Le Centre CEFOPPAK de Kabgayi incarne le bon futur des jeunes

Kabgayi, Muhanga: «Ce Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agroécologique de Kabgayi (CEFOPPAK) est une étape cruciale pour la préparation de mon futur. Il incarne l’espoir et la détermination pour la construction de la prise en charge de ma vie », répond Odette Niyo (pseudonyme), 22 ans, persuasive.

« C’est ici que se façonne l’autonomisation d’une jeune fille devenue mère sans mari, obligée de prendre en charge son enfant, alors qu’elle n’a ni soutien, ni moyens de substance. Grâce à ce Centre, je me sens armée d’outils et de courage pour initier des activités d’agri-élevage prometteuses qui feront de moi une bonne entrepreneure », ajoute-t-elle.

Odette a été accueillie avec son enfant d’une année et demie au centre CEFOPPAK pour y suivre une formation d’une année. Elle est avec quatre autres jeunes filles-mères qui y vivent avec leurs enfants. Le Centre a prévu pour elle une dame qui s’occupe de leurs enfants pendant que les mères se consacrent à leurs études. Au total, pour cette année 2022, 30 élèves, dont 12 filles et 14 garçons constituent la deuxième promotion. L’an passé, ils étaient 18 filles, dont trois filles-mères, et 12 garçons.

« Le Diocèse de Kabgayi a apprêté des maisons et un terrain. En 2020, nous nous sommes concentrés sur la réhabilitation des locaux. La formation des apprenants se focalise sur les cours pratiques en agri-élevage en plus de la théorie. Nous avons commencé par les jeunes qui remplaceront progressivement les plus âgés dans l’agri-élevage et l’agri-écologie », confie Leny Mora, représentant de l’ONG suisse SECODEV (Service de Coopération au Développement).

Utiliser même des morceaux de bois et cultiver sur un sol étagé.

SECODEV débourse chaque année cent mille dollars $ d’appui à CEFOPPAK. Dans l’ensemble, deux partenaires ont mis sur pied CEFOPPAK, à savoir la Caritas Diocésaine de Kabgayi et SECODEV.

L’Abbé Innocent Mutabazi, Directeur de la Caritas Diocésaine de Kabgayi, renchérit: « L’Encyclique du Pape « Laudato Si » Protection de l’environnement et la sauvegarde de notre « maison commune » (planète) prône la défense de l’environnement et de l’agroécologie. L’objectif est d’utiliser seulement des intrants organiques et tout ce qui est biologique. Nous voulons beaucoup d’agriculteurs formés même si nous avons commencé par renforcer des jeunes. Nous voulons produire plus sur des parcelles étroites qu’il faut bien exploiter », a souligné le Directeur de la Caritas Diocésaine de Kabgayi.

A son tour, le Directeur de CEFOPPAK, Jean-Paul Nyabyenda, informe que le Centre est doté de huit enseignants dans l’agri-élevage et l’agroécologie, ainsi que d’une assistante sociale. Un cours d’entreprenariat ou agribusiness est dispensé aussi, car les jeunes devront initier un business ou une entreprise au terme des leurs études. Ils seront connectés à une microfinance du diocèse (RIM) qui leur accordera un crédit, et le Centre leur servira de garantie.

« Quand ils viennent ici, ils ont un projet d’agri-élevage et nous les aidons à l’affiner. Les critères de leur sélection exigent qu’ils aient entre 16 et 26 ans. Le niveau d’éducation de base est d’avoir terminé le tronc commun ou les Nine Years Basic Education (9YBE). C’est une condition pour comprendre certains concepts ou notions. Ils doivent saisir certaines terminologies même si la formation se fait en langue Kinyarwanda. La durée de la formation est de douze mois : six mois de théorie et pratique, et six mois de stage », explique-t-il. 

A 70 %, on insiste sur la pratique. On discute en classe sur les cas pratiques observés. Tous ces jeunes restent à l’internat en permanence durant une année. C’est l’apprentissage du vivre ensemble. Car, les apprenants mangent et dorment ensemble. Ils font eux-mêmes la cuisine pendant les week-ends et les jours de congé », a rappelé le Directeur de CEFAPPAK.

Il précise que ces jeunes sont issus des milieux défavorisés. Leur sélection s’effectue sans discrimination, ni de sexe, ni de religion comme c’est le cas dans les nombreuses écoles de la proximité. Les autorités locales et les directeurs des écoles sont impliqués dans la sélection.

