Des prières du parti présidentiel au Burundi qui s’attaquent au Rwanda

Kigali: Le CNDD-FDD, parti présidentiel au Burundi, multiplie les meetings électoraux depuis le début de la semaine. Régulièrement, les militants y étrillent leurs « ennemis » : le Rwanda, l’Europe et les États-Unis.

Le mercredi à Muramvya (Centre du Burundi) le candidat à la présidentielle, Évariste Ndayishimiye, a été accueilli par une prière. Une tradition au CNDD-FDD qui souhaite « donner la première place à Dieu ». Avant d’écouter les discours du chef de l’État et de son dauphin, une militante a donc prié.

Dans une vidéo que le Collectif «SOS Médias Burundi» a visionné, elle s’adresse au Seigneur en kirundi en ces mots : Oh Seigneur ! Marche aux côtés d’Évariste. Dirige notre Rocher, ses pas (…) fais le asseoir dans le palais de Ntare (nom du palais présidentiel), donne à nous Burundais l’esprit de le respecter comme nous respectons notre éternel Pierre Nkurunziza.

Et la jeune femme de continuer d’implorer Dieu tout en fustigeant « les ennemis ». Notre Rocher, nous te le demandons. Fais en sorte que les ennemis du Burundi qui sont actuellement confinés le restent. Et jusqu’à la fin de nos élections. Que Kagame nous visualise sans nous atteindre, que les États-Unis nous observent avec leurs armes sans nous atteindre, que les réunions de l’Union Européenne sur le Burundi soient vouées à l’échec (…) Nous te demandons de faire de nous une nation à part entière.

Le président de la République et le candidat n’ont fait aucun commentaire après ce qu’ils venaient d’entendre. En revanche un plan de la vidéo montre la femme de ce dernier, Angeline Ndayubaha très gênée. Le couple n’a d’ailleurs pas relevé la tête durant la prière en question. Depuis 2015, le CNDD-FDD interdit le gospel rwandais lors de ses grands rassemblements.

Le document qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux a provoqué de nombreuses réactions. « C’est une honte pour des gens qui disent prier Dieu mais qui souhaitent le malheur aux autres. C’est une bêtise », peut-on lire sur des comptes de ressortissants rwandais. (Fin)