et le Gouvernement des Etats-Unis, représenté par la Société américaine de financement du développement international, concerne l’initiative américaine «Prosper Africa». Dans ce cadre, le Gouvernement marocain exprime son soutien à l’initiative américaine Prosper Africa, dont une  antenne de cette agence sera ouverte à l’Ambassade des Etats-Unis à Rabat, afin de faciliter l’accès aux investisseurs américains et coopérer conjointement vers l’Afrique.

Nous assistons, depuis le début de l’année, à l’ouverture de plusieurs Consulats dans les villes de Laâyoune et de Dakha. Que pourriez-vous nous dire à ce sujet ?

En effet, depuis le début de l’année, les villes de Laâyoune et de Dakhla  ont connu une intense activité  diplomatique, avec l’inauguration de plusieurs Consulats.

La ville de Dakhla abrite, à ce jour, les consulats de neuf pays, à savoir la Gambie, la Guinée, Djibouti, le Liberia, le Burkina Faso, la Guinée Bissau, la RDC et de la Guinée Équatoriale, en plus de Haïti, premier pays non-arabe et non-africain à ouvrir un Consulat  au Sahara Marocain.

L’ouverture, prochainement, d’un Consulat américain à Dakhla, portera à dix le nombre de Consulats dans cette ville, qui est un passage international stratégique entre l’Europe et l’Afrique.

A ce jour pas moins de 19 pays africains ont inauguré leurs représentations diplomatiques dans les Provinces du Sud du Maroc, un acte souverain pour exprimer leur soutien à la marocanité du Sahara. Ce nombre est appelé à progresser, à l’heure où la majorité des pays africains sont désormais ‘’conscients  que ce différend est hérité d’un passé révolu, dont l’Afrique peut bien se passer’’, tel que l’a affirmé le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Etranger, M. Nasser Bourita, lors de la cérémonie d’ouverture du Consulat de la République Démocratique du Congo, le 19 décembre 2020.

En outre, Monsieur le Ministre a déclaré, récemment, que “la poursuite de l’ouverture de Consulats généraux de pays amis et frères à Laâyoune et à Dakhla est le fruit de la sage politique africaine de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’Assiste, et que la diplomatie marocaine récolte les fruits de la politique africaine du Souverain, qui a, tout au long de ces vingt dernières années, misé sur l’initiative, la solidarité et l’obligation de passer de la parole à l’action, outre l’établissement de “partenariats fructueux qui profitent à tous”.

RNA – La question du Sahara connaît une nouvelle dynamique au niveau diplomatique.  Pourriez-vous clarifier?

Y.I.– Je citerais à nouveau Monsieur le Ministre, qui a déclaré à ce propos,  que ” cette dynamique va dans le sens d’un soutien accru à la marocanité du Sahara, une réalité qui n’est ni négociable ni discutable”. Le Sahara est marocain “par le droit, par l’Histoire, par la volonté de sa population et par le soutien grandissant de la communauté internationale et des amis du Maroc”.

Il est important de souligner que les Nations Unies reconnaissent aux élus des Provinces du Sud leur rôle d’interlocuteurs légitimes et de représentants de la population. Les habitants de la région du Sahara Marocain gèrent donc leurs propres affaires de manière démocratique.

RNA – Quelles sont les perspectives économiques dans les Provinces du Sahara ?

Y.I. – Les Provinces du Sud ont amorcé leur décollage économique, il ya déjà  près d’un demi-siècle,  lorsque le Royaume y a investi massivement, pour faire de cette région un maillon stratégique.

Les  mégaprojets de développement lancés par le Royaume et le climat propice à l’investissement sont autant d’atouts qui ont transformé le Sahara marocain en un véritable pôle économique orienté vers l’Afrique subsaharienne.

L’ouverture, prochainement, d’un Consulat américain à vocation économique dans les Provinces du Sud du Royaume donnera un nouvel élan et incitera les investisseurs, notamment  américains à venir s’implanter dans cette région, qui est naturellement une porte d’entrée de choix vers le marché africain et dont l’essor économique futur profitera directement aux entreprises locales, et surtout aux habitants de la région.

L’Algérie, qui prétend n’être qu’un observateur dans le différend régional sur le Sahara  est pourtant citée dans les résolutions onusiennes. Qu’en pensez-vous?

Contrairement à ce qui est avancé, l’Algérie est bel et bien un protagoniste de premier plan dans le différend régional sur le Sahara marocain. Nul ne peut le contester. D’ailleurs, la résolution 2548 adoptée, en octobre 2020, par le Conseil de Sécurité de l’ONU consacre, une fois de plus l’Algérie comme partie principale au processus visant à aboutir à “une solution politique, réaliste, pragmatique et durable” à la question du Sahara “qui repose sur le compromis”.

La résolution en question cite l’Algérie, à cinq reprises, soit autant de fois que le Maroc et  réaffirme, une fois de plus, la prééminence de l’initiative d’autonomie pour résoudre le conflit artificiel autour du Sahara marocain.

Elle exprime, en outre,  le “plein appui” du Conseil de Sécurité aux efforts du Secrétaire Général de l’ONU et de son prochain Envoyé personnel, pour maintenir le nouvel élan du processus politique visant à parvenir à une solution à la Question du Sahara.

RNA – Qu’en est-il de la situation dans la zone d’El Guergarat après l’intervention de l’armée  marocaine ?

Y.I. – L’opération a été menée par les Forces Armées Royales, sur Très Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Chef Suprême et Chef d’Etat-Major Général, afin de restaurer la libre-circulation au passage d’El Guergarat. Elle s’est déroulée de manière pacifique, sans accrochage ni menace pour la sécurité des civils.

Cette opération, qui est intervenue après épuisement de toutes les démarches diplomatiques, menées à travers les bons offices des Nations Unies, a permis de mettre un terme définitif aux actes de provocation inacceptables et aux intrusions illégales des mercenaires du ‘’polisario’’ dans cette zone. Le processus au point de passage d’El Guergarat est désormais irréversible, afin d’éviter la répétition des intrusions et des actes de provocation.

Suite  à  l’intrusion du 21 octobre 2020 dans la zone d’El Guergarat, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’Assiste, tout en soutenant l’action du Secrétaire Général des Nations Unies, avait affirmé, dans une lettre à M. Guterres que : “le statu quo ne peut plus se prolonger. Si cette situation perdure, le Royaume du Maroc, dans le respect de ses attributions, en vertu de ses responsabilités et en parfaite conformité avec la légalité internationale, se réserve le droit de réagir avec la plus grande sévérité au moment et de la manière qu’il jugera nécessaire, afin de sauvegarder le statut de la zone, de rétablir la libre-circulation et de préserver la dignité des Marocains”.

De  nombreux pays ont apporté leur soutien à la décision “légitime” du Maroc d’intervenir pacifiquement pour rétablir la circulation des biens et des personnes dans cette la zone, et ce en parfaite conformité avec la légalité internationale. (Fin)