Seize ans déjà: Un génocide de Banyamulenge de Gatumba/Burundi passé sous silence !

Ce massacre a eu lieu sous les yeux de la Communauté internationale. Ici un casque bleu de l’ONUB compte les cercueils. Puis ce sera le silence complice total. 

By Alain Rumenge*

Il est impensable que jusqu’à ce jour, 16 ans après, où nous commémorons et nous nous remémorons les nôtres (parce qu’ils ne doivent pas être oubliés) qui ont été génocidés à Gatumba à la frontière de la Province du Sud Kivu de la RDC, qu’aucun des organisateurs, commanditaires et/ou exécuteurs de ce crime ne soit encore jugé.

Des enquêtes financées ont été planifiées et organisées par des instances habilitées, qui n’aboutirent pas à des conclusions déterminantes et qui donnèrent des recommandations irréalistes.  Afin d’entretenir le flou, ces mêmes instances, faute de preuves, ont-elles dit, requirent de continuer à chercher ce qu’elles n’ont pas pu prouver.

L’enquête de l’ONUB/ Mission onusienne au Burundi et de la MONUC/Mission d’Observation des Nations Unies au Congo, organisée en 2004 après le Génocide des Banyamulenge de Gatumba restera une tâche noire dans l’histoire, comme tous les Génocides perpétrés sur les Tutsis depuis les débuts des indépendances des anciens colonies et tutelles belge d’Afrique Centrale.

Il est insensé en outre, que ces genres de crimes puissent passer pour imperceptibles. En ce 16 anniversaire-commémoration du génocide contre les Banyamulenge de Gatumba, l’heure est à la mise au point quant aux parrains de ce macabre crime. Ces commanditaires et exécuteurs se la coulent douce à Bujumbura, à Kinshasa ou partout ailleurs dans la région des grands lacs africains et certains ont même été portés aux plus hautes dignités ou ils les réclament.

Génocidaires Agatho Rwasa, Pasteur Habimana Abdoulaye Ndombasi impunis

L’alors porte-parole du FNL/Forces Nationales de Libération d’Agathon Rwasa, M. Pasteur Habimana, a déclaré haut et fort, peu après la commission de ce massacre de 166 simples réfugiés Banyamulenge qu’il avait commandité cette ignominieuse tâche uniquement parce qu’il s’agissait des Tutsis.

Sans pour autant se perdre dans les qualifications et les définitions juridiques des actes commis à Gatumba, (qui d’ailleurs clarifient ces actes de génocidaires), signalons que le Burundi et la République Démocratique du Congo, RDC, ont souscrit à la convention de Genève de 1948, sur la prévention et la répression du crime de génocide et des crimes contre l’humanité et d’autres conventions Internationales de protection des droits de l’homme. Étant parties à ces conventions, ces États se sont engagés à prévenir et à réprimer le génocide et les crimes contre l’humanité, que ce soit en temps de guerre ou de paix.

L’on sait que, selon le rapport du Human Right Watch de Septembre 2004, et témoignages concordants des rescapés et rapatriés burundais et congolais qui étaient sur place, les attaquants n’ont ciblé que les tentes dans lesquelles les Banyamulenges se trouvaient et n’ont pas attaqué les rapatriés burundais et autres congolais qui étaient dans le même camp.

Ceci nous permet de dire que ces actes ne visaient que les membres d’un groupe spécifique, identifié par son appartenance ethnique et nationale, notamment le Banyamulenge, Tutsi congolais. Ces actes sont incriminés par les mêmes conventions.

Selon les informations recueillies auprès des rescapés, rapatriés burundais et autres congolais qui vivaient dans le camp, l’on connaît encore que, les concepteurs et les auteurs de ce génocide et crime contre l’humanité sont venus du côté de la frontière de la République Démocratique du Congo et après avoir massacré les réfugiés, ils ont pris la même direction.

Ceci nous permet de dire que toutes les organisations et préparations ont été effectuées sur le territoire congolais, pays de ressortissants des victimes qui venaient de le fuir à cause d’autres actes commis contre eux par les troupes gouvernementales à Bukavu et Uvira au mois de mai 2004, et qui avaient coûté la perte d’une quinzaine des vies humaines, toutes civiles.

Curieusement, Abdoulaye Yerodia Ndombasi alors Vice-président de Joseph Kabila de la formule 1+4 avait été le concepteur des massacres qui avaient été commis sur les Tutsi congolais à Kinshasa en 1998, majoritairement Banyamulenge. Celui-ci eut brièvement droit à un mandat d’arrêt International lancé par un juge Belge. Étonnamment, ce mandat fût levé incognito et dans des conjonctures assez opaques.

De même, Agathon RWASA et son collaborateur Pasteur HABIMANA ont été, à un moment donné, visés par la Cour Pénale Internationale. Cependant, force est de constater comment la communauté internationale s’est précipitée en faisant pression sur le gouvernement burundais de négocier avec ces criminels.

Pourtant, le porte-parole du FNL, Habimana lui-même ne nie pas la possibilité et déclare qu’il n’hésite pas à comparaître devant une juridiction pénale internationale. Qu’attend faire le gouvernement burundais ? Que prévoit la République Démocratique du Congo pour réclamer justice d’une communauté de sa population ?

Une Communauté internationale aujourd’hui complice

Les Banyamulenges doivent-ils subir toutes sortes des géhennes et que cela n’émeuve personne ? Il est des situations qui ne doivent pas donner crédit l’affection à l’abominable. Les rescapés de Gatumba et leurs congénères demandent que justice soit faite. Bien qu’enfin, la politique ait ses méandres que le commun des mortels ne sait pas défricher, nous supposons que le gouvernement congolais demandera à ce que ces ethnocidaires ne se prévalussent pas d’une quelconque intégrité et que cela soit ainsi nommé ! D’ailleurs, il est incroyable et inconcevable même que des personnes de cet acabit soient absoutes et réhabilitées dans des fonctions.

Le renouveau démocratique au Burundi est-il mieux défendu par ceux qui se posent des questions sur les actions de leurs dirigeants ou par ceux qui les suivent avec un patriotisme partisan et aveuglant ? Devons-nous admettre une culture du cynisme et du sadisme ? Est-ce une faute de se poser ces questions, ou est-ce un devoir ? À cette dernière question la réponse est certainement, Non.

*L’auteur de ce texte Rumenge Nt. Alain est Maître ès sciences en Santé Publique, enseignant à la Faculté universitaire de Sciences de la Santé.

Il est aussi Militant de la lutte pour les droits de l’homme et Joignable à l’adresse e-mail Email : rummenigge1212@gmail.com Twitter : rumenge1.