LE 19 AVRIL 1994: LA MISE EN OEUVRE DU GÉNOCIDE PERPÉTRÉ CONTRE LES TUTSI À TRAVERS TOUT LE PAYS*

By Dr Jean-Damascène Bizimana;

Le 19 avril 1994, le gouvernement génocidaire continuait à mettre en œuvre son plan d’extermination des Tutsi dans toutes les régions du pays. Dans le cadre de continuer à rappeler l’histoire du Génocide, voici ci-après le rappel de massacres de Tutsi qui ont été commis le 19 avril 1994.

1. Discours haineux du Président Sindikubwabo à Butare, demandant à la population de Butare de “exterminer les Tutsi” et nomination d’un Préfet extrémiste qui devait mettre en œuvre le Génocide à Butare

Le 19 avril 1994, le gouvernement génocidaire a limogé le Préfet Habyarimana Jean Baptiste qui avait essayé de prévenir les massacres à Butare, même si lui-mêmeétaitmenacé parce que Tutsi, et l’a remplacé par Sylvain Nsabimana. Celui-ci était membre du PSD. Il a été Préfet de Butare pendant deux mois et  a dirigé les massacres du 19 avril 1994 au 17 juin 1994. Il a été arrêté au Kenya le 18 juillet 1997, et a été jugé et condamné pour crime de génocide à 18 ans de prison par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR).

Le Préfet Nsabimana Sylvain a collaboré avec Pauline Nyiramasuhuko, Shalom Arsène Ntahobali, André Rwamakuba, Sylvain Nsabimana, Alphonse Nteziryayo, Joseph Kanyabashi, Ladislas Ntaganzwa et Elie Ndayambaje, et avec des militaires dont le lieutenant-colonel Tharcisse Muvunyi et le capitaine Ildephonse Nizeyimana qui étaient en poste à l’Ecole des Sous-Officiers (ESO), pour exterminer les Tutsi de la ville de Butare et de toutes les communes de cette préfecture.

Le même jour, le Président du gouvernement génocidaire Theodore Sindikubwabo a appelé la population de Butare à exterminer les Tutsi. L’Etat génocidaire a mis beaucoup d’efforts dans la mobilisation de la population pour tuer les Tutsi. Dans son discours, Sindikubwabo a exhorté la population à s’investir dans les massacres des Tutsi et de ne pas être des “Ça ne me regarde pas!”. Après, les militaires et les Interahamwe ont tué de nombreux civils Tutsi qui vivaient à Butare et ceux qui, venant d’autres régions du Rwanda, s’y étaient réfugiés.

Parmi ceux qui ont assisté à l’investiture du nouveau Préfet, il y avait des membres du gouvernement génocidaire avec qui il partageait l’intention d’exterminer les Tutsi, comme Mugenzi Justin,  Mugiraneza Prosper et Pauline Nyiramasuhuko. Après le discours de Sindikubwabo, les Tutsi ont commencé à être tués à Butare.

 Le même jour, à Kigali, les militaires du gouvernement génocidaire ont lancé des obus sur le stade Amahoro, tuant 19 personnes qui y étaient sous la garde de la MINUAR.

2. Massacres de Tutsi au Secteur de Ngoma, Commune Kigembe, Butare

Le Secteur Ngoma est actuellement situé en District Nyaruguru mais pendant le Génocide perpétré contre les Tutsi il faisait partie, en Préfecture Butare, de la Commune Kigembe qui était dirigée par le Bourgmestre Semanyenzi. Ce Secteur  a compté au moins deux endroits où ont été tués de nombreux Tutsi pendant le Génocide. A Nkomero dans le Secteur Ngoma, District Nyaruguru, sur la route goudronnée Huye-Akanyaru, ont été tués beaucoup de Tutsi.

Pendant le Génocide, certains passaient par cette route pur fuir au Burundi, les Tutsi qui avaient survécu aux massacres dans la Commune Mubuga, à Gikongoro, Cyahinda, Rwamiko, et ceux qui habitaient Nkomero voulaient fuir au Burundi en passant par la frontière Akanyaru ; le 16 avril 1994, certains d’entre eux sont arrivés à la frontière mais ont été empêchés de la franchir et sont allés dans la vallée de l’Akanyaru.

Le lendemain 17 avril 1994, ils ont été ramenés à l’arrière et rassemblés sur un terrain à Nkomero. Le même jour, le Préfet de Butare Habyarimana Jean Baptiste est venu à ce terrain et a promis aux réfugiés qu’il allait leur chercher un endroit où ils seraient protégés dans un camp, mais il fut lui-même limogé et tué les jours suivants.

