Nouveau rejet de la demande de liberté provisoire de Paul Rusesabagina

Le tribunal de Nyarugenge à Kigali a rejeté en appel, ce vendredi 02 octobre, une demande de remise en liberté provisoire de Paul Rusesabagina inculpé pour terrorisme.

Le  17 Septembre dernier, le tribunal de première instance de Kicukiro avait ordonné l’incarcération pendant trente jours de Paul Rusesabagina dont l’histoire pendant le génocide a inspiré le film “Hôtel Rwanda”. Mais il avait fait appel.

La défense de Paul Rusesabagina dont l’histoire pendant le génocide a inspiré le film “Hôtel Rwanda” avance deux raisons : Paul Rusesabagina doit comparaître libre afin qu’il reçoive les soins que son état de santé requiert.  Par ailleurs, Paul Rusesabagina  a dit qu’il n’est pas Rwandais et qu’il ne doit pas être jugé au Rwanda. Comment un citoyen belge peut-il être jugé au Rwanda, avait-il demandé.

Mais la demande de ce Rwandais naturalisé Belge et ses arguments ont été rejetés. Le tribunal de Nyarugenge qui statuait en appel a dit que la justice rwandaise est compétente pour le juger parce qu’il n’a jamais renoncé à sa nationalité d’origine. Les juges ont aussi estimé qu’il risque de fuir le Rwanda pour la Belgique s’il est libéré provisoirement parce qu’il a dit qu’il est Belge. Pa ailleurs son maintien en détention n’est pas incompatible avec  son droit d’être soigné toutes les fois que le besoin se fait sentir.  

Le héros du film “Hôtel Rwanda”  reste donc en détention en attendant l’ouverture de son procès dans le fond. Il a été inculpé de 13 chefs d’accusation, dont le terrorisme, formation et financement des mouvements rebelles, l’incendie criminel, l’enlèvement et le meurtre perpétrés contre des civils rwandais non armés et innocents sur le territoire rwandais.

Ces 13 chefs d’accusation sont liés aux activités des FLN (Forces de Libération du Rwanda), la branche armée du MRCD (Mouvement Rwandais pour le Changement Démocratique) dont il est co-fondateur.

Le groupe FLN est affilié aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle basé en RDC qui mène des attaques au-delà de la frontière contre les forces rwandaises.

Rusesabagina a insisté sur le fait qu’il n’avait aucune connaissance directe des atrocités que les FNL avaient commises. Il a dit qu’il ne s’occupait que de la diplomatie du MRCD et que la branche armée était dirigée par son collègue, le «général» Wilson Irategeka.

Wilson Irategeka dirigeait le CNRD, un groupe dissident des FDLR. Il a été tué en décembre de l’année dernière lors d’une offensive contre des groupes armés par les forces armées congolaises.

“Nous avons formé le FLN comme un bras armé, pas comme un groupe terroriste comme le dit le procureur. Je ne nie pas que le FLN a commis des crimes, mais mon rôle était la diplomatie”, a dit Paul  Rusesabagina. 

“L’accord que nous avons signé pour former le MRCD, comme une plateforme politique, incluait la formation d’un bras armé appelé le FLN. Mais mon rôle était de travailler pour cette plateforme politique et j’étais en charge de la diplomatie”, a-t-il ajouté.

Paul Rusesabagina,-devenu opposant farouche au régime du président rwandais Paul Kagame-, dispose d’une notoriété mondiale depuis qu’un long-métrage hollywoodien – Hôtel Rwanda – a mis en lumière son action lors du génocide de 1994 au Rwanda.

Paul Rusesabagina a sauvé la vie de plus de 1200 personnes qui s’étaient réfugiés à l’Hôtel des Milles Collines à Kigali dont il était le gérant intérimaire durant les cent jours du génocide en usant de son influence auprès des miliciens génocidaires. Mais le gouvernement rwandais conteste l’histoire de Paul Rusesabagina telle que présentée dans le film “Hôtel Rwanda” et l’accuse d’imposture.

Le 31 août, Paul Rusesabagina avait été présenté par la police menotté à Kigali  alors qu’il vivait en exil entre les États-Unis et la Belgique depuis 1996. Les autorités rwandaises affirment qu’il est retourné de son propre chef au Rwanda et il a été cueilli comme un fruit mur à l’aéroport international de Kigali.

Ses soutiens pensent  qu’il a été enlevé au cours d’un voyage à Dubaï, estimant qu’il ne serait jamais retourné de lui-même au Rwanda où il se savait activement recherché. Ils sont par ailleurs convaincus que les charges retenues contre lui sont purement politiques.

Human Rights Watch (HRW) a estimé dans un communiqué que Rusesabagina avait été victime d’une “disparition forcée” dont les autorités rwandaises devraient répondre de manière exhaustive. Le président rwandais, Paul Kagame, a démenti qu’il ait été enlevé, mais laissé entendre qu’il pourrait avoir été trompé sur sa destination finale.

Dans une interview au New York Times, réalisée dans sa cellule en présence de deux officiers rwandais, Rusesabagina a dit qu’à Dubaï il pensait embarquer dans un jet privé à destination du Burundi, et non du Rwanda. (Fin).