Le Professeur Félicien Karege a présenté son livre-témoin : “Qu’il était beau mon pays”

Le Professeur Félicien Karege

C’est hier en fin d’après-midi que le Professeur Félicien Karege a présenté son livre-témoin : “Qu’il était beaucoup mon pays” devant un public d’amis, de ses anciennes élèves au secondaire comme à l’Université, et d’invités comme le Ministre de l’Unité et de l’Engagement Civique, Dr Jean-Damascène Bizimana, et l’ex-Vice-Présidente du Sénat, Honorable Jeanne Gakuba, qui représentait la Première Dame du pays, Jeannette Kagame.

L’ouvrage plonge le lecteur dans l’enfance idyllique de l’auteur, période passée dans la région de Mayaga au Sud au Rwanda, où la population vit en paix et en harmonie, avec des mariages entre les deux ethnies du Rwanda, Hutu et Tutsi.

L’enfant Karege entre à l’Ecole Secondaire à Byimana et subit les tracas de l’exclusion parce qu’il est de l’ethnie tutsi. Les choses s’aggravent pendant qu’il est à l’Université. Les violences des années 1960 resurgissent avec virulence et il prend le chemin de l’exil vers le Burundi en 1973, comme d’autres nombreux fonctionnaires et étudiants de l’ethnie Tutsi.

Avec des détails minutieux, l’auteur décrit sa séparation douloureuse avec sa famille, la traversée périlleuse de la rivière Akanyaru pleine de crocodiles et de marécages profonds dans lesquels il a failli être englouti, alors qu’il voyageait seul au milieu des papyrus.

Au Burundi, grâce à la solidarité manifestée par d’autres Rwandais, le réfugié Karege trouve un emploi d’enseignant de Biologie au Petit Séminaire Saint Pie de Muyinga. Puis il obtient une bourse d’études pour la Suisse et il termine son PhD en Biologie. Il devient Professeur d’Université. Il se marie. Puis il participe avec d’autres Rwandais de la Diaspora à l’appui aux combattants du Front Patriotique Rwandais (FPR) en leur envoyant des médicaments et des habits.

Malheureusement sa famille restée à Mayaga est exterminée lors du Génocide des Tutsi de 1994, y compris sa mère, son père, ses sœurs, frères, oncles, tantes. Mais le FPR arrête les horreurs et rétablit la paix. Karega a visité son village natal. Il est horrifié par l’ampleur des destructions et les cruautés dont les siens ont été victimes.

Les Tutsi de sa commune ont été tués par des milices sous les ordres du nouveau bourgmestre et titulaire d’un Centre de santé construit par des fonds que Krege avait sollicités auprès d’une ONG suisse « Terre des Hommes ». Karege avait eu l’occasion de rencontrer cet ex-bourreau à ce Centre de santé. Son prédécesseur s’était opposé au Génocide des Tutsi et il a été acculé à la démission. Tandis que le titulaire du Centre de santé s’était plié docilement aux ordres menant au crime collectif.

Dr Karege reprendra courage et reviendra au Rwanda pour participer à la reconstruction du pays comme Professeur de Biologie moléculaire pendant dix ans à l’Université du Rwanda à Huye.

Aujourd’hui retraité, il divulgue des conseils dans divers domaines, notamment dans la rédaction du présent ouvrage en mémoire des siens et des jeunes exhortés à s’en inspirer pour bâtir un pays de paix, de solidarité et de résilience.

L’ouvrage est écrit d’une plume alerte, vivante, avec des descriptions minutieuses qui ressuscitent l’univers traditionnel de l’enfance passée derrière les veaux et les vaches, avec des jeux spécifiques où chaque Rwandais de l’âge de Karege se retrouve.

C’est un livre à lire pour connaître le Rwanda des années 1950 et d’après, avec toutes les péripéties et les efforts fournis pour hisser le Rwanda à son ère actuelle, tant enviée par certains, et qui est aussi une fierté pour des hommes et des femmes, ainsi que des jeunes, tous déterminés à en faire un bon pays, viable pour tous. Un pays prospère, juste, respectueux du droit de chacun, où il plaît de vivre. (Fin)