“Le Sahara marocain actuel se distingue par une confirmation qualitative et quantitative de la marocanité de ce territoire”- Dr Jean Delors Biyogue

Docteur Jean Delors Biyogue Bi Ntougou

Les travaux de la 77 ème session du Special Political and Decolonization Commitee, plus connu sous le nom de Quatrième Comité de l’Assemblée générale de l’ONU, auront lieu du 4 – 11 octobre 2022. Au menu des discussions, le très attendu débat sur la question du Sahara Occidental. Nous nous sommes rapprochés du Politologue gabonais, Docteur Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, chercheur à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines et chargé de cours de Droit, Science politique et Relations internationales, notamment à l’Université Omar Bongo de Libreville, pour recueillir son avis.

RNA : A quelques jours du début des travaux de la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU dite Special Political and Decolonization Commitee durant lesquels sera évoquée la question du Sahara, comment qualifierez – vous la situation de la région aujourd’hui?

DR JDBN : La situation au Sahara marocain se caractérise par une confirmation qualitative et quantitative de la marocanité du Sahara, tant au niveau des Etats qu’au niveau de l’opinion publique africaine et internationale, d’une part, et de l’autre par l’affaiblissement interne du Front Polisario, ainsi que l’épuisement et l’agacement à peine voilés des puissances extérieures qui jusqu’alors ont soutenu ce groupe armé dans son aventure. Au lieu d’adopter une posture réaliste face à la situation, en se rendant à l’évidence imposée par les succès diplomatiques du Maroc et l’adhésion des populations sahraouies à sa politique de développement de la région, le Front Polisario, au regard de ses nombreuses tergiversations, a opté pour le statu quo et les puissances étrangères qui le soutiennent ont, quant à elles, opté pour le pourrissement de la situation. C’est un pari risqué de leur part qui à terme, peut donner du fil à retordre à la Communauté internationale, à l’ONU, à l’Union africaine, et même à chacun des Etats de la région, au regard de la complexité et de la gravité des risques et menaces sécuritaires de la région Sahelo-saharienne. Le Plan marocain d’autonomie reste l’unique solution sûre dont la mise en œuvre s’impose désormais comme une urgence.

RNA : Quelles sont, selon vous, les facteurs explicatifs des succès diplomatiques du Maroc auxquels vous faites allusion ?

DR JDBN : Il y’a d’abord la puissance de l’évidence : la marocanité du Sahara. Ensuite la cohérence et le réalisme dont fait preuve le Maroc dans la prise en compte des aspirations de ses citoyens originaires de la région ainsi que le démontre le contenu de son Plan largement apprécié par la Communauté internationale. Ce plan qui prévoit une gouvernance différenciée, accorde une large autonomie de gestion à la région du Sahara marocain à travers le transfert d’un certain nombre de compétences. Ce serait faire preuve de cécité intellectuelle que de ne pas constater et admettre que le Maroc est massivement soutenu dans sa lutte pour le rétablissement d’une vérité historique. Tous les Etats qui se positionnent en faveur du Maroc ne font qu’affirmer leur reconnaissance de l’évidence et de la réalité. Là-dessus, la récente position objective de l’Espagne envoie un message très fort au monde entier.

RNA : Pourquoi certains Etats et même l’Union africaine ont encore du mal à reconnaître cette évidence ?

Dr JDBN : Plusieurs hypothèses sont à mettre sur la table. Il est fort probable que pour les uns, les hésitations se justifient par le jeu d’influence, un jeu dans lequel le chantage diplomatique est une arme efficace. Il faut qu’ils tiennent le Maroc quelque part. Pour d’autres, c’est la prudence excessive introduite par une mauvaise interprétation de la notion du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Mais pour certains pays africains et l’Union africaine, les hésitations peuvent découler d’une mauvaise interprétation du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation édictée par l’OUA. Les deux principes évoqués ne s’appliquent pas au cas du Sahara marocain si l’on se réfère à l’histoire et au fait. D’ailleurs, de manière étonnante, le Plan Marocain tend une large perche aux évocateurs de ces principes, grâce au statut qu’il accorde à cette région, pas par contrainte, mais par choix objectif d’une gouvernance politique contextualisée et différenciée. Mais, ce que les africains et panafricanistes doivent retenir c’est que : soutenir toute situation qui contribue à la balkanisation de l’Afrique comme semblent le vouloir les séparatistes internes et externes de la région du Sahara marocain, c’est trahir le rêve d’une Afrique unie, intégrée, sûre et prospère léguée par les pères de son indépendance. C’est également affaiblir sa trajectoire de développement contenue dans l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, à l’ère où l’heure est à la construction des grands pôles et ensembles de puissance. (Fin)