Le 18 avril 1994, près de 3,360 Tutsi qui avaient été rassemblés sur ce terrain ont été massacrés, et parmi les tueurs il y avait :

–           Le Bourgmestre de la Commune Kigembe, SEMANYENZI.

–           Le Conseiller du Secteur Ngoma, MUNYENGANGO Léonard.

–           Le Conseiller du Secteur Fugi, BENINKA.

–           Le Conseiller de Kivu, Filemo.

–           L’enseignant MUGEMANSHURO Godefroid.

–           Le commerçant KAYITANA John et bien d’autres miliciens Interahamwe.

Quelques survivants des massacres de Nkomero ont, le 19 avril 1994, ététués dans la vallée de l’Akanyaru en voulant franchir l’Akanyaru pour rejoindre le Burundi.

3. Massacres de Tutsi à Kigembe, Secteur Gacurabwenge, Musambira, Kamonyi

Kigembe est situé dans le Secteur Gacurabwenge, en District de Kamonyi, dans l’ancienne Commune Musambira. De nombreux membres des clans Abatsobe et Abasinga y habitaient. Les Tutsi qui habitaient Kigembe ont  été tués en avril 1994 par des groupes de tueurs dirigés par le Conseiller Ndahayo.

Le premier jour, de nombreux Tutsi ont été tués, d’autres se cachèrent ans les broussailles. Pour débusquer ceux qui s’étaient cachés, le Conseiller Ndahayo a déclaré que la paix était revenue, et les Tutsi sont sortis de leurs cachettes et se sont rassemblés chez le vieux Gatarabirwa. De nombreux Tutsi, ayant appris que d’autres s’étaient rassemblés chez le vieux Gatarabirwa, décidèrent de les y rejoindre, et leur nombre atteignit plus de 100 personnes.

Ce jour auquel ils s’y sont rassemblés en grand nombre, le Conseiller Ndahayo est venu, vers 13 h de l’après-midi,  à la tête d’un groupe de tueurs qui comprenait aussi des militaires. Un autre groupe était allé attaquer d’autres qui s’étaient réfugiés chez un Tutsi du nom de Kabera.

Le groupe de tueurs  a amené les réfugiés Tutsi  de chez Gatarabirwa chez le fils de celui-ci, Vincent, où il leur a été demandé de creuser eux-mêmes leur tombe, ce qu’ils ont refusé, et les Interahamwe se sont mis à creuser les fosses. Pendant ce temps les réfugiés de chez Kabera avaient commencé à être tués.

Les Interahamwe ont creusé à partir de 14h de l’après-midi la fosse dans laquelle devaient être jetés les Tutsi, et ont commencé à tuer ceux-ci vers 17h. Ils ont commencé par tuer les enfants de sexe masculin, ont dénudé leurs parents qu’ils ligotaient avec leurs enfants comme de vulgaires fagots de bois, lesquels étaient portés par les tueurs jusqu’à la fosse dans laquelle ils étaientjetés  encore vivants. Ils ont tué tous les Tutsi, enfants et adultes, ont ensevelis les corps des victimes dans la fosse, mais les corps étaient si nombreux qu’il y en a eu qui sont restés sur la fosse.

Parmi les tueurs il y avait Abdurahaman de Musambira, le Conseiller Ndahayo, Firipo et Yanwari. Après le génocide, les corps des Tutsi qui ont été tués à Kigembe ont été inhumés mais après ont été déplacés pour l’être dans le mémorial du Génocide de Kibuza.

4. Massacres de Tutsi à l’endroit appelé « Urutare rw’Abarenga », dans Kamonyi, près de la rivière Nyabarongo.

A cet endroit, près de la rivière Nyabarongo, l’eau avait creusé la roche et s’y était formée une sorte de fosse large et très profonde dont, une fois à l’intérieur,  un homme ne saurait sortir. Cette fosse était située dans le village de Fukwe. De nombreuses personnes de Karangara et Musenyi y étaient amenées.

A cette date les massacres ont commencé à Rwezamenyo (sur la Nyabarongo), Kamonyi. Actuellement c’est à Nyabitare, Cellule Marembo où étaient jetées de nombreuses personnes qui venaient surtout de Kirwa et Kayenzi et de diverses localités dans Ngamba. Ces localités étaient situées dans le Secteur Ngamba, District Kamonyi, sur les rives de la rivière Nyabarongo, dans la Commune Taba qui était dirigée par le Bourgmestre Akayesu Jean Paul qui a été jugé et condamné par le TPIR. C’est un endroit où ont été jetés de nombreux Tutsi qui habitaient dans ce secteur, mais d’autres étaient amenés de la Commune Kayenzi et d’ailleurs, et ont fait des kilomètres et des kilomètres pour venir être jetés dans la Nyabarongo.

