Le refus délibéré d’enquête sur les massacres de Bagogwe: l’un des signes du complot du génocide dans l’ancienne préfecture de Ruhengeri

Kigali: Comme indiqué dans l’étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide perpétré contre les Tutsi dans l’ancienne préfecture de Ruhengeri, le régime de l’époque a délibérément refusé d’enquêter sur les massacres perpétrés contre les Bagogwe dans cette préfecture. Cela montre que le massacre faisait partie d’un plan génocidaire prémédité.

Après que les Bagogwe aient été massacrés publiquement par le régime de Habyarimana, ce qui a également été rapporté dans des rapports internationaux sur les droits de l’homme, le régime de Habyarimana a déclaré qu’il n’était pas prioritaire de connaître ceux qui avaient été tués et comment ils avaient été tués, mais de rétablir la paix au Rwanda.

Le procès-verbal de la réunion préfectorale de sécurité, tenue le 15 mai 1992, stipulait entre autres que le ministère de la Justice (MINIJUST) ne devrait pas s’efforcer à mener une enquête sur la manière dont les Bagogwe avaient été tués, arguant que cette enquête pourrait provoquer des troubles qui créeraient des conflits interethniques.

En détail, la réunion a résolu comme suit sur les enquêtes que le ministère de la Justice devait mener sur les meurtres de Bagogwe.

[………. Après avoir débattu, la réunion a révélé que la première chose à faire n’est pas de connaître les personnes qui ont été tuées et comment elles ont été tuées. La priorité absolue est de rétablir la paix entre les Rwandais. En outre, non seulement les Tutsi ont été tués, il y a aussi des Hutu qui sont morts et sont encore en train de mourir. Ainsi, de telles enquêtes ne peuvent que créer des turbulences qui peuvent aboutir à des conflits interethniques. La guerre est venue pour tous: il y a des personnes qui sont mortes, d’autres qui ont été kidnappées par des «Inyenzi», d’autres ont fui et ont été déplacées par la guerre. Les gens ne devraient pas dire qu’ils sont intéressés par un seul groupe ethnique parce que cela brise les cœurs des gens car la guerre les irrite encore. Prétendre de restaurer des choses oubliées peut générer davantage de chaos parmi la population. La réunion considère que quiconque causera des turbulences liées à ces enquêtes devra les calmer eux-mêmes…].

Parmi les participants à la réunion figuraient le Dr Charles Nzabagerageza, préfet de Ruhengeri, Dismas Nzanana, sous-préfet de la sous-préfecture de Busengo, Faustin Semasaka, sous-préfet de la sous-préfecture de Kirambo, Gaëtan Kayitana, sous-préfet chargé de l’administration et des affaires juridiques, Célestin Ntarwanda, sous-préfet chargé des politiques, Félicien Ntagandamwabo, sous-préfet chargé de l’économie et des techniques et Isaac Twagiramungu, sous-préfet chargé des affaires sociales, de l’éducation et de la culture.

Les autres participants étaient des bourgmestres de toutes les communes composant la préfecture, à savoir Gervais Sinamenye de Butaro, Jean Damascène Nkiranuye de Cyabingo, Ezechiel de Cyeru, Jean Bosco Nizeyimana de Gatonde, Jean Bosco Ntahompagaze de Kidaho, Fabien Maniragaba de Kigombe, Thaddée Gasana Kinigi, Juvénal Kajelijeli de Mukingo, Jean Sauveur Bigirimana de Ndusu, Mathias Mpiranya de Nkuli, Faustin Matemana de Nkumba, Léonidas Nkurunziza de Nyakinama, Réverien Uwurukundo de Nyamugali, Pierre Karekezi de Nyarutovu et Jean Baptiste Nsabimana de Ruhondo.

Le major Kanimba, commandant de la gendarmerie à Ruhengeri, le commandant Nzabonimpa de l’EGENA (Ecole de gendarmerie nationale), Thomas Mulinda, responsable du service de renseignement, François Xavier Nsekanabanga, procureur de la république et Jean-Baptiste Hakizimana, responsable du Centre Régional d’Information (CRI) ont également assisté à la réunion. (Fin)