«Le Pape vient fêter les 800 ans de la présence des prêtres catholiques au Maroc» -Père Daniel Nourrissat, Curé de la Paroisse de Rabat

By André Gakwaya;

Rabat: Sur invitation de SM le Roi Mohammed VI, le Pape Francis vient ce Samedi au Maroc pour célébrer la fraternité et le dialogue entre les différentes confessions religieuses, musulmane, chrétienne et juive, dans un climat de solidarité, mais le Saint-Père vient aussi fêter les 800 ans de la présence des prêtres catholiques, notamment franciscains, sur le sol marocain, selon le Père Daniel Nourrissat, Curé de la Paroisse de Rabat.

«Sur demande du Sultan du Maroc, le Pape a envoyé les premiers prêtres franciscains au Maroc pour s’occuper des chrétiens qui résidaient au Maroc, et qui étaient des commerçants, des artisans et des prisonniers. C’étaient des prêtres italiens, portugais, espagnols et français, qui s’occupaient aussi de l’Agriculture. Ils n’avaient pas la mission de convertir les musulmans au catholicisme. L’Eglise catholique devait se consacrer aux communautés européennes présentes seulement», a indique le Père Nourrissat, d’origine française et qui vit au Maroc depuis treize ans.

Le Père Daniel Nourrissat, Curé de la Paroisse de Rabat

Il a ajouté qu’actuellement le Maroc compte deux Archevêchés, dont celui de Rabat qui a pour siège les locaux de cette Paroisse de Rabat et qui aligne cinq paroisses et trente mille fidèles. Le deuxième Archevêchés est celui de Tanger qui compte huit mille chrétiens.

«Cette Cathédrale a été construite en 1921 sous protectorat français, puis agrandie en 1937. Elle a été construite avec des matériaux locaux : marbre, bois, dans un art décoratif. Elle est pleine tous les dimanches. Quand j’y célèbre la messe, j’ai devant moi 30 à 50 nationalités différentes. Mais la plupart des fidèles sont des étrangers venus d’Afrique sub-saharienne surtout des étudiants boursiers de l’UNESCO. D’autres sont des femmes restées catholiques pendant que leurs conjoints sont musulmans. D’autres fidèles viennent d’Asie, de l’Amérique du Sud, d’Haïti, même de Kiribati. L’important est qu’il y a la totale liberté de culte au Maroc. Tandis que le pays demeure à 99,99% musulman. Jusqu’à présent, le Maroc n’a pas de prêtres, ni de religieuses autochtones. Auparavant, les communautés franciscaines s’occupaient des femmes, des orphelins et des hôpitaux. Maintenant ces secteurs sociaux sont l’affaire du Gouvernement. Seulement l’Eglise se retrouve dans l’assistance aux migrants venus du Sud du Sahara », a poursuivi le Père Nourrissat.

Il reconnaît que depuis 2011, la constitution du Maroc autorise de changer de religion. Mais cela demeure compliqué pour les musulmans puisque leur vie familiale est rythmée par le Coran.

L’autre fait qu’il faut reconnaître est que l’Eglise catholique a aidé des enfants mineurs non accompagnés ou des femmes en difficultés en leur trouvant des formations et plus tard des emplois.

Le Père Daniel Nourrissatet les journalistes africains venus couvrir la visite du Saint-Père

«Nous disposons d’un Centre d’Accueil pour migrants et qui bénéficie de la solidarité et du dévouement à la fois des chrétiens et des musulmans. Des témoignages des bénéficiaires de ce Centre seront entendus lors de la présente visite du Saint-Père qui vient en fait se rendre compte de la mise en œuvre de la Charte de la Fraternité promulguée lors de sa visite à Abou Dhabi», a dit le prêtre.

Par ailleurs, il est opportun de rappeler que le Pape effectue sa visite au Maroc après celle de Jean-Paul en 1985, il y a 34 ans.

Pour le premier jour, parmi les activités inscrites à son programme, le Pape Francis se rendra au Palais Royal de Rabat où il sera reçu par SM Mohammed VI. Ensuite il sera accueilli à l’Institut Mohammed VI pour la Formation des Imam Marocains et Africains qui lui donneront des témoignages. Cet Institut forme ensemble des étudiants musulmans et catholiques qui seront tous des animateurs de leurs confessions religieuses. Cette expérience est l’illustration véritable d’un Islam modéré et tolérant.

Le Pape Francis visitera aussi le siège de la Caritas et il rencontrera des personnes migrantes qu’il encouragera au travail.

Au deuxième jour, il visitera les Sœurs de la Charité Saint-Vincent de Paul qui ont été en Algérie aussi. Celles-ci disposent d’un dispensaire pour soigner les grands brûlés.

Le Saint-Père se rendra ensuite ici même à la présente Cathédrale de la Paroisse de Rabat et il s’entretiendra avec les religieux et les religieuses œuvrant au Maroc, notamment à Tanger et Rabat, ainsi que des frères anglicans et orthodoxes. Le Saint-Père saluera aussi le Père Jean-Pierre, rescapé du massacre de Tiberine, ainsi qu’une sœur qui vient de passer 80 ans d’apostolat.

Il sonnera l’Angélus en direct du Maroc. Il prendra son repas à la Nonciature. Puis il célébrera sa messe dans une salle couverte au Complexe Sportif Moulay Abdellah doté de dix mille places. Il rentrera de Rabat vers Rome à bord d’un avion de la RAM (Royal Air Maroc).