Arnaud Leclercq
Un Projet soutenu par Enabel et l’UE a réuni à Kigali, du 10 au 14 Septembre 2023, 27 innovations sociales numériques de douze pays africains afin de répondre à des défis sociaux mais en utilisant les technologies numériques, selon Arnaud Leclercq (A.L.), Directeur en charge du Portofolio-Global Projects. Lire son interview à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) :
ARI- Pourquoi cet atelier ?
A.L. – Cet atelier entre dans le cadre d’un programme de mise en œuvre par Enabel, l’agence belge au développement, qui vise à promouvoir les innovations sociales numériques. C’est-à-dire des innovations qui visent à répondre à des défis sociétaux, mais en utilisant les technologies numériques. Et le focus est vraiment mis sur les interventions qui proviennent de la société civile ou du secteur public. Voilà, c’est ça le focus du programme. Alors on appuie environ 27 innovations dans douze pays africains mis en œuvre par une cinquantaine d‘organisations depuis déjà quelques années. On les rassemble dans un réseau où ensemble elles peuvent réfléchir sur ce que ça signifie faire des innovations sociales, quelles sont les forces et les difficultés. Quelles sont les spécificités d’innovations sociales. Parce qu’on parle aujourd’hui beaucoup d’entreprenariat et d’innovations, des startups, etc. Plus dans le secteur privé. Mais nous on pense qu’il y a place importante aussi pour la société civile, le monde académique et le secteur public, venir avec des innovations et répondre à des défis sociétaux. Donc on les met ensemble dans un réseau des partages de connaissances depuis trois ans. Ils interagissent, ils ont ces débuts de l’expertise, toutes ces activités se font surtout en ligne par ces projets répartis sur tout le continent. Et aujourd’hui, on les a rassemblés ici à Kigali pour se rencontrer physiquement, et pendant une semaine travailler ensemble. On a prévu un événement ouvert à l’extérieur et donc c’est ce qu’on fait aujourd’hui ici.
ARI- Donnez-nous une de ces innovations ?
A.L. – Je peux vous donner un exemple. En Ouganda, on appuie un hôpital qui a mis en place une manière de réduire les délais pour une femme qui doit accoucher. Souvent le délai pour arriver au premier centre de santé. C’est un délai très critique, le transport. C’est un moment très critique en zone rurale parce que les routes sont mauvaises, parce qu’il n’y a pas voitures, etc. Alors, ils ont mis en place une innovation : « la femme enceinte qui suit toutes les visites prénatales » tel que prévu par le Ministère de la Santé reçoit un code qu’elle peut utiliser sur son téléphone portable, qui ne doit pas être un smartphone, un simple téléphone. Quand on l’active ce code, il y a un bodaboda, une moto taxi qui vient la chercher et en même temps le Centre de Santé est déjà informé que la femme enceinte arrive. Ils ont ces coordonnées, ils ont son dossier, ils savent que c’est elle qui arrive, et ça, ça permet de réduire d’environ 90 minutes à 30 minutes ce délai qui est tellement important. Et si nécessaire, cela active le deuxième Centre, le deuxième niveau, le niveau district, s’il y a des complications au moment de l’accouchement.
Les panélistes animent les sessions
ARI- L’alerte est donnée par qui ?
A.L. – Donc en utilisant le téléphone, il y a un système numérique qui est en réseau, donc elle envoie un simple message, un SMS, et cela active un message chez le taxi moto, qui a été d’ailleurs formé pour transporter les femmes enceintes, et ça active un message au niveau du Centre de Santé qui peut déjà préparer la salle d’accouchement et qui peut déjà prendre le dossier de la femme, et qui sait directement qui arrive.
ARI- Vous avez réuni combien de personnes ici à Kigali ?
A.L. – Ici on a 27 projets. Mais on a beaucoup de projets qui sont mis œuvre par des consortiums d’organisations. On a parfois d’ailleurs des consortiums où on a un mélange des secteurs publics et des sociétés civiles qui d’ailleurs est très intéressant parce que ça couvre l’ensemble de la société. Et donc, on a ici environ 50 organisations qui mettent en œuvre ces 27 innovations issues de douze pays différents, mais africains.
ARI- Et vous êtes Enabel Belgique ?
A.L. – Nous on est basé en Belgique, mais on travaille avec Enabel Rwanda. On est une entreprise, une société.
ARI- Le projet est financé à hauteur de combien ?
A.L. – Le projet est financé par la Belgique et par l’Union Européenne. Nous Enabel, on met en œuvre le programme et on appuie des projets d’innovations. Mais ce n’est pas nous qui finançons le projet. Le financement initial vient de la Belgique et de l’Union Européenne.
Session d’échanges
ARI- Qu’attendez-vous de ce projet organisé à Kigali ?
A.L. – On attend beaucoup de choses.
Premièrement : Tous ces projets, ces 50 personnes issues de beaucoup de pays différents, ont l’habitude depuis trois ans de travailler en ligne et ici à Kigali, elles se retrouvent ensemble en présentiel, donc c’est très riche comme échange. Cela permet aussi d’avoir une vue sur l’ensemble des projets qui sont mis en œuvre, d’interagir, de partager de bonnes pratiques, sur les difficultés, réfléchir sur des solutions pour l’avenir. Ça c’est une première chose.
Une deuxième chose, ce réseau pour l’instant on le facilite, on l’a mis en place il y a trois ans. Mais on souhaiterait qu’il réponde aux besoin des membres, des innovateurs qu’on appuie, et que ce réseau soit porté par ces membres. Et donc, on réfléchit aussi à ça, demain matin on a une session atour de ça.
Et troisième chose, ici on est au Rwanda, pays qui a mis le numérique dans sa vision de l’avenir, vision 2050, même dans ses politiques. Et donc, c’est porté ici par les politiques, et donc ça nous semble être l’endroit parfait pour faire la promotion des innovations issues du monde public, des institutions publiques, et on espère ici que grâce à cet événement, cela permettre aussi à nos projets d’être visibles pour le système rwandais et échanger avec les partenaires. (Fin)