L’ex président burundais Pierre Buyoya trouve suicidaire de se présenter à son procès

Condamné par contumace à la perpétuité dans le dossier de l’assassinat de son prédécesseur,  l’ancien président burundais Pierre Buyoya ne rentrera pas au Burundi.

«Compte tenu de l’état de droit au Burundi, je crois que se présenter là-bas pour faire face au procès équivaudrait à un suicide» et «je n’ai pas envie de me suicider pour le moment» a-t-il dit dans un point de presse tenu à Bamako, la capitale du Mali. «Je vais me battre pour me faire représenter, en tout cas quand il s’agit du procès qui se passe dans le pays», a-t-il ajouté.

Pierre Buyoya rejette sa condamnation qu’il juge politiquement motivée. «Il s’agit d’un procès politique mené de manière scandaleuse, en violation de toutes les règles de droit ». Il annonce qu’il va faire appel : « Nous décidons de faire appel devant les juridictions burundaises et, le moment venu, devant les tribunaux extérieurs».

Auteur des deux coups d’Etat dans le passé au Burundi, Pierre Buyoya travaille aujourd’hui pour le compte de l’Union Africaine(UA) comme son haut représentant au Mali et au sahel. Mais l’UA ne s’est pas encore prononcée sur cette condamnation qui met l’organisation panafricaine dans l’embarras.

Pierre Buyoya a expliqué qu’il allait «discuter en toute transparence avec (ses) supérieurs» de l’éventualité de «surseoir» à ses fonctions d’envoyé spécial de l’UA au Mali et au Sahel. «Il ne m’appartient pas de décider moi-même», a-t-il dit.

Le gouvernement burundais avait émis en 2018 des mandats d’arrêt contre Pierre Buyoya et 18 de ses proches qui ont été également condamnés  pour assassinat en 1993 de Melchior Ndadaye, le premier président démocratiquement élu du Burundi et premier Hutu à accéder au pouvoir. Cet assassinat avait entraîné le Burundi dans une guerre civile opposant l’armée, dominée par la minorité tutsi, à des groupes rebelles hutu qui fit plus de 300.000 morts jusqu’en 2006. (Fin).