Nyange: La résilience économique de la coopérative des RRP+ leur a conféré valeur et dignité dans la société

Léonard Ntawukiramwabo, président de la coopérative dans le champ des RRP

Nyange, Musanze: La résilience économique de la coopérative « Girubuzima Nyange » ou coopérative des personnes infectées du VIH/Sida (RRP+) de la cellule Ninda, secteur Nyange, district Musanze, leur a conféré valeur et dignité dans la société, alors qu’auparavant elles étaient victimes du stigma et de la discrimination, selon Léonard Ntawukiramwabo, 52 ans, président de cette coopérative.

« En 2006, nous étions sept membres fondateurs tous infectés du VIH/Sida et qui avons créé cette coopérative : « Girubuzima Nyange » (signifiant aies la bonne santé, Nyange. Le stigma et la discrimination qui nous étaient infligés étaient élevés. Nous avons obtenu un champ d’un hectare, et nous avons cultivé la pomme de terre, le maïs et l’ail. Quand nous allions cultiver, tous les voisins s’arrêtaient pour nous regarder et parler de nous. Nos familles et nous-mêmes ne pouvions partager quoi que ce soit avec les voisins. Nous avons reçu un appui de RPP+ au niveau national et du district, soit 2,5 m millions Frw, ainsi que des formations pour renforcer nos capacités. Grâce à l’effet combiné de notre suffisance économique et d’une bonne gouvernance fustigeant la discrimination et l’exclusion, nous avons retrouvé notre dignité dans la société » témoigne Ntawukiramwabo.

Il a tenu ces propos devant une quarantaine de journalistes en visite de trois jours dans les coopératives des RRP+ en district de Musanze, notamment dans les secteurs de Nyange près des volcans, et Muko.

photo groupe des membres de la coopérative

La coopérative « Girubuzima Nyange » est passée de sept membres fondateurs et trente-huit actuellement, dont vingt sont séropositifs.

« Actuellement, la discrimination et le stigma ont reculé à 99%. Personne ne peut savoir que vous êtes porteurs du virus, si ce n’est vous-même et votre médecin. En 2005, j’ai su que j’étais infecté. Mon épouse venait de décider en 2004 du VIH/Sida, laissant quatre enfants, tous sains, et qui ont grandi maintenant. Un d’entre eux est enseignant. J’ai été mis sous le régime des ARV, en respectant les consignes. Maintenant, je suis en bonne santé. Je cultive mes champs et je fais tous les travaux que fait un homme chez lui. Le champ que nous exploitons a été productif, surtout la pomme de terre et l’ail qui soigne dix-huit maladies. Une fois par semaine, les membres de la coopérative se retrouvent pour travailler dans le champ qui nous rapporte un million Frw tous les six mois. En une année, chaque membre perçoit cinquante mille Frw et un sac de pomme de terre pour la consommation domestique », rapporte le président de la coopérative.

« Les voisins ont demandé à agrandir la coopérative, car ils ont constaté qu’elle rapporte des gains. Et que le sigma n’avait plus de place grâce à une bonne information et une bonne gouvernance qui ont modifié les perceptions. Nous sommes profondément reconnaissant envers le Président Kagame qui nous a fourni les ARV et la force. Nous survivons grâce à sa bonne gouvernance qui nous a donné une bonne santé, la sécurité et la paix », confie Ntawukiramwabo, en rehaussant vivement sa voix.

Les défis ne manquent pas pour cette coopérative qui se reconstruit encore et qui dispose de sa maison. D’autres besoins sont encore en place.

Le souhait est que chaque membre se paye régulièrement sa mutuelle de santé et s’achète une vache.

L’autre souci est la montée de nouvelles infections chez les jeunes. Le chef de la cellule et population font de leur mieux pour préconiser le bon comportement et le port du condom afin d’éviter les infections.

« Nous dénonçons les travers de la société lors des réunions avec le Secrétaire exécutif de la cellule. Nous sommes reconnaissants envers le RRP+ au niveau national et du district qui restent près de nous par leur encadrement, leurs conseils, et des formations dans la création des projets. Grâce à une bonne prise de ARV, j’ai pu me remarier et j’ai eu deux autres enfants, dont un est en 5ème primaire », confie encore le président de la coopérative des RRP+ de Nyange.

« Nous pensions que mon mari était mort du poison, alors que c’est le VIH/Sida qui l’a achevé » -Suzanne Nyirambonagaza, 50 ans

Une autre veuve de quatre enfants, Suzanne Nyirambonagaza de la coopérative des RRP+ de Ninda raconte le désespoir profond qu’elle a connu et duquel elle a été arrachée par cette coopérative.

Suzanne Nyirambonagaza.

« Je dois beaucoup à cette coopérative. Je vivais discriminée et bannie avec mes quatre enfants. Nous vivions tous avec ma belle-mère dans sa petite maison. Quand j’ai adhéré à la coopérative, nous avons partagé les bénéfices et j’ai acheté un mouton. La coopérative s’est renforcée. Elle nous a construit des maisons, avec portes et fenêtres.  C’était une étape capitale grâce à l’appui de RRP. Nous avons été victimes du stigma et de discrimination d’une manière fortement ressentie. Puis les comportements ont changé grâce à une patiente sensibilisation. Après un test au centre de santé de Gasiza en 2003, j’ai été testée séropositive. J’ai suivi le régime des ARV. Mes voisins et moi-même avons constaté que mon mari est décédé suite au VIH/Sida même s’il a rendu l’âme avant d’être testé. Nous pensions nous autres qu’il avait été empoisonné. Maintenant, je suis formée et je connais les affres du VIH/Sida et les moyens de l’éviter : toujours recourir au condom quand on ne sait pas accepter la continence », confie Nyirambonagaza.

« Nous sommes tous alignés derrière le Président Kagame qui nous donne des ARV gratuits. Il a fait des miracles pour nous. Avant je pesais 2 kg, et j’étais extrêmement amaigri. Maintenant je me suis revigorée grâce aux ARV et je peux porter sur ma tête 50 kg de pomme de terre », se réjouit-elle. (Fin)