Les mesures adoptées par le Rwanda pour faire face au changement climatique seront déterminantes pour sa performance économique

Le changement climatique pourrait avoir des répercussions importantes sur la croissance du Rwanda compte tenu de la dépendance de son économie à l’égard de secteurs sensibles au climat.

Le rapport national sur le climat et le développement (ou CCDR selon son acronyme en anglais), qui paraît aujourd’hui, examine les moyens par lesquels le Rwanda peut atteindre ses objectifs de développement dans le contexte de l’accord de Paris sur le changement climatique et s’engager sur la voie d’un développement sobre en carbone.

Le CCDR propose un ensemble de mesures en vue de financer les mesures climatiques et de surmonter les difficultés liées à leur mise en œuvre, à savoir :

•           des investissements dans des projets de valorisation des ressources naturelles privilégiant le développement et la gestion des infrastructures hydrauliques, une agriculture de conservation des sols et la sylviculture durable ;

•           des investissements dans des systèmes énergétiques et de transport à faibles émissions de carbone ;

•           la promotion d’une urbanisation adaptée au climat ;

•           l’instauration d’un environnement soucieux des enjeux climatiques et propice au secteur privé qui permette de concilier les projets d’investissement et les réformes de l’action publique et favorise le développement d’un marché financier vert.

Selon Rolande Pryce, chef-pays de la Banque mondiale pour le Rwanda, « le CCDR renforce les mesures ambitieuses et innovantes adoptées par le Rwanda pour définir une trajectoire de développement verte, inclusive, réactive et axée sur la croissance. Comme la CDN [contribution déterminée au niveau national] présentée par le Rwanda en 2020 définit d’importants besoins d’investissement, le CCDR examine les arbitrages relatifs au financement des actions climatiques et suggère des moyens de surmonter les difficultés liées à leur mise en œuvre. »

Le Rwanda, même s’il ne contribue qu’à hauteur de 0,003 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, est vulnérable aux conséquences de la hausse des températures et de la modification des régimes de précipitations, notamment les dégâts provoqués par les inondations, la dégradation de la santé humaine et la baisse des rendements agricoles.

Ces phénomènes pourraient réduire son PIB de pas moins de 5 à 7 % par rapport aux niveaux prévus certaines années et empêcher son économie d’atteindre les objectifs fixés dans la Vision 2050 du Rwanda, dans ses stratégies nationales de transformation et dans sa stratégie de croissance verte et de résilience au changement climatique.

« L’exécution des engagements du Rwanda en matière d’adaptation et d’atténuation diminuerait sensiblement les fluctuations du PIB résultant d’une variabilité météorologique plus forte, indique Pablo Cesar Benitez, économiste senior de l’environnement pour le Rwanda à la Banque mondiale. Elle permettrait ainsi de modérer l’incidence du changement climatique sur la croissance annuelle du PIB et de stimuler la production industrielle et l’emploi. »

Le CCDR constate que le Rwanda a pris une bonne longueur d’avance sur de nombreux autres pays dans la lutte contre le changement climatique. Les mesures d’atténuation et d’adaptation au climat décrites dans la version révisée de sa contribution déterminée au niveau national (CDN) sont de nature à assurer la concrétisation des ambitions nationales en faveur d’un développement sobre en carbone et résilient.

Pour autant, le coût des nouveaux investissements estimé par le gouvernement, comme indiqué dans la CDN de 2020, se monte à 11 milliards de dollars, dont 6,9 milliards sont subordonnés à de nouveaux financements. Les dépenses se chiffreraient à 8,8 % du PIB du pays chaque année jusqu’en 2030, un engagement audacieux dans la mesure où ce montant dépasse les entrées annuelles, enregistrées et prévues, d’aide publique au développement (APD) ou d’investissements directs étrangers (IDE) entre 2015 et 2030. Les financements nécessaires correspondent également à une part importante des recettes intérieures ou des dépenses d’investissement public au cours de la même période.

Le rapport encourage le gouvernement rwandais à diversifier les sources de financement extérieures et intérieures et à redéployer les dépenses publiques, ce qui lui permettra de gérer les coûts induits par la mobilisation des fonds. Il lui recommande par ailleurs de réaliser des gains d’efficacité pour accroître sa marge de manœuvre budgétaire et éviter ainsi d’amputer des programmes essentiels ou d’augmenter les impôts. Le rapport souligne en outre que le maintien de la croissance au Rwanda appellera un engagement et des investissements plus soutenus du secteur privé.

« Le Rwanda a des objectifs de développement vert ambitieux qui l’aideront à contrer les retombées du changement climatique sur la population et sur l’économie, souligne Amena Arif, responsable des opérations d’IFC pour le Rwanda. Le secteur privé sera un partenaire stratégique pour le financement de la transition écologique du pays. En attirant davantage d’investissements privés dans des projets d’agriculture et d’infrastructure durables, il aidera le Rwanda à renforcer sa résilience au changement climatique. »

Le CCDR du Rwanda a bénéficié de la contribution des principales parties prenantes, notamment de divers organismes publics. Il a été financé par le Mécanisme de soutien au climat (CSF), un fonds fiduciaire multidonateurs de la Banque mondiale.

Les nouveaux rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) publiés par le Groupe de la Banque mondiale offrent une analyse diagnostique de fond qui intègre à la fois les enjeux du changement climatique et ceux du développement. Ils permettront aux pays de prioriser les mesures les plus efficaces en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’accélérer l’adaptation, et d’atteindre dans le même temps leurs objectifs de développement plus généraux.

Les CCDR s’appuient sur des données et des recherches rigoureuses. Ils recensent les principaux moyens de réduire les émissions de GES et les vulnérabilités climatiques, en mettant en évidence les coûts et les difficultés liés à ces actions, ainsi que les avantages et possibilités qui en découlent. Les rapports préconisent des mesures concrètes et prioritaires pour accompagner la transition vers une économie sobre en carbone et résiliente.

Les premiers CCDR seront établis cette année pour 25 pays, avant d’être étendus à tous les pays du Groupe de la Banque mondiale au cours des quatre prochaines années. Accessibles au public, ces documents visent à informer les pouvoirs publics, les citoyens, le secteur privé et les partenaires du développement, pour leur permettre de s’engager dans les programmes d’action pour le développement et pour le climat. Ils viendront étayer d’autres diagnostics essentiels du Groupe de la Banque mondiale, ainsi que ses activités et opérations dans les pays, et contribueront à mobiliser des fonds et orienter les financements vers des mesures climatiques à fort impact. (Fin)