Profanation d’un monument en mémoire des Banyamulenge massacrés en 2004 au Burundi

enterrement des réfugiés Banyamulenge, le 14 août 2004 , à Gatumba

Un monument érigé en mémoire des 166 Tutsi Banyamulenge massacrés en 2004 au Burundi où ils étaient réfugiés a été profané par les jeunes du parti au pouvoir « Imbonerakure ».

Le monument abrite les restes de 166 Tutsis de la communauté Banyamulenge. Ils ont été massacrés dans la nuit du 13 août 2004 à Gatumba (commune de Mutimbuzi en province de Bujumbura, Ouest du Burundi) non loin de la frontière avec la RDC, leur pays d’origine.

Selon des témoins cités par le Collectif SOS Médias Burundi  qui livre cette information, le chef de zone de Gatumba en compagnie de jeunes Imbonerakure ont maculé les écrits à l’aide de la peinture bleue. Les faits se sont déroulés le 10 décembre. Le chef de zone explique que le mémorial contribue à la déformation de l’histoire.

 

Des réfugiés Banyamulenge dévastés au milieu des ruines et cadavres des membres de leurs familles à Gatumba le 14 août 2004

Les poteaux servant d’embellissement du mémorial et des gerbes de fleurs déposés le 14 août ont été saccagés et jetés. Des cadenas de la porte d’entrée principale ont été changés et des sentinelles chassées, selon des témoins oculaires.

L’ordre de profaner le monument où reposent les 166 réfugiés de la communauté Banyamulenge massacrés dans une attaque attribuée aux FNL (Forces Nationales de Libération, mouvement rebelle hutu burundais) a été donné dans une réunion du 8 décembre, selon des sources proches du bureau de la zone de Gatumba.

Des membres du CNDD-FDD(le parti au pouvoir) originaires de la localité auraient indiqué qu’ils ne veulent plus voir le monument de Tutsis Banyamulenge dans leur zone. « Ils ont donné l’injonction aux autorités locales et aux Imbonerakure de profaner le monument », regrette un responsable local qui ajoute que le mémorial risque d’être démoli dans le futur.

L’affaire est connue par les responsables du CNDD-FDD au niveau national, croit savoir le Collectif SOS Médias Burundi, qui estiment qu’ils ne s’opposent pas au projet de destruction du monument.

Des habitants racontent que le chef de zone a interdit tout accès au monument. « Il a menacé d’arrêter toute personne qui osera se rendre à ce lieu, même les membres des familles des victimes qui viennent se recueillir ne sont pas épargnés. Des Imbonerakure sont postés autour du monument et ils sont payés pour ça », déplorent-ils.

Le chef de zone de Gatumba explique que la décision a été prise par la hiérarchie. Hassan Ntahetwa insiste par ailleurs que le mémorial contribue à la « déformation de l’histoire » sans donner plus de détails.(Fin)