RBC à Gafunzo (Sake) : Les tenues d’habillement provocantes forcent beaucoup de jeunes à ne pas utiliser le condom

Les jeunes Gikundiro et Sibomana

Sake(ngoma): Jean Marie Vianney Gikundiro est un jeune célibataire de 27 ans qui effectue le transport par vélo au marché de Sake, cellule Gafunzo dans le district de Ngoma en Province de l’Est. Il estime que les tenues d’habillement provocantes chez de belles filles attrayantes forcent beaucoup de garçons à se livrer à des rapports sexuels non protégés, sans condom. « Tant l’envie sexuel s’avère irrésistible et on se précipite à des rapports sexuels sans réfléchir et sans protection », avoue-t-il.

Gikundiro dit qu’il a traîné à se marier faute d’argent pour entretenir son ménage. Il juge qu’un condom à cent Frw est un prix élevé. Ce qui oblige certains jeunes à faire des rapports sexuels non protégés. L’avis est partagé par d’autres jeunes rencontrés au marché de Sake.

Vue du public savourant le show

“Mais la vie dure et la pauvreté sont à l’origine des jeunes filles qui vendent leur corps pour survivre à Sake. Ce sont des cas connus. Le prix pour une passe est de 500 Frw. Une tasse de thé et deux beignets suffisent pour avoir une jeune fille qui accepte de coucher avec un garçon. Et certains garçons préfèrent pratiquer des rapports non protégés, au lieu de dépenser trois cent Frw qu’on gagne difficilement”, poursuit Gikundiro.

Félicien Sibomana, 23 ans, vendeur de beignets s’est fait circoncire en 2021 et il n’a pas encore connu une femme. On lui montre souvent des femmes infectées et sous ARV. Ce qui provoque chez lui une peur bleue à l’envie de se livrer au sexe.

“La peine de prison de 25 ans infligée aux garçons qui engrossent de jeunes filles, ainsi que la peur d’attraper le SIDA me contraignent à éviter le sexe. Et puis j’éprouve une grande honte de m’introduire dans une boutique pour payer le condom. Les condoms sont disponibles mais ils coûtent chers chez nous. Il est regrettable que beaucoup de jeunes pratiquent des rapports sexuels sans protection”, informe Sibomana.

Interrogé sur les connaissances des jeunes pour éviter le VIH/SIDA, Sibomana répond que le Centre des Jeunes dispense une éducation en planification familiale (PF) et dans la lutte contre le VIH/SIDA.

Mais Sibomana montre des limites en cas d’exposition au VIH/SIDA ou au viol et sur l’urgence d’aller au Centre de Santé dans les 72 heures pour bénéficier d’un traitement.

Les mêmes lacunes sont visibles chez la jeune Claudine Niyonsenga, 20 ans, vendeuse d’habits usagers au marché de Saké depuis qu’elle a terminé sa 6eme année primaire. Il lui faut des informations suffisantes et précises sur ce cas. Elle avoue que beaucoup de jeunes filles de son âge ont besoin de rehausser leurs connaissances dans la lutte contre le VIH/SIDA. Heureusement que RBC est sur place pour mener une sensibilisation auprès de cette jeunesse qui se précipite pour solliciter le condom.

La jeune Niyonsenga;

“Mwisenya Turahari = Ne détruisez pas. Nous protégeons la communauté”-Jean-Nepo Ngandabanga 

Tel est le programme original lancé dans le district de Ngoma à des fins de résoudre les problèmes de la communauté.

“Nous voulons privilégier les valeurs de la culture et de l’identité rwandaise basées sur la valeur humaine et la dignité. Nous valorisons une bonne éducation de notre jeunesse”, indique le secrétaire exécutif de la cellule Gafunzo qui abrite le marché de Sake, Jean-Nepo Ngendabanga.

Il informe que des compétitions de football sont organisées entre les villages (imidugudu) de la cellule, et qu’à cette occasion des formations sont organisées pour les jeunes sur les valeurs qui bâtissent une cité organisée et solide. A cette occasion, l’on parle aussi de la lutte contre le VIH/SIDA, la prostitution, et le chômage. Il ajoute que sa cellule a enregistré cette année neuf cas de grossesses précoces chez les jeunes filles mineures de moins de 18 ans.

“Nous exhortons à de bons comportements chez les jeunes. Être fille-mère à moins de 18 ans ne permet pas de bâtir un bon futur. La prostitution résulte souvent de conflits non résolus dans des ménages dont les enfants sombrent dans le désespoir et la vie de rue et des bars. Nous descendons dans des écoles de Sake notamment le Groupe Scolaire et Twelve pour y animer des sensibilisations sur les valeurs rwandaises à sauvegarder”, poursuit Jean-Nepo.

Le secrétaire exécutif de Sake, Jean de Dieu Ndaruhutse, abonde dans le même sens et explique qu’un comité de trois hommes et trois femmes intègres ont été élus au niveau de chaque village pour aplanir les conflits familiaux et autres désaccords. Peu de cas non résolus sont acheminés au chef du village.  

Le Secrétaire exécutif de Saké Ndaruhutse

Ndaruhutse signale que le secteur Sake compte 568 personnes sous ARV et bien suivies par le Centre de Santé. Déjà 599 hommes ont été circoncis, et 16 cas de grossesses précoces ont été notés depuis juin 2022 à aujourd’hui.

“ Les gens tiennent à pratiquer des rapports protégés pour faire face au VIH/SIDA. Ils suivent des séances de sensibilisation. Surtout que le VIH/SIDA fait des décès devant leurs yeux. La prostitution existe malheureusement dans ce Centre qui agrandit et qui subit des influences extérieures inévitables. Mais nous exhortons les jeunes à travailler pour éviter le chômage. Les coopératives des jeunes fabriquent déjà du savon. Nous avons un secteur à vocation touristique qui construit des hôtels. Beaucoup d’activités recrutent des jeunes dans la construction du marché de Sake, la construction de la route macadamisée vers Nyanza, la construction du Centre de Santé et de postes de santé. Les jeunes ont des occupations pour ne pas se livrer à la prostitution et au chômage. Nous avons aussi des clubs anti-sida. Les Jeunes participent aux assemblées générales de populations et apprennent à éradiquer la prostitution. Chaque jeudi les clubs anti-sida se réunissent et forment à la protection de la vie”, précise-t-il.

Le programme “Wikwisenya : Ne te détruis pas”  forme à bâtir la communauté et à résoudre les conflits en sur base des valeurs qui bâtissent la communauté. Les parents font aussi de leur mieux pour éduquer les enfants. Nous avons tout ce qu’il faut pour avoir une communauté saine, sécurisée et stable”, souligne le secrétaire exécutif de Sake. (Fin)