Vaincre le paludisme, est-ce possible ?

Panneau sur un grand accès routier sensibilisant la population à dormir sous la moustiquaire

« La personne qui n’a pas de moustiquaire, qui ¬n’assainit pas son environnement ou qui ne se fait pas soigner à temps est aussi imprudente que celle qui a des rapports sexuels non protégés ». Cette déclaration d’un agent du Programme de lutte contre le paludisme (PNILP) est un signal fort qui marque le sérieux et les efforts que ce programme –le PNLP- consent pour éradiquer la malaria.

Depuis quelques années le Rwanda a fait des progrès remarquables dans la lutte contre le paludisme aussi bien sur le plan de la prévention que la prise en charge des malades atteints de malaria. Avec l’appui de Global Fund, plus de 3millions de moustiquaires ont été distribuées depuis 2005 à travers une grande campagne d’immunisation et de soins prénatals intégrés. En 2007, plus de 60% des enfants de moins de 5cinq ans et des femmes enceintes ont pu dormir sous les moustiquaires imprégnées. Un progrès assez substantiel car en 2005 le pourcentage ne dépassait pas 16%.

En 2006, le Rwanda a mis à la disposition de tous les hôpitaux et centres de santé publics et privés des nouveaux médicaments contre le paludisme plus efficaces. Actuellement des agents de santé dans 21 districts sur 30 que compte le pays peuvent donner des médicaments et des soins spéciaux destinés aux enfants. Dans plus de 80% de pharmacies privées se trouvent également ces médicaments pour enfants souffrant de malaria. La disponibilité de ces médicaments pour enfants permet au Rwanda de s’assurer que la majorité des enfants qui souffrent de malaria sont soignés correctement.

Entre 2007 et 2009, une pulvérisation intra domiciliaire pour éliminer les moustiques des maisons a été effectuée dans cinq districts avec l’aide des Etats-Unis à travers le programme « US President’s Malaria Initiative ». En 2009 ce programme a déjà permis de couvrir 97% des ménages visés dans ces districts pilotes.  

Un plan de lutte

En 2005 le PNLP a mis à jour un plan de lutte contre les épidémies de paludisme au Rwanda. Et ce plan a prouvé que faire reculer le paludisme est possible. En l’espace de deux ans seulement (entre 2005 et2007) les autorités rwandaises sont parvenues à reduire de plus de 60%, le nombre de cas et de décès. Un triomphe qui a été obtenu grâce à une coordination étroite avec les bailleurs de fonds internationaux.

Les moyens utilisés sont simples : livraison ininterrompue de traitements efficaces à base d’artémisinine, et distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticide. Le résultat, obtenu en moins de deux ans, est sans équivoque. Le Rwanda, pour être plus précis,  a réduit de 64% le nombre des infections et de 66% les décès chez les enfants de moins de 5 ans.

A l’occasion de cette Journée mondiale du paludisme fêtée chaque 25 avril, voilà des réussites qui viennent une nouvelle fois confirmer que cette maladie peut être contrôlée. Quand la volonté politique est là il suffit de libérer les moyens nécessaires, car ils existent.

Un changement de mentalité s’impose

Le plan de lutte contre le paludisme est incontestablement une réussite au vu de ses résultats. Bien que le paludisme reste la principale cause de mortalité chez les enfants il importe de souligner que le taux de mortalité a été fortement réduit et ce au fur des années. Ce taux qui a été réduit à plus de 65% peut l’être d’avantage si une partie de la population comprenait mieux les mesures prises pour éradiquer le paludisme. Des propos recueillis dans quelques districts où s’et déroulé en 2008 la deuxième campagne de pulvérisation intra domiciliaire, il ressort que d’aucuns ne comprennent pas du tout le bien-fondé de cette méthode de prévention.

«Ce produit est nul. Au lieu de diminuer les moustiques il ne fait que les développer », a déclaré à Grands Lacs Hebdo Gilbert Kabareke, 28 ans, étudiant à l’ UNILAK (Université laïque adventiste de Kigali) et résident de Rubungo dans le district  de Gasabo. Il a en outre ajouté que non seulement le produit aspergé accroît la reproduction des moustiques mais aussi il est nocif à la santé.

Marie Gorette Nyinawimpuzi, 33 ans, résidente de la cellule de Masaka du même district, est enthousiaste sauf qu’elle redoute les effets néfastes éventuels. « J’ai peur de tomber  malade comme ce fut le cas pour ma cousine qui habite à Nyarugenge pendant la première phase».

Il n’y avait pas eu que des sceptiques lors de cette campagne de pulvérisation. Les élèves de King David College de Kanombe interrogés ont affirmé que ce programme est à encourager sauf qu’il faut une sensibilisation tous azimuts sur son bien-fondé avant sa mise en œuvre. Chose qui a fait cruellement défaut, de leur point de vue.

De nationalité congolaise et âgé de 35 ans, Patrick Nkusinza vit à Biryogo, l’un des quartiers les plus sordides de la capitale. «Je ne suis pas enthousiaste. C’est gênant parce qu’on est obligé de vider la maison avant la pulvérisation ou d’y sortir certains articles ménagers.  C’est très gênant», se plaignait-il.

Les propos de ces habitants montrent clairement que certaines personnes ne comprennent pas encore le bien fondé de certaines mesures prise pour prévenir voire éradiquer le paludisme. D’où la nécessité de renforcer les stratégies de communication pour que toute la population apporte son adhésion.