Méthodes utilisées pour préparer le génocide des Tutsi dans la préfecture de Cyangugu: formation de tous les employés communaux au maniement des armes et leur armement

Entre octobre 1990 et mars 1994, le complot d’extermination des Tutsi a été renforcé par tous les moyens possibles pour que les Hutu se débarrassent de leur ennemi identifié, c’est-à-dire les Tutsi, selon une étude menée par la CNLG(Commission Nationale de Lutte contre le Génocide).

Dans ce complot pernicieux, la préfecture de Cyangugu n’a pas tardé à concevoir et à établir des stratégies à utiliser. La création de milices paramilitaires composées de jeunes, les entraîner et les équiper de matériel de tuerie, l’ensemencement et la propagation de la haine parmi les Hutu et les Tutsi et d’autres activités visant à inciter les Hutu à tuer les Tutsi ont amplifiés.

En 1992, le préfet Emmanuel Bagambiki a ordonné que tous les employés communaux, conseillers de secteur, enseignants soient formés au maniement des armes. En raison de la situation de guerre que traversait le pays, le préfet Bagambiki a fait valoir que la formation et l’apprentissage du maniement des armes devraient être une priorité afin qu’ils puissent être en attente chaque fois que l’ennemi se présenterait. Sur la base de ces instructions émises par le préfet Bagambiki, chaque commune a demandé à la police communale de former les catégories susmentionnées au maniement des armes.

Dans la commune de Kamembe, tous les employés de la commune, les conseillers de secteur et les enseignants, les responsables de cellules et certains miliciens Interahamwe choisis de chaque cellule ont été formés au maniement des armes. Ces formations ont eu lieu au Gatsiro, sur le terrain de la commune de Kamembe. Ils étaient formés par des policiers communaux, dont le brigadier Gatera Casimir de Nkanka, Dionyse de Rwahi et d’autres.

Pendant l’entraînement, on leur  disait que le pays avait été envahi par les Inyenzi, et que chacun d’entre eux devrait donc s’entraîner au maniement des armes afin de combattre l’ennemi, une fois que ce dernier se serait présenté dans leur région. La formation se tenait deux fois par semaine et durait trois semaines.

Comme l’explique Ignace Ndahayo, alors conseiller de secteur et l’un de ceux qui ont participé à la formation, la formation au maniement des armes a été réalisée sur ordre du bourgumestre de la commune car c’est lui qui «nous a convoqués pour une formation au maniement d’armes, et nous rendait visite à chaque fois en formation pour voir comment ça se faisait ».

Dans la commune de Cyimbogo, tous les employés de la commune, les conseillers de secteur et les enseignants ont été formés au maniement des armes. La formation a eu lieu aux bureaux  de la commune dans  la forêt de grévillées. Habyarimana Gérard, l’un de ceux qui donnait la formation, explique comment cela se faisait. Il dit que «parmi les personnes formées au maniement des armes figuraient des employés communaux, des enseignants, des conseillers de secteur et cinq jeunes sélectionnés dans chaque cellule. Ils venaient s’entraîner tous les samedis. Parmi les formateurs, il y avait moi Habyarimana Gérard, Nyoni Jean Marie Vianney, Mudacogora Gaëtan, Munyentwari Faustin, Rukirumurame Fabien, Ntabanganyimana Joseph, Silas, Gasambi et d’autres. Même si la formation était offerte par des policiers communaux, les soldats étaient là pour inspecter la façon dont l’exercice était fait. Une fois la formation terminée, chaque conseiller de secteur a recevait  un fusil   qu’il apportait à la maison pour qu’il puisse aider à assurer la sécurité dans le secteur ».

Afin de se conformer aux instructions du préfet, une formation au maniement des armes a été dispensée dans toutes les communes de la préfecture de Cyangugu.(Fin)