District de Ruhango: 65% des Femmes et 1600 hommes sous régime de la Planification Familiale

Usanase Jean-Paul, et son épouse, Triphine Murangamirwa, et leurs deux fillettes’;

Iradukunda Yvette, est une jeune femme de23 ans. Elle habite le village de Kavumu, cellule Rwoga, dans le secteur et district de Ruhango. Elle est en consultation au Centre de Santé de Kigoma pour bénéficier des services de la planification familiale. Elle est mariée et mère d’une petite fille de trois ans.

« Je suis venue dans ce Centre de Santé afin de limiter les naissances. Je me suis mariée trop jeune alors que j’avais 17 ans. J’ai tardé à avoir un enfant. J’ai mené une vie dure pendant que mon mari était retenu par le service et n’habitait pas avec moi. Dans la suite, j’ai eu la chance d’avoir une petite fille qui a trois ans maintenant. J’estime toujours qu’avoir trop d’enfants s’avère un frein pour la croissance et les bonnes conditions de vie du ménage. Trop d’enfants est un lourd fardeau pour la femme qui n’a plus le temps de travailler pour améliorer la vie de sa famille. J’ai ainsi décidé en accord avec mon mari de limiter les naissances et d’avoir le second enfant dans cinq ans au moins», confie Iradukunda.

Des jeunes mamans en quête des services de PF.

Elle ajoute qu’après cette période, elle aura renforcé ses capacités pour subvenir aux besoins d’éducation, de nutrition, et de bonne santé de ses enfants.

« Dans ma famille, nous sommes quatre enfants. Mais mes parents n’ont pas pu nous payer des études suite à leurs moyens limités. Moi j’ai trouve une ONG qui a subventionné ma scolarité. Il me faut travailler et bien terminer l’hôtellerie pour que le sort que j’ai connu ne soit pas celui de mes enfants. Il y a des gens dans notre quartier qui ont beaucoup d’enfants. La maman ne peut pas se chercher du travail ailleurs, car le ménage connaîtrait des dégâts sans sa présence permanente au domicile. Par ailleurs, je connais une tante en ville qui a eu onze enfants. Elle accouchait chaque année. Il etait difficile de nourrir et de scolariser tous ses enfants. Quand je leur ai rendu visite en vacances, il n’y avait pas de la nourriture pour tout le monde. Je suis rentrée amaigrie. Les enfants se disputaient l’assiette au moment des repas. C’est déplorable de faire grandir ses rejetons dans une telle pauvreté et une effroyable malnutrition, parce qu’on n’a pas su planifier les naissances », fait encore remarquer Iradukunda.

Usanase Jean-Paul, 34 ans, maçon,  et son épouse, Triphine Murangamirwa, 32 ans, vendeuse de produits agricole au marché,  habitent aussi le secteur de Kigoma, cellule de Rwoga, village de Ruhome, depuis sept ans. Ils ont respectivement deux fillettes de 4 ans et  7 ans. Ils ont espacé les naissances  par des services de planification familiale (PF) afin d’avoir le temps d’améliorer leurs conditions de vie. Cela leur a permis de se construire une maison même si celle-ci doit encore bénéficier de quelques travaux de finissage.

« Quand on a beaucoup d’enfants, vous ne pouvez pas leur fournir une alimentation équilibrée. Je suis capable d’acheter des œufs ou d’élever des poules qui donnent régulièrement des œufs pour deux enfants. Mais je n’ai la possibilité de le faire pour cinq enfants », souligne Usanase.

Son épouse Triphine se réjouit d’avoir planifié ses naissances. Cela lui a permis d’avoir des enfants bien nourris, bien éduqués, qui fréquentent l’école primaire et la maternelle du coin.

« Trop d’enfants aurait été un risque pour moi. Ils seraient devenus des enfants de la rue et des mendiants. Je compte avoir un troisième enfant et m’arrêter là », tranche-t-elle.

L’infirmier titulaire adjoint du Centre de Santé de Kigoma, Emmanuel Siborurema, informe que les femmes et les hommes autour de ce Centre acceptent de bénéficier des services de la planification familiale (PF). Jusqu’aux jeunes filles sexuellement actives qui veulent éviter des grossesses non désirées. Seulement, celles-ci ne veulent pas que leur identité soit divulguée pour des raisons de décence et de respect de la vie privée. Mais elles entrent dans les bureaux de PF sans complexe.

« Nous donnons de bons conseils aux personnes qui ont de fausses perceptions sur le PF. Nous leur disons que le PF permet d’éviter la malnutrition et les retards de croissance. Un pays qui veut se développer et atteindre la croissance intégrer impérativement les services de PF dans son agenda. 65% de femmes du secteur Kigoma reçoivent les services de PF, et 3 hommes ont bénéficié des services de la vasectomie depuis Janvier 2021 », précise-t-il.

Dans le District de Ruhango, le programme de PF devient de plus en plus populaire dans la communauté.

Le Maire de Ruhango, Valens Habarurema.

Mais ce qui est encore plus important, c’est que les hommes ont aussi adhéré à ce programme et environ 1 600 hommes ont déjà  bénéficié de la vasectomie. Ce chiffre est en augmentation. C’est un bon signe que le programme de PF sera accepté, surtout que les femmes représentent 50% de la population, et les hommes autant.

« C’est un bon signe que les gens acceptent de mettre au monde des enfants qu’ils vont élever décemment et réaliser pour eux les objectifs de prospérité. Un ménage qui n’a plus la force de travailler n’est plus un pilier pour le pays, mais un fardeau. Nous passons notre temps à expliquer que pour un ménage, deux enfants qui ont été bien nourris, qui ont bien étudié, deviennent plus utiles à la famille que des enfants qui ont grandi dans la misère.  C’est bon de remplir la terre comme le prêche la Bible. Mais il faut dans ce cas que nous soyons dans de bonnes conditions de vie », a-t-il dit.

Il a informé que le taux de malnutrition dans Ruhango est passé de 41% en 2018 à 28% aujourd’hui, alors que la moyenne du pays est 31%. Sur les 85 000 ménages que compte Ruhango, 12 000 ménages sont dans la première catégorie d’Ubudehe. Donc, un enfant née dans cette catégorie bénéficie d’une assistance pour ne pas vivre dans la misère.

Les enfants hospitalisés pour malnutrition aiguë (dans le rouge) sont actuellement cinq. Ceux qui sont malnutris et suivis à domicile (dans le jaune) sont 20. Ces deux catégories de 25 enfants signifient des enfants qui sont nés avec des problèmes congénitaux de santé. Le nombre d’enfants malnutris cette année 2021 était environ 200.

Le Maire de Ruhango Habarurema a exprimé sa gratitude au Projet de Prévention de Retard de Croissance (SPPR ) pour ses services au District. Il a réaffirmé l’engagement du District de Ruhango à guérir tout enfant confronté au problème de malnutrition aiguë. (Fin)Attachments area