Le Rwanda déplore que la presse belge fasse l’écho d’une campagne visant à le déstabiliser

Kigali: Le Rwanda, par l’entremise de son ambassade à Bruxelles, conteste les accusations d’espionnage en Belgique, dont faisaient état vendredi dernier les journaux belges Le Soir et De Morgen.

Le Rwanda s’étonne que, sur un sujet aussi grave et en ces temps d’intox (fake news), des médias aussi sérieux n’aient pas pris la peine de contacter des représentants du Gouvernement rwandais à propos des accusations formulées dans leurs articles, ce qui constitue un manquement du Code de déontologie des journalistes belges.

«Nous rappelons que la Belgique est, depuis la fin du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda en 1994, un haut lieu de regroupement d’« opposants» rwandais dont les activités sont étroitement liées à des attentats contre les populations civiles de la Région des Grands-Lacs », indique un communiqué de l’Ambassade du Rwanda en Belgique

Récemment, et à la connaissance des autorités belges, il a été avéré que deux plateformes politico-militaire répondant au nom de P5 et MRCD opèrent depuis le Royaume de Belgique où séjournent certains de ses leaders dont Paul Rusesabagina qui dirige le Mouvement rwandais pour le Changement démocratique (MRCD Ubumwe), Faustin Twagiramungu et Placide Kayumba (Vice-Président des Forces Démocratiques Unifiées (FDU) et co-fondateur de Jambo ASBL).

«Ce groupe s’y réunit régulièrement, signe des pactes et récolte des fonds dans l’unique but de renverser le gouvernement rwandais par la force », indique l’Ambassade du Rwanda.

Le Rwanda rappelle que les détails des agissements de la branche militaire du P5, menée par le RNC (Rwanda National Congress) dirigé par Kayumba Nyamwasa et le FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), ont été analysés dans un rapport du groupe d’expert de l’ONU sur le Congo datant de décembre 2018.

«Les FDLR sont les héritiers idéologiques des auteurs du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994 et depuis leur présence à l’Est du Congo sont à l’origine de tueries et viols systématiques. En dépit de ces actes criminels, des membres de l’ASBL de droit belge appelée “Jambo ASBL”, activement impliqués dans une campagne de désinformation à l’égard du Rwanda, ont régulièrement effectué des visites dans l’est du Congo pour y rencontrer des responsables des FDLR », dit-il dans le communiqué.

Enfin, le Rwanda déplore que les articles publiés dans Le Soir, De Morgen ou encore Nieuwsblad fassent l’écho d’une campagne de communication orchestrée pour détourner l’attention des activités terroristes de ces groupes.

Ces medias belges croient savoir que le régime au pouvoir à Kigali surveille de près ses opposants et certains journalistes installés en Belgique, un pays qui serait devenu terrain de jeu des espions rwandais.

Ces medias affirment que le ministre belge de la Justice a révélé que la Sûreté de l’Etat “confirme l’activité des services de renseignement rwandais en Belgique pour tenter d’affaiblir ce qui est perçu comme une menace politique de l’opposition” au régime de Paul Kagame. Après avoir accumulé les indices sur les pratiques douteuses de Kigali, le député Samuel Cogolati compte interpeller le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders.

En juin 2018, lors d’une interview avec Le Soir, Guy Rapaille, l’ancien président du Comité R «Comité permanent de contrôle des services de renseignement» qui dépend du Parlement belge a déclaré que les services Belges ont été informés de l’existence d’escadrons de la mort rwandais en Europe.

En juin 2019, dans une déclaration à La Libre Belgique, le lieutenant-général Claude Van de Voorde, patron du Service Général du Renseignement et de la Sécurité, a placé le Rwanda aux côtés de la Chine et de la Russie dans le top des priorités du renseignement militaire belge. (Fin)