WFD 2021: «La FAO est en train de tester dans Rulindo au Rwanda le modèle de production agricole intégrée» – Gualbert Gbehounou

Le Représentant de la FAO au Rwanda, Gualbert Gbehounou, plante un arbre fruitier.

Bushoke (Rulindo): En marge des cérémonies de célébration de la Journée Mondiale de l’Alimentation 2021/ World Food Day 2021 (WFD2021), le Représentant de la FAO au Rwanda, Gualbert Gbehounou (G.G.), a informé que dans Rulindo au Rwanda, la FAO est en train de tester le modèle de production agricole intégrée. Lire son interview recueillie par André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) : 

ARI- Que devons-nous retenir d’important en cette Journée Mondiale de l’Alimentation 2021 ?

G.G. – Alors, ce c’est qu’il y a d’important à retenir d’abord le thème. En anglais on a dit : « Les actes que nous posons aujourd’hui déterminent notre avenir ».  Le thème, c’est en fait tout un programme d’actions.

Meilleure production. Il nous faut produire mieux. Cela veut dire que notre façon de produire tout en gardant un niveau élevé de rendement lorsqu’il s’agit de l’agriculture. Il faut faire en sorte que notre production soit plus efficiente. On utilise mieux les facteurs de production, on utilise mieux les ressources naturelles de production, ainsi de suite, pour améliorer la production. La vision de la FAO, c’est produire plus avec moins.

Meilleur environnement. Notre production de nourriture ne doit pas dégrader l’environnement dans lequel elle est produite. Au contraire, elle doit l’améliorer. Si notre production dégrade l’environnement, elle ne peut pas être durable. La productivité va baisser. La conséquence est que le monde n’aura pas à manger.

Meilleur alimentation. Aujourd’hui, il y a une forte proportion de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Egalement le nombre de personnes en situation d’obésité augmente. Ça veut dire que nous mangeons mal. Il nous faut manger plus équilibré. Manger mieux. Et comment ça va se passer ? Ça va se passer si nous avons une production agricole diversifiée et si la transformation des alimentes ne dégrade pas leur qualité. C’est de ça quand nous parlons de « better nutrition, meilleure alimentation ».  Tout ça évidemment, c’est pour que nous vivions mieux.

ARI–  Quelle est la contribution de la FAO à une meilleure alimentation au Rwanda ?

G.G. – Alors, ce que la FAO fait, c’est en conformité avec ce thème. La FAO supporte ses pays membres à s’engager dans une production agricole durable. Meilleure production, meilleur environnement et meilleure alimentation pour une meilleure vie. Qu’est-ce que nous faisons ? La FAO teste des modèles de production  agricoles qui permettent de réaliser cela. Je suis content que la Journée de l’Alimentation se passe à Rulindo, car ici que la FAO a commencé il y a cinq ans de cela une production alimentaire agricole durable. La FAO est en train de tester dans Rulindo ici et ailleurs au Rwanda le modèle de production agricole intégrée. On intègre la production végétale avec la production animale et la pisciculture.  Si vous prenez la coopérative des horticulteurs, la FAO travaille, teste ce modèle dans le bassin de Nyanze, et les horticulteurs qui produisent leurs légumes. La FAO a conçu des réservoirs d’eau pour ces horticulteurs, on leur a offert des alevins, de petits poissons, pour qu’ils les fassent reproduire ces alevins dans les réservoirs d’eau. On a intégré à leur production maraîchère la pisciculture. Et on leur a offert des porcelets. Il faut maintenant la culture maraîchère, pisciculture et levage des porcs.  C’est diversifié. A partir de l’eau, ces horticulteurs peuvent maintenant faire la pisciculture. Vous avez le better production. Et le  better production continue parce que les déjections des procs peuvent être utilisées comme engrains organiques. Vous voyez que ces paysans ont maintenant besoin d’utiliser moins d’intrants extérieurs.

Meilleur environnement- Sachant qu’ils ont des poissons dans les réservoirs d’eau, ils vont faire attention  à l’utilisation de pesticides, parce que s’ils les utilisent mal, ça peut empoisonner l’eau et tuer les poissons.  

En plus nous leur apprenons la lutte intégrée. Au lieu d’utiliser les pesticides à l’aveugle, on leur apprend à utiliser les pesticides quand c’est nécessaire. Quand on combine les trois choses, le revenu des paysans augmente parce qu’ils sont en mesure de vendre les cultures maraîchères, du poisson et des porcins. Ce qu’on appelle meilleure vie parce que leur revenu augmente.

ARI- Dans quelle mesure la Covid-10 a-t-elle impacté négativement les activités de la FAO ? 

G.G. –  Pendant le confinement, nos activités ont ralenti sur le terrain, mais très vite la FAO s’est adaptée et a trouvé des formules qui nous ont permis de garder un bon niveau d’activités. Les missions de terrain  de nos collègues qui sont en dehors du Rwanda n’étaient plus possibles. On a gardé ce qu’on appelle les visites virtuelles de terrain. C’est-à-dire que l’équipe qui est au Rwanda va sur le terrain parce dans le domaine de l’agriculture, les mouvements étaient permis, ceux qui sont à Rome interviennent en ligne.

Nous avons réorienté certains projets pour aider les paysans. Par exemple, on a réorienté un de ces projets. On a pris l’argent de ce projet pour acheter les semences, des cultures maraîchères et vivrières que nous avons distribuées au paysan.

ARI – Votre message au public…

G.G. – Nous sommes encore pendant la pandémie. Il faut se faire vacciner et respecter les mesures préventives édictées par le Gouvernement. C’est la condition de la production agricole à la base. C’est un message général. (Fin)

Pour les paysans, il faut s’engager dans un modèle de production intégré dont je parle. C’est un modèle que nous avons testé à Rulindo, c’est un modèle qui marche et je le recommande. Surtout qu’au Rwanda, l’exploitation agricole ne se passe pas sur de grandes surfaces. Il faut maximiser la production sur de petites échelles. Pour réussir ça, il faut aller vers cette intégration, production animale, végétale et pisciculture dans la mesure du possible.  Parce que ça garantit une bonne nutrition, un meilleur revenu au cas où les prix s’effondrent dans l’un des secteurs, le paysan a encore un ou deux autres secteurs pour se rattraper.

Quand le revenu est bon, le paysan ne quitte pas l’agriculture. On ne va pas voir des migrations des villages vers les villes. Evidemment il y a des mesures d’accompagnement dont les paysans ont besoin, l’accès au crédit,  aux innovations… et le Gouvernement rwandais le fait. Je l’encourage à continuer à le faire pour faire de l’agriculture un business. (Fin)