
Accroissement de la productivité
Gicumbi: Dans le district de Gicumbi, le changement climatique dictait autrefois le rythme de vie : des pluies imprévisibles emportaient les récoltes, les habitations s’élevaient sur des pentes propices aux glissements de terrain et les forêts fragiles disparaissaient année après année. Mais une révolution silencieuse est en marche. Au cœur de ce processus se trouvent des infrastructures, non pas des autoroutes ou des gratte-ciel, mais des terrasses, des villages verts et des collines reboisées, construites par et pour la communauté.
Voici comment des infrastructures vertes stratégiques, conçues dans le respect des populations et de la nature, font de Gicumbi un leader national de la résilience rurale.
La nature comme infrastructure : Avant le lancement du projet Green Gicumbi en 2019, les collines étaient dénudées, vulnérables à l’érosion et constituaient une menace pour les agriculteurs en contrebas. Aujourd’hui, des milliers d’hectares ont été stabilisés grâce à des techniques radicales de terrassement, d’agroforesterie et de conservation des sols alliant tradition et climatologie.
« Chaque terrasse est comme un barrage », explique Jean Marie Vianney Kagenza, responsable du projet. « Cela ralentit le débit de l’eau, stoppe l’érosion et permet aux terres de se régénérer. »
L’utilisation des cultures à forte valeur ajoutée et respectueuses des pentes, comme le café et le thé, ajoute une dimension économique à ces structures écologiques, transformant le risque climatique en un atout durable.
La puissance du modèle du village vert : Là où les infrastructures conventionnelles pourraient mettre les populations à l’abri des dangers, les éco-villages de Kaniga et Rubaya vont plus loin : ils offrent un modèle de vie rurale durable.
Chaque maison du village vert est équipée de l’énergie solaire, de systèmes de récupération des eaux de pluie et d’assainissement écologique, réduisant ainsi l’empreinte environnementale et la vulnérabilité des ménages. Point important, le modèle intègre un soutien économique : les résidents reçoivent du bétail, des formations agricoles et ont accès à des groupes d’épargne, posant ainsi les bases d’une autonomie à long terme.
« Ces infrastructures protègent, autonomisent et restaurent la dignité », déclare le maire Nzabonimpa Emmanuel. « Ce n’est pas seulement une maison, c’est un avenir. »
Une forêt au service des populations : Plus de 2 000 hectares de forêt ont été restaurés, non seulement clôturés en zones de conservation, mais aménagés en paysages polyvalents. Les membres de la communauté cultivent des arbres pour le bois, récoltent du miel et des produits forestiers non ligneux, tout en améliorant la biodiversité et le stockage du carbone.
Les quelque 31 mille foyers de cuisson distribués constituent une autre couche d’infrastructure verte. Ils réduisent la pression sur les forêts, diminuent la pollution de l’air intérieur et améliorent la santé, en particulier pour les femmes et les enfants.
Les données météorologiques, un service public rural : Dans de nombreuses régions, les prévisions météorologiques sont un luxe. Mais à Gicumbi, les stations météorologiques localisées sont devenues une infrastructure essentielle pour les agriculteurs. Elles aident les communautés à prévoir les pluies, à planifier les saisons de plantation et à éviter les pertes, transformant les incertitudes en précision.
Ce qui était autrefois considéré comme « l’imprévisibilité climatique » est désormais un phénomène que les agriculteurs peuvent anticiper et gérer, car ils disposent des données nécessaires pour faire de meilleurs choix.
Des compétences qui renforcent les fondations : La formation de plus de 25 mille personnes à la construction écologique, à l’agriculture climato-intelligente et à la foresterie n’a pas été une simple réflexion, mais un élément essentiel du plan d’infrastructure. Le développement des compétences est l’épine dorsale invisible de la transformation de Gicumbi vert.
Et cela porte ses fruits. Les coopératives locales conçoivent et gèrent désormais leurs propres projets environnementaux grâce au Fonds d’adaptation communautaire, garantissant ainsi l’entretien et le développement des infrastructures vertes au niveau local.
Un plan directeur évolutif et judicieux : Alors que l’intérêt pour le succès de Gicumbi grandit, tant au Rwanda qu’en Afrique, les leçons sont claires : l’adaptation au climat ne nécessite pas toujours des technologies de pointe. Parfois, les infrastructures les plus intelligentes sont constituées d’arbres, de terrasses et de connaissances.
Le défi consiste désormais à étendre ces modèles aux douze secteurs restants de Gicumbi et au-delà.
« Nous ne construisons pas pour la tempête d’aujourd’hui », indique Kagenza. « Nous construisons pour celles qui arriveront dans 10, 20 ou 30 ans ». (Fin)