Un accord de production hydroélectrique régional de Ruzizi III signé entre le Rwanda, le Burundi, la RDC

Kigali: IPS, la branche chargée de l’industrie et des Infrastructures du Fonds de l’Aga Khan pour le développement économique (AKFED) et SN Power, une société norvégienne d’énergie renouvelable internationale détenue par Norfund, ont signé hier à Kinshasa des accords sur le projet hydroélectrique régional de Ruzizi III avec les gouvernements du Burundi, de la République Démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda.

Les représentants de ces trois pays, les ministres des finances et les partenaires techniques ont apposé leurs signatures au bas du document.

Le projet Ruzizi III de 147 MW prévoit une centrale hydroélectrique au fil de l’eau située sur la rivière Ruzizi, qui s’écoule du lac Kivu jusqu’au lac Tanganyika en Afrique centrale. Elle délimite la frontière sud du Rwanda avec la RDC et forme également la frontière entre la RDC et le Burundi.

La chargée d’affaires a.i à la Délégation de l’Union européenne en RDC, Martina Tenko, parlant au nom des bailleurs de fonds, a indiqué que “les bailleurs de fonds ici présents sont très satisfaits de voir l’engagement de vos pays dans cet important projet qui a la capacité de changer le destin de la région des Grands lacs. Ruzizi III constitue le projet en partenariat public privé (PPP) le plus important appuyé par l’Europe dans la région des Grands Lacs puisque 50 % du financement total du projet sera apporté par les bailleurs de fonds européen, notamment l’AFD, la BEI, la KFW et l’UE. Ceci démontre à la fois la priorité donnée à la région et notre confiance en son développement”.

“Le premier vœu est que nous nous retrouvions en 2021 sur le site de la centrale pour la cérémonie de la pose de la première pierre et en 2026 pour son inauguration. Deuxièmement, le défi est que la cascade de la Ruzizi et ses centrales hydro-électriques soient un outil essentiel pour le développement, la gestion de l’interconnexion électrique et la fourniture permanente d’électricité d’origine renouvelable à toutes les régions des Grands Lacs”, a souhaité Martina Tenko.

Enfin, Martina Tenko, a fait savoir que le dernier défi est celui de l’accès à un prix abordable à l’électricité pour les acteurs de la région soit une source de développement et d’investissement au bénéfice des populations locales mais aussi facteur de stabilité, de paix, d’intégration de coopération dans la région.

S’exprimant lors de la cérémonie, M. Galeb Gulam, directeur général d’IPS(K) Ltd., a déclare : «Ruzizi III est un projet réellement révolutionnaire. Il s’agit du premier projet à financer par des fonds privés en Afrique subsaharienne qui utilisera une ressource régionale commune pour générer une énergie qui sera partagée de manière égale entre trois pays. Malgré les complexités et les défis auxquels cette région a été confrontée, ce projet crée un précédent unique pour les projets de partenariat public-privé à l’échelle mondiale. Ruzizi III contribuera de manière significative au développement socio-économique, en renforçant la confiance en ces économies, en améliorant l’accès à une énergie fiable et abordable pour des millions de personnes dans la région.»

Le projet bénéficiera à une population de 30 millions de personnes, dont 70% vivent sous le seuil de pauvreté et ont un taux d’accès moyen à l’électricité de 6%. Une fois en exploitation, Ruzizi III doublera la production actuelle du Burundi, augmentera de 33% la puissance nominale du Rwanda et fournira l’énergie de base nécessaire dans l’Est de la RDC, une région isolée du réseau interconnecté de la RDC.

«Ce projet phare génèrera de l’énergie propre et renouvelable, réduisant la dépendance de la région à une production thermique coûteuse qui revient actuellement à plus de 35 cents US par kWh. Cela réduira également la dépendance des communautés locales vis-à-vis du bois de chauffage et du charbon, qui constitue une menace majeure pour les forêts et la biodiversité des pays », ajoute M. Erik Knive., président et directeur général de SN Power, chef de file des projets hydroélectriques dans les marchés émergents et qui apporte une solide expérience technique au consortium.

Le projet est structuré comme un projet de production indépendante d’électricité (IPP) basé sur une structure de type Build, Own, Operate, Transfer (« BOOT »). Il est soutenu par un accord de concession de 25 ans et des accords d’achat d’électricité (PPAs).

Les services publics des 3 pays signataires seront chargés de développer les lignes de transport qui évacuent l’énergie de la sous-station principale de Kamanyola vers les principaux centres de distribution.

Avec un coût estimé du projet de 650 à 700 millions de dollars, Ruzizi III génèrera de l’électricité qui devrait coûter de 11 à 13 cents US par kWh.

«Compte tenu de l’éloignement et des défis inhérents à la centrale énergétique, le maintien d’un tarif abordable est crucial. Le financement du projet devrait engendrer la plus grande levée de fonds mixte de la région, composée d’une combinaison unique de fonds concessionnels, de dettes commerciales, de subventions des Etats contractants et de fonds privés ; une première de ce genre en Afrique», a expliqué M.Gulam.

Le financement concessionnel devrait être assuré entre autres par la Banque Africaine de Développement(BAD), la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Union européenne (UE), la KfW , l’AFD et la Banque mondiale.

Pour IPS, Ruzizi III fera partie de la plateforme Africa Power récemment créée par IPS, CDC et AKFED.

«Même si le parcours a été long et fastidieux depuis que nous avons remporté l’appel d’offres international, notre vision commune du développement nous a menés jusqu’ici. Le jalon important que nous célébrons aujourd‘hui est donc un témoignage de l’appui et de la coopération de tous les partenaires, aussi bien au niveau des gouvernements du Burundi, de la RDC et du Rwanda, d’Energie des Grands Lacs (EGL) et les Institutions de Financement du Développement (IFD). Nous tenons à saluer cette collaboration, que nous apprécions grandement» a déclaré Kevin Kariuki, Directeur des infrastructures chez IPS.

Le financement du projet devrait être finalisé en 2021 et la centrale opérationnelle à horizon 2025/2026. (Fin)