Mine de cassitérite de Rwinkwavu : Sa proximité signale une hausse de prévalence du VIH/SIDA et de grossesses précoces

Des mineurs de Rwinkwavu

Rwinkwavu: «Je fais partie de vingt dames et jeunes filles toutes ouvrières de la mine de Gahengeri, Secteur Rwinkwavu. L’ensemble des ouvriers atteint le chiffre de deux cent. Je suis veuve depuis 16 ans. J’ai 4 garçons que j’éduque depuis que mon mari est décidé. A sa mort, j’ai réfléchi sur ce que je pouvais faire pour la survie de mon ménage. J’ai demandé un travail d’ouvrière dans la mine. J’y suis embauchée depuis 14 ans. Le plus haut salaire que j’ai touché par mois est 280 mille Frw. Le mois dernier j’ai perçu 78000 Frw. Notre salaire varie selon la quantité de cassitérite collectée sur l’endroit que nous atteignons. Des fois, un mineur peut avoir 300.000 ; 600.000 Frw ; ou même un million Frw, selon la richesse de l’endroit creusé. Un tel salaire pour de jeunes mineurs conduit à diverses attractions et jouissances. Certains peuvent prendre plus d’alcool et pratiquer des relations sexuelles non protégées. Ce qui est cause d’une hausse de nouvelles infections à Rwinkwavu », témoigne la mineure Ahishakiye Ange, 41 ans (le nom est anonyme pour garder la discrétion sur l’identité de la mineure). 

Le salaire d’Ahishakiye a servi à payer le minerval de ses enfants et à les nourrir. Elle n’a pas acheté un terrain à cultiver. Mais elle s’est procuré du petit bétail (chèvres, porcs, lapins) qu’elle vend quand elle a besoin d’argent. Jamais elle n’a pensé à chercher un autre mari, par peur d’être enceinte ou de s’aventurer dans d’autres soucis. Elle avoue que si son corps la tente, elle aura recours au condom qui aide à éviter le VIH/Sida et les grossesses non désirées.

« Le condom est disponible dans la proximité qui dispose d’un Centre de Santé et d’un hôpital. Certains ouvriers souhaitent la distribution de condoms sur le lieu du travail », poursuit-elle.

Le DG adjoint du Centre dans Santé qui preste aussi dans le service de Sida, Dr Anastase Ntawiringira, promet qu’il se rendra dans la mine de Gahengeri pour y faire élire un pair éducateur qui collaborera avec le centre de santé dans divers services de sensibilisation contre le VIH/Sida : distribution du condom, organisation de tests volontaires, circulation d’information de lutte contre le VIH/Sida parmi les mineurs.   

Dr Ntawiringira indique que 564 personnes infectées suivent le régime des ARV dispensé par le Centre de Santé de Rwinkwavu. Il ajoute 50 autres femmes allaitantes ou enceintes dans le cadre des soins au niveau de la transmission de la mère à l’enfant.

Dr Anastase Ntawiringira, DG adjoinr du Centre de Santé de Rwinkwavu

« Pour les jeunes, 197 personnes sont sous ARV, dont 8 enfants de moins de 15 ans, et 18 enfants âgés de 15 à 19 ans. La plupart des jeunes suppriment à 100 % la charge virale. Aucun d’entre eux n’a plus de 200 de charge virale. Nous classons les jeunes en groupes et nous échangeons sans la présence des adultes. Cela leur permet de s’exprimer librement et de dire ce qui leur tient à cœur, toujours en présence d’une aide sociale. La plupart des jeunes de moins de 15 ans sont à charge de leurs parents. Car, ils passent la grande partie du temps avec eux. Nous échangeons avec des parents sur l’état de santé de leurs enfants. Les personnes sous ARV ne rencontrent pas de discrimination avec les autres membres de la communauté. Ils travaillent ensemble dans les diverses activités qui sont organisées. Une bonne sensibilisation a été menée pour atteindre ce résultat. Pour ce qui des grossesses des jeunes filles de moins de 18 ans, le Centre de Santé de Rwinkwavu a enregistré quatre grossesses de ce genre le mois dernier », informe le DG adjoint du Centre de Santé de Rwinkwavu.

L’on doit expliquer que la charge virale est la quantité de virus du Sida dans un millimètre de sang. Quand cette charge est de moins de 200, l’état de santé du séropositif est bon. Quand elle est plus de 200, c’est qu’il y a un problème à détecter, soit qui est lié au non-respect des consignes de prises des ARV ou à une autre chose. 

« Nous nous asseyons et échangeons avec le patient pour trouver d’autres causes. Peut-être liées à la santé générale. Une fois l’année, on organise un contrôle de la charge virale ou examen de virologie. Quand un séropositif sous ARV respecte les rendez-vous, quand il prend ces ARV à temps et qu’il respecte les rendez-vous pour l’examen de virologie, l’on peut espérer qu’il est intègre. Nous plaçons alors notre confiance en lui. Et on peut lui donner même une dose pour une année », explique le Dr Dr Ntawiringira.

Il existe divers groupes de personnes qui récupèrent leurs ARV pour six mois. Trois sortes de médicaments (Ténophovir, Ramividine, Dortegravir) forment un comprimé d’ARV. 

« On peut ajouter d’autres médicaments à côté. Toutes les femmes accouchent généralement à l’hôpital, surtout les plus jeunes qui ont des risques de complication à la naissance. Cela aide aussi dans le suivi des femmes qui sont séropositives. Car, l’on doit éviter la transmission du virus à l’enfant lors de la naissance », explique encore le DG adjoint du Centre de Santé.

Le jeune mineur Oscar Kamana, 32 ans, creuse la cassitérite à Gahengeri depuis neuf ans. Marié et père de deux enfants, il possède une vache, du petit bétail, une moto et une maison convenable. Sa femme conduit un business de vente de fruits et légumes. Il doit toute cette richesse à la mine qui l’utilise. Il a été testé négatif au Sida. Il tient à maintenir cette bonne santé avec lui. Il sait que dans sa proximité, l’ivresse des jeunes qui ne sont même pas des mineurs et l’absence de contrôle de soi est cause de hausse de nouvelles infections. 

« Je connais par exemple cinq personnes qui prennent des ARV. Et ils ne sont pas mineurs. Beaucoup de gens viennent de divers horizons pour vivre à Rwinkwavu. Car, il y a beaucoup d’argent en circulation grâce à la mine de cassitérite. On peut initier ici différentes activités. La prostitution aussi y est possible. Il faut vérifier son niveau local atteint. Le condom demeure alors essentiel pour la protection », dit Kamana.

Pour l’ensemble des politiques de lutte contre le VIH/Sida dans le district de Kayonza, le Maire de ce district, Jean-Bosco Nyemazi reconnaît une hausse de nouvelles infections dans la jeunesse. 

« Des mesures ont été prises par le district en partenariat avec ses collaborateurs afin de réduire les nouvelles infections. Les pairs éducateurs et les conseillers en santé sont en train de redoubler d’efforts pour sensibiliser plus de jeunes afin de se protéger. Le personnel de la justice poursuit dans des procès des hommes auteurs de grossesses chez les jeunes filles. Nous sommes en droit d’attendre plus de résultats positifs dans les efforts menés dans ce secteur », a affirmé le Maire Nyemazi. (Fin)