L’assassinat d’au moins huit réfugiés burundais instaure la psychose au camp de Mahama

Des réfugiés burundais du camp de Mahama sur un point de rencontre

La criminalité s’est accentuée ces deux dernières semaines au camp de réfugiés de Mahama qui abrite des Burundais et des Congolais à l’Est du Rwanda.

Les plus visés sont des Burundais alors que des Congolais sont pointés du doigt comme auteurs présumés des meurtres. Des réfugiés parlent d’au moins huit personnes tuées dont deux sans nouvelles.

L’administration policière organise des réunions de sécurité pour apaiser les tensions, selon le collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.

Le cas emblématique est celui de deux hommes qui ont été décapités par des inconnus non loin du camp.

« C’est en tout cas une criminalité extrême. Deux cadavres ont été retrouvés fin février, les têtes coupées à près de deux km du camp. Ils ont par après été identifiés comme des réfugiés burundais vivant dans le camp », affirment des Burundais à Mahama.

« Pour les quatre autres cas, certains ont été battus dans une bagarre, d’autres sont tombés dans des embuscades tendues par des jeunes congolais avec des bâtons à la main. C’est inadmissible et le camp est agité pour le moment, surtout qu’il y a aussi deux jeunes burundais disparus dont on n’a pas encore de nouvelles, nous craignons qu’ils soient déjà morts», ajoutent des leaders communautaires burundais du camp.

Les villages 11, 12, 14, 16, 17 et 18 de la zone de Mahama II sont plus particulièrement touchés par cette criminalité. Cette zone est située sur la rivière Akagera qui sépare le Rwanda et la Tanzanie.

Couvre-feu unilatéralement proclamé

« Des Burundais se sont donné la consigne de rentrer tôt avant la tombée de la nuit et de ne prendre de la bière que dans leurs communautés. Et puis, on ne sait pas si c’est un plan qui est concocté pour nous provoquer mais on s’est convenus de ne jamais nous venger. Mais on ne sait pas si cela va durer longtemps car nous sommes vraiment agressés ouvertement par nos frères congolais », laissent entendre des réfugiés burundais.

Une méfiance semble s’installer

« Des groupuscules se forment souvent dans des villages, les Burundais d’un côté et les Congolais de l’autre. Et puis, on voit que l’entraide mutuelle n’est plus de mise entre ces deux communautés depuis le mois dernier. Ici, les informations circulent très vite, mêlées aussi à des rumeurs. Nous craignons le pire », ajoutent-ils.

La pacification

Des réunions de pacification sont animées dans le camp par des responsables administratifs et policiers.

Ce vendredi, c’était le tour du quartier 5 où se sont rencontrés des réfugiés congolais et burundais des villages 11 et 12. Les mêmes réunions de pacification ont été tenues dans les autres villages de la zone de Mahama II.

« Le responsable des agents policiers qui gardent le camp livre le même message : il demande aux réfugiés de respecter l’ordre public, de dénoncer les suspects, de renseigner sur toute information douteuse et sur des actes de criminalité, de lutter contre la consommation des drogues et des boissons prohibées », précisent des réfugiés qui ont participé à ces réunions.

La police rassure et précise qu’elle a déjà arrêté plus d’une dizaine de suspects pour enquête sur cette criminalité grandissante. Les réfugiés demandent que ces enquêtes aboutissent et que les auteurs soient punis conformément à la loi, ce qui contribuerait à l’accalmie au camp comme ils le souhaitent.

Le camp de Mahama abrite plus de 45.000 réfugiés, essentiellement des Burundais, et quelques milliers de Congolais. (Fin)