Ces massacres ont commencé le 19 avril 1994 et n’ont cessé que lorsque le FPR est arrivé dans la région fin juin 1994. Ceux qui étaient jetés dans la Nyabarongo étaient encore vivants mais avaient les bras ligotés. Le nombre de ceux qui ont été jetés dans la Nyabarongo à Ngamba est important car y étaient jetés les Tutsi venant de Rukoma, Kayenzi et Ngamba.

Parmi les tueurs responsables des massacres dans le Secteur Ngamba sur la Nyabarongo, il y avait notamment : Mutijima, secrétaire à la commune, Ruvugama Cyrille, député qui s’est cependant limité à la commune sans aller plus loin, Rurangirwa, policier, Twagirayezu Vincent alias Kagozi, Mbarubukeye, enseignant, Manyukane Stany, Rumumba Samuel, Munyaburanga, enseignant, Munyankumburwa et Hategeka, enseignants à Marembo, Nsengiyaremye, Conseiller, Ndahayo alias Pilate, Kayibanda, Ntarizaboneka et d’autres.

5. Massacres de Tutsi dans le bois de Karutare  (Cyabihanga), dans Kamonyi.           

L’endroit était appelé Cyibihanga. Le bois en question était situé dans la Cellule Muyange, Secteur de Kayumbu. Y ont été tués près de 100 Tutsi, dont des membres du clan des Abasinga qui habitaient à proximité, et d’autres amenés à partir d’autres localités. Le 19 avril 1994, les Tutsi qui s’étaient cachés dans ce bois ont été attaqués par des tueurs venant de Rutobwe et de Nyabikenke. Ils ont connu une mort atroce, tués à l’aide de gourdins et de machettes.

Leurs corps ont été jetés dans des fossés dans le bois. Après le Génocide, les corps des victimes ont été déterrés, nettoyés et inhumés dans la dignité au mémorial de Kibuza, en Secteur Gacurabwenge, District Kamonyi. 

6. Massacres de Tutsi au centre de Kamonyi (Ku masuka).

Le centre de Kamonyi est situé dans le village Kamonyi, Cellule Nkingo, Secteur Gacurabwenge, dans l’ancienne Commune Taba. A ce centre, auquel on accèdeà partir de la route goudronnée vers la Paroisse Kamonyi que l’on dépasse pour arriver au centre de Nturo, ont été tués de nombreux Tutsi pendant le Génocide. Ce centre est à proximité de la Colline Nyamugari où il y avait un camp de déplacés de guerre de Kivuye, colline où ont également été tués des Tutsi.

Ces massacres ont commencé autour du 19 avril 1994, et ont continué jusqu’à la consommation du Génocide dans cette localité. Il y avait des barrières proches l’une de l’autre, l’une sur la route goudronnée, l’autre derrière la Paroisse Kamonyi. Des Tutsi qui habitaient Kamonyi et Kigembe ont été rassemblés et massacrés près de la statue de la vierge Marie devant la paroisse. Ils n’ont pas été tués dans l’église parce que le prêtre Pie a refusé que les Tutsi s’y réfugient et en a fermé les portes. De nombreux Tutsi venant de localités différentes ont continué à être arrêtés à ces barrières, tués  et jetés dans des fosses creusées dans le bois de Kamonyi.

7. Massacres de Tutsi à la Paroisse Mushishiro (Muhanga)

A Buringa, au centre de Kabadaha, actuellement dans le village de Kabadaha, Cellule Munazi, Secteur Mushishiro, District de Muhanga, il y avait une barrière des tueurs. Avant le Génocide c’était dans la Commune Buringa. Dès le déclenchement du Génocide, depuis le 9 avril 1994, dans le village de Kabadaha où se trouvait le bureau de la commune, s’y sont réfugiés  des Tutsi venus de la Commune Kibilira, qui ont été suivis les jours après par les Tutsi de cette commune.

Le Bourgmestre de la Commune Buringa a escorté tous les Tutsi qui s’étaient réfugiés à la commune et les amena à Kabgayi. Après, c’est l’Assistant Bourgmestre Ntabashwa Jean qui a dirigé les massacres qui ont suivi.