Au niveau des cours pratiques, chacun a sa propre parcelle à rentabiliser. Ce qui génère une compétition positive au niveau de la production. Chacun fait de son mieux pour atteindre une production performante, que ce soit au niveau de la préparation du terrain, de semer, sarcler, récolter. L’on doit indiquer le coût de production et le revenu investi par l’entrepreneur, c.-à-d. le budget investi et les recettes obtenues. Les apprenants sont exhortés à transmettre même plus tard le savoir autour d’eux : créer des jardins de cuisine pour combattre la malnutrition si répandue dans le pays, vulgariser les arbres fruitiers et les entretenir, capter l’eau des cours d’eau et irriguer sa parcelle afin de produire sans arrêt tout au cours de l’année, etc… Mais aussi mettre au point des aliments pour des animaux domestiques : vaches, porcs, poules, lapins. Le Centre envisage de faire l’élevage des mouches et des vers. L’on lancera aussi la pisciculture.

En se promenant dans les parcelles des apprenants, le visiteur constate effectivement la culture des carottes, choux, chou-fleur, et diverses sortes de légumes. Le sol a été aménagé sur des pneus, des sacs, des sceaux, ou des planches de bois. Cela montre que le sol peut être amené et placé à divers endroits d’une parcelle, afin d’y faire pousser des légumes. Ceci est une originalité surprenante que la production de légumes pour un ménage peut se réaliser partout où l’on est au Rwanda, et même ailleurs.

Pratiquer l’élevage productif des porcs.

Un espace du Centre a été prévu pour l’élevage. On y voit une étable pour vaches, porcs, lapins. Le Centre dispose de cinq vaches, dont deux sont adultes et donnent du lait. L’on a 21 lapins et 15 procs, dont trois sont gestantes. Très prochainement, on commencera à élever mille poules pondeuses. 

« Les apprenants auront des crédits ne dépassant pas 2 % d’intérêt afin d’initier leurs projets. SECODEV fournira son appui annuel au Centre. Mais on va trouver d’autres partenaires. Plus tard, les élèves pourront payer leur minerval. On initiera aussi des unités de production et de transformation qui pourront générer des revenus pour le fonctionnement du Centre. Le marais d’en bas du Centre servira à créer des étangs pour la pisciculture. Nous créerons d’autres sites satellites pour les fruits, les légumes et les abeilles dans six paroisses comme Kinazi, Mugina, Ndiza », relève le Directeur de la Caritas Diocésaine de Kabgayi.

Les délégués des organes fondateurs du Centre: de gauche à droite: Leny Mora (SECODEV), l’Abbé Innocent Mutabazi (Caritas Diocésaine de Kabgayi), et Jean-Paul Nyabyenda ( Directeur du Centre).

En se promenant dans les locaux, on y voit un espace pour la logistique et les ICT, car les apprenants doivent maîtriser le numérique à l’époque du business moderne, dont doivent vivre des jeunes exhortés à s’autonomiser.

« Le jeune homme qui m’a engrossé me rendait visite avant que je ne regagne le Centre. Il aide certes son enfant. Il m’a avoué ne pas avoir des capacités d’entretenir un ménage. Raison pour laquelle il ne m’a pas épousé. Avec le renforcement que je suis en train d’acquérir dans le Centre, je saurais m’autonomiser financièrement et voler de mes propres ailes, sans inquiétude, vivre de mon business, avoir une activité économique prospère. Mon projet sera lancé avec un fonds initial de 400 mille Frw pour débuter l’élevage des poules pondeuses. Le marché est garanti. Je serai autosuffisante », se réconforte Odette, entrée au Centre avec quatre ans post-primaire. Le rêve d’Odette est identique à celui des autres filles-mères du Centre.

Leur collègue Félix Twizeyimana, 23 ans, originaire de Musambira, secteur Kamonyi, élèvera des porcs. Son projet coûtera 600 mille Frw au départ. Mais il ne peut pas renoncer à la culture des légumes qui est son activité principale. La formation dispensée par le Centre a imprimé en lui l’amour du travail pour un succès certain. C’est aussi le sentiment qui anime l’ensemble des autres jeunes de sa promotion. L’espoir pour le bon futur qui pointe à l’horizon les anime constamment et les réconforte dans leur labeur au quotidien. (Fin)