Nouveau report de l’audience en appel de Rusesabagina, héros de “Hôtel Rwanda”

Le tribunal intermédiaire de Nyarugenge a pour la deuxième fois reporté l’audience en appel de Paul Rusesabagina dont l’histoire pendant le génocide de 1994 a inspiré le film hollywoodien “Hôtel Rwanda”.

Ce nouveau report a été demandé par l’accusé parce que son avocat n’était pas présent. La semaine dernière, Rusesabagina avait demandé que son audience soit ajournée au mardi 10 novembre, affirmant qu’aucun de ses avocats n’était disponible.

Avant l’audience de la semaine dernière, Rusesabagina avait deux avocats qui ont ensuite été rappelés par le barreau de Kigali au motif que l’accusé n’était plus éligible à l’aide judiciaire.    

Rusesabagina a d’ores et déjà embauché Maître Gatera Gashabana dans le cadre de son équipe juridique. Au cours de l’audience de ce mardi 10 novembre, le juge a déclaré que Maître Gatera Gashabana  avait demandé que l’affaire soit repoussée car il était toujours coincé en Tanzanie.

Rusesabagina cherche à contester la décision prise le 23 octobre dernier par le tribunal de prolonger de 30 jours supplémentaires sa détention préventive, comme l’avait demandé l’accusation.

Paul Rusesabagina n’a pas mis les pieds au tribunal ce mardi. L’homme de 66 ans a suivi l’audience en visioconférence depuis la prison centrale de Kigali connu sou le nom de «Mageragere » où il avait été placé en détention provisoire.

Rusebagina a fait valoir que son avocat Gatera Gashabana n’est pas encore dans le pays, demandant donc l’ajournement de son audience à une date ultérieure lorsque l’avocat sera présent.

Selon le juge, Gashabana a récemment envoyé une lettre au tribunal expliquant qu’il sera disponible le 20 novembre. L’avocat a attribué le retard à plusieurs mesures préventives Covid-19 en place, telles que les tests Covid-19 requis avant et après l’embarquement des vols.

Le parquet a déclaré que bien que la demande retarde l’audience, elle devrait être acceptée en raison du principe général selon lequel un suspect a droit à une représentation juridique. Cependant, le parquet a souligné que le suspect et son avocat devraient être avertis par le tribunal de ne pas retarder davantage la procédure.

Rusesabagina est actuellement détenu à la prison de Nyarugenge, et il assiste virtuellement  aux audiences du tribunal en raison des mesures en place pour empêcher la propagation de la pandémie de Covid-19.

Il fait face à plusieurs accusations, notamment le terrorisme, le financement du terrorisme, le recrutement d’enfants soldats, l’enlèvement, l’incendie criminel et la formation de groupes terroristes, entre autres.

Il aurait commis ces crimes en lien avec le Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), un parti politique soupçonné d’avoir un bras armé, le Front de libération nationale (FLN), un groupe considéré comme terroriste par Kigali.

A plusieurs reprises, Paul Rusesabagina avait publiquement exprimé son soutien au FLN mais son éventuelle implication dans le mouvement, qui a revendiqué plusieurs attaques à Nyungwe, près de la frontière burundaise, demeurait floue.

«Nous avons formé le FLN comme un bras armé, pas comme un groupe terroriste comme le dit le procureur. Je ne nie pas que le FLN ait commis des crimes, mais mon rôle était la diplomatie», avait-t-il clarifié devant le tribunal lors de sa comparution initiale.

«L’accord que nous avons signé pour former le MRCD, comme une plateforme politique, incluait la formation d’un bras armé appelé le FLN. Mais mon rôle était de travailler pour cette plateforme politique et j’étais en charge de la diplomatie», avait-t-il ajouté.

Paul Rusesabagina,-devenu opposant farouche au régime du président rwandais Paul Kagame-, dispose d’une notoriété mondiale depuis qu’un long-métrage hollywoodien – Hôtel Rwanda – a mis en lumière son action lors du génocide de 1994 au Rwanda.

Paul Rusesabagina a sauvé la vie de plus de 1200 personnes qui s’étaient réfugiées à l’Hôtel des Milles Collines dont il était le gérant intérimaire durant les cent jours du génocide en usant de son influence auprès des miliciens génocidaires. Mais le gouvernement rwandais conteste l’histoire de Paul Rusesabagina telle que présentée dans le film “Hôtel Rwanda” et l’accuse d’imposture.

Paul Rusesabagina a été arrêté au mois d’août de cette année dans des circonstances à la fois rocambolesques et troubles, et après des années d’exil en Belgique et aux États-Unis.  Les autorités rwandaises affirment qu’il est retourné de son propre chef au Rwanda et qu’il a été cueilli à l’aéroport international de Kigali.

Ses soutiens pensent qu’il a été enlevé au cours d’un voyage à Dubaï, estimant qu’il ne serait jamais retourné de lui-même au Rwanda où il se savait activement recherché. Ils sont par ailleurs convaincus que les charges retenues contre lui sont purement politiques. (Fin)