Le chef rebelle Nsabimana Callixte ‘Sankara’ plaide coupable et accuse deux pays voisins

Kigali: Nsabimana Callixte alias Sankara, porte-parole de Force de Libération Nationale (FLN), – un nouveau groupe rebelle rwandais-, a plaidé coupable des 16 chefs d’accusation retenus contre lui et révélé le soutien reçu du Burundi et de l’Ouganda.

La comparution initiale de Callixte Nsabimana alias Sankara a eu lieu ce jeudi 23 mai au Tribunal de Première Instance de Gasabo à Kigali, la capitale du Rwanda.

L’accusation a commencé par détailler les charges liées au terrorisme et à la sécurité du pays qui pèsent contre le chef rebelle rwandais.

Il a également été accusé de formation d’un groupe rebelle qui a perpétré les attaques terroristes, principalement dans le sud du Rwanda, qui ont fait jusqu’à neuf morts et de nombreux blessés.

Le suspect a reconnu avoir ordonné d’attaquer des installations publiques et des organes de sécurité, mais il a affirmé qu’il il n’avait jamais ordonné d’attaquer des civils.

“Permettez-moi de parler des attaques de Nyungwe (de l’année dernière)[…] Nous avions donné aux FLN des instructions spécifiques stipulant que, quelle que soit l’opération lancée, l’opération devait consister en la destruction de ponts, l’embuscade de véhicules militaires, l’attaque des bureaux du secteur et du district ainsi de la police et les camps militaires”, Nsabimana a déclaré à l’audience.

“Nous ne nous attendions pas à ce qu’ils attaquent des civils”, a-t-il dit avant d’ajouter : “Quand j’ai été arrêté et que j’ai vu des preuves de ce qui s’était passé, j’ai été choqué de constater que six personnes ont été tuées et que la plupart sont des femmes”.

Le tribunal a également pris connaissance du soutien dont Callixte Nsabimana a reçu du Burundi et de l’Ouganda, deux pays voisins du Rwanda.

“J’ai travaillé avec des membres des services de renseignement au Burundi, mais pour être précis, le gouvernement et l’armée n’étaient pas impliqués. Ils n’étaient pas au courant de nos opérations clandestines. En fait, certains de nos membres ont été arrêtés à plusieurs reprises”, a déclaré Nsabimana.

En mars, le Major Bertin alias Moses, officier des renseignements extérieurs du Burundi, et un Capitaine ougandais, Sunday Charles, lui avaient facilité la tâche de rencontrer le Général de Brigade Abel Kandiho, chef de service du renseignement militaire de l’Ouganda

“Nous avons rencontré des responsables militaires ougandais. Il y avait une réunion prévue avec le Général de Brigade Kandiho [chef des renseignements militaires ougandais, ndlr], mais le jour de la réunion, il a eu une urgence et a donc envoyé un colonel. Nous avons demandé un soutien militaire et diplomatique et, à la fin de la réunion, nous avons reçu une réponse positive. Au moment de mon arrestation, notre délégation était sur le point de retourner en Ouganda.” A-t-il révélé.

“À partir d’aujourd’hui, j’en ai fini avec FLN et tout ce qu’ils peuvent faire ne m’engage plus. Je ne leur ai pas donné l’instruction de tuer des civils et j’assume ma part de responsabilité. ”

Défendu par Me Moise Nkundabarashi, Callixte Nsabimana a dit qu’il demande pardon du fond de son cœur à Dieu, à ses victimes, à tout le peuple rwandais et au Président de la République.

Le parquet a demandé au Tribunal que le suspect reste en détention en raison de la gravité des crimes allégués, du risque de fuir et de manipuler les preuves. La cour se prononcera le mardi 28 Mai sur la demande de mise en liberté sous caution formulée par l’accusé et contestée par le parquet.

FLN est un groupe rebelle qui s’est fait connaître l’année passée et Sankara, son porte-parole, aurait été arrêté aux Comores et rapatrié manu militari, de Moroni à Kigali.

FLN est une branche militaire du Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique (MRCD) dirigé par un autre dissident rwandais Paul Rusesabagina. Le MRCD est représenté par le Major Sankara dans cette branche militaire. Cette dernière a déclaré la guerre au Rwanda et revendiqué plusieurs attaques terroristes au sud du Rwanda dans les environs de la réserve de Nyungwe contiguë avec la forêt de la Kibira située au Burundi.

La première de ces attaques a eu lieu l’année dernière en juin, dans le Secteur de Nyabimata, District de Nyamagabe. Deux personnes ont été alors tuées, des biens ont été pillés et d’autres objets, dont un véhicule, ont été incendiés. Nsabimana a ensuite revendiqué la responsabilité de l’incident dans la presse internationale.

Une autre attaque a été lancée quelques mois plus tard, en décembre, au cours de laquelle trois assaillants ont attaqué trois véhicules transportant des passagers, dans la forêt de Nyungwe.
Deux personnes ont été tuées, huit blessées et plusieurs autres prises en otage pendant des jours avant d’être secourues par l’armée rwandaise.

Le groupe FLN travaillerait de pair avec d’autres groupes tels que le Congrès National du Rwanda(RNC, sigle en anglais) de l’ancien Chef d’Etat Major Général de l’armée Kayumba Nyamwasa et les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) composées des ex-FAR/Interahamwe qui furent le fer de lance du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. (Fin)