Le président burundais Ndayishimiye déteste son homologue Kagame et compte soulever les jeunes rwandais contre lui

Alliance Ndayishimiye-Tshisekedi(à droite) contre le gouvernement rwandais

Menteur, déstabilisateur de la sous-région, hypocrite, agresseur, saboteur…La liste des accusations du président burundais Évariste Ndayishimiye dit «Neva» contre son homologue rwandais est longue. 

Et l’ancien rebelle Hutu ne cache pas son intention de dresser les jeunes rwandais qu’il considère comme « des prisonniers » contre Kagame, d’après le collectif SOS Médias Burundi avec lequel nous avons réalisé ce dossier. 

Le dimanche 21 janvier 2024, le chef de l’État burundais a animé une conférence à l’intention de jeunes congolais dans la capitale Kinshasa. Il s’y trouvait dans le cadre de la cérémonie de prestation de serment du président réélu Félix Tshisekedi, son frère, selon ses propos. 

« […], Si nous avons notre voisin qui nous agresse, qui essaie de tout faire pour saboter nos pays, je crois que ce n’est pas une décision qui vient des citoyens rwandais. J’ai vu quand nous avons entamé les négociations avec le Rwanda, j’ai pris plus de deux ans de négociations avec les autorités rwandaises. Les Rwandais, les citoyens rwandais étaient frustrés de voir les frontières fermées. Quand nous avons ouvert les frontières volontairement sans conditions pour montrer notre volonté de paix, les Rwandais se sont bousculés pour venir au lac Tanganyika. Ils se sont bousculés, ils étaient contents alors que les leaders continuent d’alimenter les terroristes, les criminels, l’état-major général de Red-Tabara se trouve bel et bien au Rwanda. Et les autorités (rwandaises) ne le nient pas », a accusé le président Neva sous les applaudissements d’un parterre acquis à sa cause.

Et de prolonger les allégations sous les encouragements des jeunes congolais qui criaient « Il faut l’évincer (Kagame) » sans que l’orateur ne s’y oppose.

« Il nous promettait toujours de les remettre à la justice burundaise. Il nous le promettait pendant plus de deux ans de négociations. J’ai envoyé des émissaires, lui aussi a envoyé des émissaires au Burundi mais c’était l’hypocrisie. Alors quand ils ont organisé des tueries encore dans un village tout près de Bujumbura, d’ailleurs tout près de la frontière avec la RDC, c’est là où j’ai conclu. Avant je disais qu’il faut accompagner le menteur jusqu’à la porte, je l’ai accompagné et finalement il a démontré qu’il est menteur. Si quelqu’un te ment une fois, la faute est à lui, s’il te ment encore une fois, la faute est à lui mais s’il te ment la troisième fois et que tu acceptes, la faute est à toi », a-t-il harangué la foule.

Neva se pose en libérateur du peuple rwandais et compte soulever la jeunesse rwandaise contre son président

« […], Notre lutte doit continuer jusqu’à ce que le peuple rwandais aussi commence à aussi faire pression parce que je crois que les jeunes rwandais ne peuvent pas accepter d’être des prisonniers dans la région. Moi, en tant que champion sur l’agenda jeunesse, paix et sécurité (de l’Union Africaine), je pourrais organiser cette rencontre (avec des jeunes rwandais), il faut qu’il y ait rencontre des jeunes », a suggéré le président burundais.

M. Ndayishimiye a appelé les Congolais à « être unis pour combattre ensemble ».

Pour que le Rwanda se ressaisisse, d’après les propres mots du président Évariste Ndayishimiye, les Congolais doivent se souvenir d’une chose : « Aide-toi toi-même et le monde t’aidera ».

Il n’y avait pas de réaction immédiate des autorités rwandaises. Mais l’ambassadeur du Rwanda aux Pays-Bas Olivier Nduhungirehe a qualifié la sortie du président burundais d’inacceptable.

« Il est inacceptable qu’un Chef d’Etat africain, agissant en sa capacité de Champion de l’Union Africaine pour l’agenda Jeunesse, Paix et Sécurité et s’exprimant, non pas sous son drapeau national, mais sous le beau drapeau vert de l’Union africaine, dans une conférence co-sponsorisée par la Commission de l’UA (comme l’atteste son affiche), promet à un peuple africain de l’aider à renverser son gouvernement légitime. Ceci est non seulement un détournement incongru de son mandat lui conféré par ses pairs lors de la Conférence de l’Union africaine en février 2023, mais surtout une violation flagrante de la lettre et de l’esprit de la Charte de notre organisation continentale », s’est insurgé l’ambassadeur Nduhungirehe. 

Cette position du président burundais rejoint celle de son homologue de la République démocratique du Congo(RDC), Félix Tshisekedi, qui a également promis de déclarer la guerre au Rwanda s’il est réélu. 

Félix Tshisekedi qui a été réélu pour un deuxième mandat à la tête de la RDC  accuse le Rwanda de soutenir les rebelles congolais du M23. Ce que Kigali a toujours nié. 

Après avoir accusé le Rwanda de soutenir le RED-Tabara, un groupe rebelle qui a mené des attaques sur son sol depuis la RDC, le Burundi a décidé unilatéralement de fermer ses frontières avec son voisin rwandais qui rejette ces allégations.  

Les relations entre le Burundi et le Rwanda ont souvent été tumultueuses. Une légère amélioration a été notée après l’arrivée au pouvoir d’Évariste Ndayishimiye en 2020, mais depuis, les liens se sont à nouveau distendus quand le Burundi a envoyé des troupes pour aider à lutter contre les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.

Le Burundi avait déjà fermé sa frontière avec son voisin rwandais en 2015, les deux pays s’accusant mutuellement de soutenir des mouvements rebelles. La frontière avait été rouverte en 2022. (Fin)