Une barrière gardée notamment par des militaires a été installée à ce centre autour du 10 avril 1994, devant un petit hôtel de Karamira Froduald qui en est originaire et qui était à la tête du MDR Power dans la localité. C’est Karamira qui a distribué les armes qui y ont été utilisées pour tuer les Tutsi. Cette barrière avait comme objectif de tuer les Tutsi qui venaient de différentes régions, que ce soit ceux qui voulaient se réfugier à Kabgayi, qui venaient de Kigali et d’ailleurs.

Sur cette barrière ont été tués entre 180 et 200 Tutsi lesquels étaient jetés dans une fosse à l’hôtel de Karamira qui était destinée à accueillir les restes de nourriture et autres déchets. Ceux qui ont récupéré les corps des victimes ont trouvé ceux-ci mélangés avec les plumes de poulets et autres déchets de cuisine.

A part les Tutsi qui ont été tués à cet endroit, dans la Commune Buringa il y avait d’autres barrières : la barrière qui se trouvait à la Commune Buringa, une autre barrière à Munazi, une barrière au Secteur Nyagasozi, une barrière à Nyagako où de nombreux Tutsi ont été tués par des déplacés de guerre qui s’étaient réfugiés à Buringa,  une barrière à Rwigerero près du bureau de la Cellule, une barrière à Rwigerero sur la place du marché, une barrière à la Paroisse de Mushishiro installée par un prêtre de nationalité burundaise, Jeremy NDUWABIKE, une barrière à l’endroit appelé « Mu nama » à Rukaragata, sur la Nyabarongo, une autre à Karombozi, une barrière à Rwasare et Matyazo, et d’autres. Sur toutes ces barrières ont été tues des Tutsi, ceux qui ne sont pas tombés à ces barrières ont été jetés dans la Nyabarongo.

Parmi les responsables des massacres dans cette localité, il y a : Ntabashwa Jean, Assistant bourgmestre, Karamira Froduald, Gasiribanyi Alex, Munyankumburwa Faustin, Kamonyo Fidèle, Mutimura Claver, le Père Nduwabike Jeremy (Burundais), le Major Ukurikiyeyezu, Nyaminani Félicien qui a été Bourgmestre de Buringa, Sebazungu Cyril (Chef d’une station Electrogaz à Kigali).

8. Massacres de Tutsi dans la Commune Kayenzi, à Gitwa, Gashinge, Kirwa, Kamonyi

Depuis le 13 avril 1994, les Tutsi ont commencéà subir des attaques à Gitwa, en Cellule Kirwa, en Secteur Kayenzi. Des Tutsi s’étaient réfugiés chez un Tutsi qui était directeur des écoles à Gitwa, Ugirashebuja Félicien. Ils ont résisté depuis le 13 avril 1994 aux attaques qui venaient de Musasa, dans Gakenke, mais la situation a empiré lorsque les tueurs de Kayenzi se sont mis à attaquer les Tutsi. Une forte attaque a été menée le 19 avril 1994 contre les réfugiés Tutsi et a été repoussée par ceux-ci ; une réunion s’est tenue à l’école primaire de Gitwa et était semble-t-il dirigée par Nkundiyaremye Alphonse et Munyakazi  Léopold. Cette réunion a été suivie par une nouvelle attaque sur les réfugiés Tutsi.

A l’approche du groupe de tueurs, des réfugiés Tutsi sont allés se cacher dans le bois appelé « Beyite », tandis que d’autres allèrent se réfugier chez un Tutsi du nom de Kajugiro. Les réfugiés Tutsi ont été tués sur les lieux de leurs refuges, le plus grand nombre fut cependant tué dans le bois Beyite.

Parmi les responsables des massacres  dans la Commune Kayenzi il y avait le Bourgmestre Mbarubukeye Jean, mais spécialement parmi les tueurs de Kirwa il y avait Mpabarezi,  Rwagakwandi, Hitimana Jean Damascene, Ngendo, Ruticumugambi Aloys, Nzabanita Cyrille, Nkundiramye Alphonse, Uwayezu Leonidas et d’autres.

9. Massacres de Tutsi au bureau de la Commune Muko

Après le massacre le 7 avril 1994 d’une dizaine de Tutsi qui s’étaient réfugiés à la Paroisse Mushubi, le 8 avril 1994, de nombreux Tutsi ont commencé à se réfugier au bureau de la Commune Muko tandis que d’autres se refugièrent également à la Paroisse Mushubi parce qu’ils avaient appris l’implication du Bourgmestre Kayihura Albert dans les massacres de Mushubi et qu’ils ne sentiraient pas en sécurité à la commune. Ceux qui habitaient à proximité et qui ne pouvaient pas se rendre à Kaduha ont continué à se réfugier à la Commune Muko, venant des différents Secteurs de la commune et même d’une partie de la Commune Musebeya ; le bureau de la Commune Muko se trouvait en effet à l’intersection des deux communes. A la Commune Muko on avait dit aux réfugiés que leur sécurité sera assurée, raison pour laquelle ceux qui s’étaient cachés ont rejoint les réfugiés à la commune, mais c’était une manière de les rassembler.

