Le Burundi accuse le Rwanda de pirater son tambour

Kigali: Une marche manifestation a été organisée ce samedi 24 août dans la capitale économique Bujumbura (Ouest du Burundi) par le ministère de la culture et la mairie.

Selon le Collectif SOS Médias Burundi, le but des organisateurs était de protester contre un groupe de tambourinaires réfugiés burundais vivant au Rwanda qui se sont produits dans le concours East africa’s got talent qui s’est tenu au Kenya.

La marche a été faite dans les rues de la capitale économique Bujumbura. Les manifestants étaient en grande partie composés de conducteurs des taxi vélos, de tricycles, et quelques groupes de tambourinaires.

Les manifestants ont pris le boulevard Mwezi Gisabo (ex boulevard du 28 novembre, tout près du campus Kamenge) jusqu’au bureau de l’Ambassade du Rwanda au Burundi au centre-ville de Bujumbura. Ils entonnaient des chansons hostiles au gouvernement rwandais et au Président Paul Kagame.

En tête du cortège, des tambourinaires brandissaient une pancarte disant contester “avec énergie la manière dont le Rwanda a volé et utilisé les tambours burundais (…) en violation des lois burundaises et même internationales”. Aucun officiel rwandais n’a voulu réagir jusqu’ici à ces accusations.

Le discours du jour a été tenu devant l’Ambassade du Rwanda. «Le Rwanda est un ennemi du Burundi. Après avoir échoué à déstabiliser le pays, ils veulent maintenant pirater le tambour burundais. Ils veulent s’approprier de notre identité. C’est inacceptable», a dit Godefride Hakizimana, secrétaire permanent au ministère de la culture.

«Nous sommes tous contre ce groupe qui a revendiqué le tambour burundais dans le concours East Africa’s got talent. Le tambour burundais est sacré. Personne n’a le droit de le pirater, ça serait effacer l’histoire de tout un peuple», a renchéri Abed Duniya, qui a représenté des tambourinaires locaux dans les cérémonies.

Les organisateurs de East africa’s got talent disent que le groupe de tambourinaires n’a représenté aucun pays. «Les portes étaient ouvertes à quiconque ayant une résidence légale au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie ou au Rwanda». Ils indiquent, dans un communiqué que le groupe de tambourinaires a postulé en tant qu’individus. «Ils n’ont donc représenté aucun pays», concluent-ils.

Le Président burundais, Pierre Nkurunziza, a signé en 2017 un décret présidentiel qui encadre très strictement l’usage des tambours royaux du Burundi, inscrits au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2014.

Un des articles prévoit que ce décret doit s’appliquer également au plan international, en interdisant de jouer du tambour burundais à l’étranger sans une autorisation de l’Ambassade du Burundi dans ce pays.

Les relations sont très difficiles entre le Burundi et son voisin du nord depuis 2015. Le Président burundais Pierre Nkurunziza accuse le Rwanda de soutenir les mouvements politico-militaires qui sont opposés à son troisième mandat contesté, ce que Kigali a toujours démenti. Le Rwanda soupçonne pour sa part une présence au Burundi des rebelles rwandais des FDLR.

Les Rwandais qui vivaient au Burundi ont été expulsés, incarcérés pour espionnage et d’autres y ont laissé la vie. De centaines de Burundais ont été également expulsés du Rwanda officiellement pour séjour illégal. (Fin)