Le Burundi bloque les marchandises venant du Kenya et de l’Ouganda à la frontière rwandaise

Une partie de la cargaison à destination du Burundi qui a été bloquée au poste frontalier de Nemba entre le Rwanda et le Burundi.

Kigali: Le gouvernement burundais a bloqué l’entrée sur son territoire des camions de marchandises en provenance du Kenya et de l’Ouganda qui ont transité par le Rwanda en violation des accords qui lient les trois pays dans le cadre de la Communauté de l’Afrique de l’Est(CAE).

D’après le média en ligne Rwanda Podium, le gouvernement du Rwanda a officiellement informé l’Ouganda et le Kenya de la décision soudaine du Burundi de bloquer les camions de marchandises qui transitent par le Rwanda.

Tous les camions à destination du Burundi transportant des marchandises depuis le port kenyan de Mombasa transitent par l’Ouganda et le Rwanda. Cependant, les autorités du Burundi ont récemment décidé de bloquer les camions utilisant le Corridor Nord, provoquant des blocages aux points d’entrée.

Cette décision a été vivement critiquée par les transporteurs de marchandises et le monde des affaires en général, d’autant plus qu’elle va à l’encontre de la décision prise la semaine dernière par une réunion ministérielle des États membres de la CAE. Cette réunion avait eu lieu dans le contexte de l’épidémie de coronavirus dans les États membres de la CAE.

Le Rwanda a conseillé au Kenya et à l’Ouganda de ne pas autoriser davantage de camions de fret à destination du Burundi à transiter par le Rwanda.

Les ministres, qui se sont réunis pratiquement le 25 mars, ont demandé à tous les États partenaires de faciliter la libre circulation des marchandises, même s’ils prennent des mesures pour limiter la propagation de la pandémie de coronavirus (COVID-19).

Le ministère rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, le Dr Vincent Biruta, a maintenant envoyé des notes verbales à Kampala et Nairobi, les informant que Kigali n’avait pas d’autre choix que de ne pas autoriser les camions à destination du Burundi en provenance des deux voisins d’Afrique de l’Est.

«Le gouvernement de la République du Burundi n’autorise plus les camions de fret transitant par le Rwanda à entrer sur le territoire du Burundi malgré la décision susmentionnée des ministres de la Communauté de l’Afrique de l’Est», écrit-il en partie.

«Le Burundi ayant effectivement fermé toutes ses frontières au fret transitant par le Rwanda, le gouvernement rwandais n’autorisera plus l’entrée sur son territoire de camions de fret destinés au Burundi.»

La décision du Burundi a depuis lors vu de nombreux camions lourds qui avaient été dédouanés par le Rwanda et les agents de l’immigration et des douanes du Burundi (dans le cadre du guichet unique pour les postes frontières) coincés dans le no man’s land entre le Rwanda et le Burundi depuis la semaine dernière.

Au poste frontière de Nemba One Stop, dans le district de Bugesera, sur les trois camions de fret qui n’ont pas obtenu l’autorisation d’entrer au Burundi depuis le 28 mars, deux (tous deux avec des numéros d’enregistrement ougandais) ont été déchargés puis des marchandises chargées sur des camions burundais tandis que le troisième, avec un numéro d’enregistrement kenyan n’était pas encore validé le mardi 31 mars.

Au poste frontière de Ruhwa à Rusizi, deux voies de fret se sont vu refuser l’entrée depuis vendredi.

À Akanyaru-Haut, deux camions étaient bloqués du côté rwandais de la frontière, alors que les propriétaires de cargaisons tentaient de négocier avec les autorités burundaises pour y entrer.

À la suite de ce blocus, au moins huit camions destinés au Burundi ont été stationnés au no man’s land au poste frontière de Mirama-Hills entre le Rwanda et l’Ouganda depuis le 29 mars. 

Le Rwanda accueille des Burundais bloqués

Par ailleurs, le Rwanda a autorisé mardi six ressortissants burundais bloqués au poste frontière d’Akanyaru à rentrer au Rwanda après que leur propre gouvernement leur eut refusé l’entrée.

Selon des responsables de l’immigration, les Burundais se sont vu refuser l’entrée dans leur pays le 27 mars.

« Ils étaient bloqués du côté burundais du no man’s land sans nourriture ni abri en attendant que les autorités de l’autre côté de la frontière les autorisent », a déclaré mardi un officier de l’immigration.

Les ressortissants burundais comprennent une famille de cinq personnes, dont un avait été au Rwanda pour un traitement contre le cancer, et un homme, qui a transité par le Rwanda depuis le Kenya le 25 mars 2020.

Tharcienne Hashazinka vit depuis des mois au Rwanda où elle s’occupait de son fils qui suivait un traitement contre le cancer du Butaro Cancer Center.

Elle est avec le fils (patient), un bébé de deux ans, son frère qui l’aidait avec les enfants et une nounou.

Pendant cinq jours, ils sont restés au no man’s land sans services de base comme la nourriture et un abri, et les efforts du mari de Hashazinka, qui, selon des sources, est un officier de police burundais, pour les traiter ont été vains.

« Ils ont été autorisés à rentrer au Rwanda pour des raisons humanitaires et ils seront mis en quarantaine dans une auberge dans les locaux du campus Huye de l’Université du Rwanda », a déclaré un responsable de l’immigration.

Selon le responsable, la mise en quarantaine était nécessaire en raison du fait que ces personnes avaient interagi avec des personnes dans le no man’s land où elles étaient bloquées, ce qui pourrait les avoir exposées au coronavirus.

La décision du Burundi de refuser l’entrée aux nationaux de retour est également contraire aux résolutions de la réunion ministérielle de la CAE de la semaine dernière. La réunion a demandé aux gouvernements de tous les États partenaires de «coordonner leurs citoyens qui pourraient avoir été touchés par la fermeture des frontières et de leur permettre de se déplacer vers leur destination finale dans la région de la CAE».

A noter que dans le cadre des efforts visant à freiner la propagation du COVID-19, de nombreux pays de la CAE sont actuellement soumis à un verrouillage total ou partiel. (Fin)