Le 19 avril 1994, un groupe de tueurs dirigés par le criminel notoire surnommé Rukokoma, attaqua les réfugiés Tutsi. Les tueurs chantaient : « Qu’est-ce que vous voulez ? » et ils répondaient en cœur « Où sont les inyenzi ? » « A la Commune Muko. Pourquoi les cherchez-vous ? », et de répondre « Les exterminer ! ».

Les tueurs n’ont pas pu tuer les réfugiés sur place pour une raison qui n’était pas évidente, car ceux qui gardaient la commune ont refusé de leur livrer les Tutsi. Le Bourgmestre Kayihura Albert, Musonera qui était directeur des écoles primaires, Rukokoma et d’autres se sont rencontrés en réunion et ont décidé de tuer en premier lieu les hommes et de tuer plus tard les femmes et les enfants. Le groupe des tueurs s’est retiré et les réfugiés ont cru avoir survécu ce jour-là alors que les tueurs prévoyaient d’attendre les réfugiés à Gashwati.

Les hommes et les jeunes hommes furent embarqués dans 3 véhicules qui étaient censés les amener à la Paroisse Kaduha, par ce qu’à Mushubi, leur a-t-on dit, il y avait de l’insécurité. Arrivés 3 km plus loin à Gashwati,  ils y ont trouvé des tueurs qui les attendaient et qui les ont tous tués à l’arme traditionnelle. Il n’y a eu qu’un seul survivant  à ce massacre. Tous les autres ont été tués par le grand nombre de tueurs qui encerclèrent les véhicules.

Les femmes et les enfants qui étaient restés à la commune ont vécu dans les conditions les plus pénibles, les femmes étant notamment violées. Le 19 avril 1994, près de 500 femmes et enfants furent amenés par les tueurs dirigés par Munyarihamye Pascal, Responsable de la Cellule Mushubi, et furent tous tués au centre de sante de Mushubi.

Parmi ceux qui incitaient la population à tuer les Tutsi, il y avait ; le Sous-préfet de la Sous-préfecture de Munini, Damien Biniga qui était originaire de la Commune Muko, le Bourgmestre de la Commune Muko, KAYIHURA Albert, Musonera Etienne, directeur des écoles primaires de Rugano et qui a été condamné par les juridictions Gacaca à 15 ans d’emprisonnement, les Conseillers et les Responsables, dont Hakizimana, Conseiller de Sovu, et d’autres. Parmi les tueurs les plus acharnés, il y a Sekanyambo, Muberandinda, Mbaraga, Habimana, Kanyamanza, Rukokoma, Munyabihame, Muberandinda, Munyembaraga, Ruhigisha, Sebera Aloys et d’autres.

Près de 14,152 corps des victimes du Génocide  perpétré contre les Tutsi reposent au mémorial du Génocide de Mushubi.

10. Massacres de Tutsi à Nyakanyinya, dans le Secteur Mururu, Rusizi.

A Nyakanyinya les massacres avaient commencé le 13 avril 1994. A cette date un groupe de nombreux Interahamwe est arrivé de Mururu. Ils ont tué les Tutsi de la façon la plus atroce à l’aide de grenades, fusils et armes traditionnelles. Le 19 avril 1994  les Interahamwe sont revenus et ont achevé les blessés et ceux qui n’avaient pas pu s’enfuir, croyant qu’il n’y aurait plus de massacres. Toujours le 19 avril 1994, des Tutsi ont été tués à Nyamukumba, Ruhango. C’était sur un chemin qui menait au centre de Ruhango, dans une vallée où furent tués  un très grand nombre de Tutsi, piégés par de nombreux Interahamwe qui les avaient encerclés et les multiples barrières infranchissables.

CONCLUSION

Le Génocide perpétré contre les Tutsi a été planifié et mis en œuvre par l’Etat rwandais. Les Massacres des Tutsi à partir du 7 avril 1994 au matin, en même temps et à travers tout le pays, est la preuve que le plan du Génocide avait été préparé par l’Etat. (Fin)

Fait à Kigali le 19/4/2020

*Dr Bizimana Jean Damascène,Secrétaire Exécutif, Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG)