Pourquoi les zones économiques spéciales n’ont pas encore produit des résultats en Afrique comme ce fut le cas pour les pays du Sud-Est asiatique?

L’Expert Adama Ekberg Coulibaly

Bujumbura: Lors de la réunion des Experts et Hauts Fonctionnaires de l’Afrique de l’Est et du Centre à Bujumbura du 26 au 29 Septembre dernier, l’on s’est posé la question de savoir pourquoi les zones économiques spéciales (ZES) créées dans nos pays n’ont pas encore produit des résultats en Afrique comme ce fut le cas pour les pays du Sud-Est asiatique ? L’Expert Adama Ekberg Coulibaly (A.E.C.), Chef des initiatives sous-régionales au Bureau de UNECA pour l’Afrique Centrale apporte sa réponse à André Gakwaya de Rwanda News Agency (RNA).

A.E.C – Comme vous le savez, dans tout ce que nous faisons, il faut accorder une attention particulière à la planification. Il y a bien entendu aujourd’hui la pratique de la planification axée sur les résultats. La différence entre les économies en Afrique en général, de l’Afrique Centrale et de l’Ouest en particulier, et les économies de l’Asie du Sud-Est asiatique, c’est une planification là-bas axée, je dirais, sur les priorités de l’industrialisation. C’est une planification industrielle qui est suivie et évaluée. Cela fait la différence entre nos économies et celles de l’Asie du Sud-Est. La différence entre nos économies et celles de l’Asie du Sud-Est, c’est cette aptitude d’une disposition d’esprit à être pragmatique. Il y a la planification industrielle d’accord, mais il y a le paragramme aussi de ces pays de faire des choix pragmatiques. Voilà.  Nous pensons qu’il est important de vraiment aller à l’essentiel, d’être des économies pratiques, avoir un leadership pragmatique et très vite prendre de bonnes décisions et aller à l’exécution.

Un panel sur l’infrastructure qualité par des Experts de UNECA

La discipline de l’exécution manque beaucoup dans notre sous-région ou dans notre région. C’est ce qui fait la différence. Nous sommes aujourd’hui comme des économies à mode de rattrapage continu, parce que c’est des économies qui sont disciplinées dans l’exécution, elles sont issues toutes des suites des résultats. C’est très important de planifier, mais aussi de mettre en œuvre les recommandations ou les choix qui sont faits à travers de bonnes décisions d’exécution. Donc, la planification est importante, mais la discipline d’exécution est aussi importante que la planification. Cette discipline d’exécution fait défaut. C’est ce qui implique de bons résultats que nous observons du côté de ces pays.

Un autre point important, c’est l’investissement. Ces économies sont attractives parce que ce sont des économies qui ont choisi ce qu’on appelle la chaîne des valeurs. La chaîne des valeurs signifie créer de la richesse à partir de la transformation sur place des matières premières dont nous disposons. Donc, cet aspect aussi, donc la richesse à partir des chaînes des valeurs que ça soit nationale ou régionale fait aussi défaut dans nos pratiques.

Le dernier point, c’est la zone économique spéciale que vous avez mentionnée. La zone économique spéciale est un outil très puissant d’attractivité des investissements directs étrangers. Les autres régions du monde en ont fait une recette pour aller très rapidement à l’industrialisation, à produire sur place des produits manufacturiers et les exporter. Ce qui n’est encore le cas en Afrique. Pour toute l’Afrique, nous n’avons environ que 250 zones économiques spéciales (ZES). Alors que pour six pays seulement en Asie du Sud-Est, on compte près de 1600 zones économiques spéciales réalisées. Donc, vous voyez tout de suite que pour 54 à 55 pays en Afrique, nous n’avons que 250 zones économiques spéciales, alors que dans la zone de l’association des pays de l’Asie du Sud-Est, nous avons 1600. Or, c’est à ce niveau que nous créons la richesse. C’est par les zones économiques spéciales qu’il faut passer pour transformer les matières premières de façon efficiente et les exporter de façon compétitive. (Fin)