Le Groupe National de Référence recommande que les petits fermiers accèdent aux semences de qualité à chaque saison sans les acheter

Le Directeur de l’ACORD, François Munyetwari.

Le Groupe National de Reference (GNR) recommande au MINAGRI (Ministère de l’Agriculture) et à l’Office des Semences de faire de sorte que les petits fermiers accèdent à l’avenir aux semences de qualité à chaque saison agricole sans les acheter, et ceci est capital. Les semences deviendraient aussi un produit commercial dans les mains des privés et auquel les fermiers n’ont pas droit, selon le Directeur de l’Agence de Coopération, de Recherche et de Développement(ACORD), François Munyetwari.« Autre chose : Nos semences traditionnelles sont un patrimoine commun national et ne doivent pas disparaître. Notre souhait est qu’une recherche soit menée à partir de ces semences pour en garder ce qu’elles ont de positif à enrichir par un apport extérieur. Ces semences traditionnelle correspondent aux régions et résistent aux maladies. Notre vœu est qu’il y ait à l’avenir un système qui permette de les rendre disponibles et en bonne qualité, grâce à l’implication des fermiers », a-t-il indiqué.

Le Directeur de l’ACORD a tenu ces propos lors d’un dialogue national auquel ont participé des parlementaires, des délégués de la Société Civile, des représentants des institutions gouvernementales, des délégués du Secteur Privé, des institutions académiques et de recherche, ainsi que des médias.

« De manière pratique, nous devons former les organisation des fermiers pour qu’elles soient au centre des activités de multiplication, de conservation et de diffusion des semences. Ceci ne doit plus demeurer l’exclusivité des compagnies étrangères privées en quête du lucre et du profit seulement. Nous pouvons donc former les fermiers et les doter de moyens à la hauteur, juste comme cela se faisait par le passé où il existait de grands projets au MINAGRI en charge de la multiplication des semences. Même maintenant, rien n’empêche de créer un grand programme national destiné à sélectionner les semences de qualité à jour et ceci serait fait par les fermiers à travers le pays », a poursuivi Munyentwari.

Le Directeur de l’ACORD reconnaît que des coopératives existent encore maintenant pour multiplier les semences.

« Ces coopératives existent et travaillent avec les multiplicateurs. C’est dire que ces coopératives font la multiplication pour les autres. Actuellement, les fermiers donnent leurs terrains, leurs bras, travaillent pour de l’argent. Ceci est différent des fermiers qui travaillent dans leurs champs pour eux-mêmes, qui cultivent ce qu’ils vont récolter, qui épargnent des semences qu’ils vont utiliser lors de la saison agricole. Les appréhensions sont réelles au regard de la situation actuelle. Ceux qui gèrent maintenant ces semences sont des spéculateurs en quête du profit. Ils changent les prix des semences à tout mêmement », a encore relevé Munyetwari.

Groupe photo des participants à l’atelier.

Il conclut qu’à mesure que les semences deviennent une marchandise, elles échappent aux fermiers.

«C’est pourquoi nous préconisons un système dans lequel les fermiers jouent un rôle, et dans lequel ils ont confiance. Ce système sera outillé d’un volet pour la conservation de semences afin que les semences ne disparaissent pas. Les fermiers seraient rassurés qu’ils pourront obtenir ces semences lors de la prochaine saison agricole. Ceci est un point capital qui mérite que nous donnions notre suggestion au MINAGRI », dit-il.

Les préoccupations du GNR rejoignent ceux de tout un continent africain qui échangent toujours sur la Politique de la Sécurité alimentaire.

A la base du problème figure le défi des semences de base et de leur disponibilité. La question prioritaire qui se pose est de « Comment bâtir une bonne méthode durable de récolte des semences axées sur les fermiers ? »

La population accroît et a besoin de manger. Au Rwanda notamment, un district comme Musanze au pied des volcans atteint 600 habitants au Km carré.

Normalement, l’accès à l’alimentation de qualité est un droit pour la population. Le constat est qu’on pratique la monoculture chez certains. Des maladies diverses aussi comme le diabète et l’hypertension affichent respectivement 3% et 20 % de la population rwandaise qui en souffrent. Il faut y ajouter le fléau de la malnutrition aiguë qui s’avère menaçant actuellement.

Même hier,  dans la clôture de l’atelier pour les nouveaux élus des districts, le Président de la République y est revenu sans détours, soulignant que des enfants souffrant de la malnutrition aiguë augure d’un pays souffrant du même mal généralisé, avec des conséquences désastreuses sur le physique et le mental d’une population.

« Notre terre s’abîme, alors que l’air se pollue, les aliments deviennent toxiques, la déforestation s’accélère suite à l’excès de la consommation du bois. Les abeilles n’ont pas d’abris. La biodiversité est menacée. Les variétés des semences n’existent pas ou ont été réduites en nombre. Il faut voir alors comment ne pas dilapider les ressources naturelles », a-t-il encore noté.

Pour revenir aux semences, François Munyentwari rappelle toujours que privatiser les semences et les confier à ceux qui visent le profit est un risque pour les fermiers. (Fin).