Les réfugiés au Rwanda interrogent les diplomates sur l’insécurité dans l’Est de la RDC

Les réfugiés de la RDC (République Démocratique du Congo) qui se trouvent au Rwanda ont interrogé des diplomates étrangers sur ce que fait la communauté internationale pour faire face aux instabilités politiques qui ont continué à rendre leur pays inhabitable.

C’était alors que des responsables du ministère des Affaires étrangères et divers diplomates basés au Rwanda visitaient jeudi 27 avril le camp de réfugiés de Mahama, une installation qui accueille plus de 58.000 réfugiés du Burundi et de la RDC.

Le 23 janvier, des représentants de plus de 72.000 réfugiés congolais vivant au Rwanda ont soumis des pétitions à différentes ambassades à Kigali, appelant la communauté internationale à aider à mettre fin aux tueries et à la persécution de la communauté tutsie dans l’est de la RDC.

Les réfugiés de la RDC ont posé de nombreuses questions aux diplomates sur les efforts pour régler la situation dans l’Est de leur pays, ainsi que sur leur rapatriement.

“Nous sommes peut-être bien ici, mais ce n’est pas chez nous”, a déclaré William Mutijima, un réfugié congolais, aux diplomates. Il a rappelé que depuis 1996 lorsque le premier afflux de réfugiés congolais est arrivé au Rwanda, l’insécurité persiste dans leur pays et rien de tangible n’est fait pour y remédier.

“Au cours de ces 26 dernières années, malgré l’esprit, notre appel et notre souhait de retourner dans notre pays, il est regrettable qu’aucun effort tangible n’ait été fait du côté du gouvernement de la RDC et de la communauté internationale pour nous aider à nous rapatrier”, a-t-il noté.

Pendant des décennies, l’ONU a été accusée de fermer les yeux sur la persécution des Tutsis congolais. Le réfugié François Rwabukamba a également soulevé des préoccupations similaires.

“Chaque fois, nous entendons l’expression ‘plus jamais ça’ de la part de la communauté internationale. Vous dites que le génocide ne se reproduira plus, mais ce qui se passe en RDC est similaire à la façon dont le génocide a commencé au Rwanda”, a déclaré Rwabukamba.

“La Communauté de l’Afrique de l’Est a déployé des soldats dans certaines régions, mais nos frères et sœurs dans des régions comme Mulenge et Ituri sont tués, même aujourd’hui parce qu’aucun soldat n’y était déployé.”

Outre la situation instable dans la province du Nord-Kivu où les rwandophones, en particulier les communautés tutsies congolaises, continuent d’être persécutés par leur propre gouvernement.

 Plus au sud, dans la province du Sud-Kivu, la communauté Banyamulenge a souvent adressé une pétition à l’ONU au sujet de la poursuite du nettoyage ethnique les ciblant, en vain.  Les Hema sont également exterminés dans la province de l’Ituri au nord-est de la RDC parce qu’ils sont assimilés aux Tutsi. 

Mais l’envoyée de Suède au Rwanda, Johanna Teague, a déclaré que la communauté de l’Union européenne est préoccupée par la situation et suit ce qui se passe.

“Au sein de l’UE, nous suivons avec une grande inquiétude la situation de ce qui se passe dans l’Est de la RDC et nous soulevons cette question à notre siège”, a-t-elle déclaré.

Ambassadeur Eduardo Filomeno Leiro Octavio, l’envoyé angolais au Rwanda, a appelé à des efforts conjoints de la communauté internationale pour remédier au sort des réfugiés.

“Compte tenu du fait que l’octroi du droit d’asile peut entraîner une lourde charge pour les pays qui les accueillent, en l’occurrence le Rwanda, nous sommes sûrs qu’une solution satisfaisante à ce problème sera trouvée avec l’engagement effectif de la communauté internationale”, a-t-il noté.

Selon la ministre chargée de la gestion des urgences, Marie Solange Kayisire, le Rwanda accueille des réfugiés depuis des décennies et compte actuellement plus de 126.000 réfugiés hébergés dans tout le pays. Parmi ces réfugiés, 59 % sont Congolais, tandis que 40 % sont originaires du Burundi. (Fin)