L’ONU dénonce des appels à la violence et à la haine en RDC

Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC 

La cheffe de la MONUSCO (Mission de l’ONU en RDC), Bintou Keita, appelle les Congolais à privilégier le vivre ensemble et à bannir le message de haine et toute forme de violence et de discrimination, en ce moment, où le pays fait face aux rebelles du M23 dans sa partie Est.

« Aujourd’hui, le 18 juin marque la première journée internationale de lutte contre le discours de haine. A cette occasion, je souhaiterais réitérer ma profonde préoccupation face à la montée d’appels à la violence et à la haine en RDC, en particulier dans l’Est du pays », a-t-elle indiqué.

Depuis quelques mois, on observe une prolifération de propos que l’on peut qualifier de discours incitatifs à la haine et à la violence à l’égard des membres de l’ethnie tutsi en RDC. Ces propos haineux se sont amplifiés depuis la reprise des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) dans la province du Nord-Kivu.

Dans plusieurs villes du Congo, des discours anti-Rwanda et anti Tutsis ont été observés ces derniers jours, les propagandistes utilisant souvent les réseaux sociaux. Des manifestations anti-Rwanda et anti Tutsis ont aussi été organisées. 

La tension est telle que même un lieutenant-colonel des FARDC(Forces Armées de la RDC) a été arrêté par des policiers et des hommes armés en civil à cause de son faciès. La seule faute du lieutenant-colonel Bageni Nsabimana qui a échappé à un lynchage populaire avant d’être interpellé : avoir des traits de Tutsis.

Le M23 est composé pour la plupart de Tutsis congolais. Récemment, le président Tshisekedi a révoqué quatre officiers supérieurs de l’armée congolaise. Ils sont soupçonnés de « collaborer avec le Rwanda et le M23 ». Parmi eux, des Tutsis congolais originaires du Nord-Kivu et un membre de la communauté Banyamulenge, Tutsi originaire de la Province voisine du Sud-Kivu. Selon nos informations, plusieurs militaires ont été tués dans différentes villes du Congo ces dernières semaines suite à leur appartenance à l’ethnie Tutsi.

« Ne cédons pas aux discours incendiaires qui n’ont que trop nourri la violence en RDC et chez nos voisins. Travaillons ensemble à la paix comme l’a souligné le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.Les discours de haine sont un danger pour tous et c’est notre devoir à tous de les combattre », a renchéri Bintou Keita.

Selon elle, le discours de la haine entraîne les violences et divise, là où il faut renforcer la cohésion et le vivre ensemble.

« C’est ce dont ont besoin les Congolais et les Congolaises. C’est ce dont ont besoin toutes les populations de la région des Grands lacs. J’en appelle à toutes et à tous, tournons le dos au racisme et à la xénophobie (…) », a conseillé la cheffe de la MONUSCO. (Fin)