Le terrorisme et l’extrémisme violent au Sahel: quel rôle pour le Maroc ?

By Khalid Cherkaoui Semmouni*

Le terrorisme est l’une des menaces les plus graves pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que pour la jouissance des droits de l’homme et le développement économique et social en Afrique. Il compromet la sécurité, le bien-être, et paralyse l’économie et déstabilise des régions entières.

En effet, ces dernières années, le terrorisme et l’extrémisme violent continuent de croître dans différentes parties du continent, surtout dans la zone du Sahel, dont les offensives ont coûté la vie à des milliers de civils et causé de grandes pertes économiques dans la région. De nombreux groupes terroristes sont apparus au Sahel à cause de conflits violents locaux ou régionaux, l’intensification des violences intercommunautaires, de l’insécurité des frontières, de la marginalisation socio-économique, des croyances religieuses extrémistes, etc.…

Les organisations terroristes les plus prépondérantes sont celles de Daech et Al-Qaïda, qui constituent une menace majeure pour la paix et la sécurité dans la région, notamment au Tchad, au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Ces groupes continuent de terroriser les populations locales, d’attaquer les forces de sécurité, en profitant de la situation d’extrême insécurité dans certaines régions.

D’autant plus , à cause de la vulnérabilité dans la région du Sahel, le terrorisme et l’extrémisme violent peuvent exacerber les conflits en Afrique et contribuer à affaiblir les Etats touchés sur les plans de la sécurité, de la stabilité, de la gouvernance et du développement économique et social.

À vrai dire, la situation actuelle, en dépit des menaces qu’elle soulève, constitue une opportunité stratégique pour le Maroc en vue de renforcer son importance en tant qu’Etat apte à contribuer, de manière tangible, à la sécurisation, la stabilisation et au développement de la région sahélo-saharienne. Le Maroc a toujours prôné une approche globale en matière de résolution des conflits qui touchent certaines régions de l’Afrique, dont notamment le Sahel, et ce, dans le but de lutter efficacement contre les racines profondes de l’insécurité et l’instabilité.

En effet, l’engagement du Maroc au Sahel est devenu incontournable, entant que partenaire africain, qui veut jouer un rôle plus prépondérant dans le développement et la lutte contre le terrorisme dans la région, vu que le Maroc, a développé un véritable modèle précurseur de coopération Sud-Sud, qui se fonde sur les liens multidimensionnels avec les pays africains dans différents domaines, dont le domaine sécuritaire qui vient en tête.

En cumulant une expérience en la matière, le Maroc s’est résolument engagé en faveur de la promotion d’une approche de coopération globale et cohérente au niveau continental, en matière de lutte contre le terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent. Sachant que le terrorisme au Sahel est l’une des menaces les plus graves pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que le développement économique et social dans cette zone de l’Afrique, qui constitue actuellement un enjeu géopolitique et géostratégique majeur pour le Maroc.

A partir de ce constat, la coopération entre le Maroc et le G5 Sahel (constitué des pays : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) est très nécessaire pour faire face efficacement à une menace à laquelle il n’est plus possible de répondre selon une approche exclusivement nationale.

C’est pourquoi que le G5 Sahel a besoin d’une action commune, immédiate et concertée avec ses partenaires en faveur de la sécurité dans la région et la promotion de son développement économique, pour s’attaquer aux sources qui favorisent l’extrémisme violent et le terrorisme.

Dans ce sens, les acteurs concernés, dont le Maroc fait partie, doivent développer une vision stratégique de la sécurité, et mettre au point des mesures institutionnelles, organisationnelles et budgétaires en vue d’atteindre les objectifs, en se penchant sur les défis majeurs à relever parmi les multiples risques, menaces, vulnérabilités et fragilités que connaît la région.

Faut-il dire que cette préoccupation reste un défi pour le Maroc , en tant que pays membre de l’Union Africaine (UA ) et partenaire du G5 Sahel , ayant cumulé une expérience reconnue universellement, en matière de lutte contre le terrorisme et la radicalisation , par conséquent , il est censé jouer un rôle primordial et prépondérant dans la sécurisation du Sahel.

De plus, les conflits politiques au Tchad qui passe actuellement par une période de transition très incertaine après la mort récente du président Idriss Déby et le coup d’État militaire au Mali qui risque d’aggraver les problèmes sécuritaires dans un pays sans intégrité territoriale, au pouvoir central trop frêle, pourraient avoir un impact direct sur la stabilité de la région.

En conséquence, le réajustement du dispositif sécuritaire du G5 Sahel est devenu très nécessaire, avec l’appui des partenaires africains, en premier rang le Maroc, pour engager une transition vers une grande coopération structurée et développer une vision stratégique en prévision des risques et menaces sécuritaires à venir. (Fin)

* Professeur à la Faculté de droit à Rabat et à l’ISIC