Les relations Europe-Afrique, indispensable partenariat, selon les Minaffet de Slovénie, Portugal, France, et Allemagne

Le 26 octobre, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) se rendront à Kigali pour la première réunion ministérielle UA-UE depuis le début de la pandémie de COVID-19. Cette réunion revêt une importance particulière car elle posera les fondations du prochain Sommet entre l’UA et l’UE, qui se tiendra en 2022.

Ces deux événements soulignent le caractère essentiel du Partenariat entre l’UE et l’Afrique, qui constitue une priorité clé de nos politiques étrangères. Ce n’est pas seulement la géographie qui fait de l’Europe et de l’Afrique des alliés naturels; elles sont unies par un profond attachement aux principes du multilatéralisme, à la coopération internationale et à l’ordre international fondé sur des règles de droit. L’avenir politique, économique et social de nos deux continents est indissociable.

La pandémie nous a rappelé une fois de plus que nous devions travailler ensemble pour bâtir cet avenir commun. Nous devons donc prendre en compte le rôle accru joué par le continent africain en matière politique, économique et de sécurité, qui va de pair avec la responsabilité de promouvoir une croissance économique solidaire et durable afin de donner des perspectives à sa population jeune. À cette fin, une part essentielle de nos efforts communs consiste à investir au bénéfice de la population pour lui permettre de recevoir une éducation de qualité, de renforcer ses compétences et d’accéder à des emplois décents. Une attention particulière doit être accordée aux investissements dans l’éducation, la santé et les possibilités économiques des femmes et des filles, essentielles à la réalisation du capital humain du continent.

Les deux continents bénéficient d’un ordre mondial fondé sur des règles de droit et de l’intégration régionale, ainsi que de la transformation numérique, et ils comprennent parfaitement que celle-ci doit être résiliente face aux cyber-menaces et centrée sur l’humain.

Nous sommes convaincus que l’Afrique, avec son potentiel considérable en matière d’énergies renouvelables et la richesse de sa biodiversité, deviendra un partenaire de premier plan de nos efforts en faveur d’un monde plus durable, dans le respect des objectifs de développement durable des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. La transition verte ne doit pas être considérée comme un obstacle, mais bien comme la clé de voûte d’une croissance économique plus propre et plus durable, qui améliore la connectivité et crée des emplois nouveaux et de meilleure qualité pour les jeunes Africains et Européens, tout en répondant aux enjeux mondiaux importants que sont les changements climatiques et la pénurie de ressources naturelles, d’eau en particulier.

Nous savons que d’autres acteurs internationaux ont pris conscience, à juste titre, de l’importance économique et géostratégique considérable du continent africain. L’Europe reste, et de loin, le principal partenaire commercial de l’Afrique, son premier investisseur et son allié le plus fiable au service de la paix et de la sécurité. Nous devons tirer profit de ce partenariat et approfondir notre coopération, en suivant toujours plus à la lettre les principes d’égalité, de solidarité et de respect mutuel.

La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UA et de l’UE ainsi que le prochain Sommet UE-Afrique aborderont toutes ces questions. Ces deux événements seront l’occasion de prendre acte du chemin parcouru ensemble jusqu’à présent et d’évoquer les difficultés et les possibilités qui nous attendent.

Les trois présidences successives du Conseil de l’Union européenne de l’Allemagne, du Portugal et de la Slovénie, et la présidence à venir de la France appuient vivement la conception d’un partenariat politique renouvelé et mutuellement avantageux entre l’Afrique et l’Europe, qui propose une nouvelle répartition des rôles aux deux parties.

Ayant à cœur la proposition de la Commission européenne de «stratégie globale avec l’Afrique» dans le cadre d’une action concertée de l’équipe d’Europe, l’UE et ses États membres se sont efforcés de développer un mécanisme international ayant pour objectif la distribution équitable des vaccins, des tests et des traitements de la COVID-19 et le renforcement des systèmes de santé africains, en soutenant la production de vaccins en Afrique.

Nous avons également adopté une nouvelle série d’instruments ambitieux, comme la Facilité européenne pour la paix et l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale, qui offrent à l’UE des outils plus efficaces pour travailler aux côtés de nos partenaires africains dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la bonne gouvernance, des enjeux mondiaux et du développement durable.

Au cours de l’année et demie écoulée, nous avons par ailleurs lancé diverses initiatives concernant l’allègement de la dette et la promotion d’investissements et de financements supplémentaires pour le continent, dans le cadre du Pacte avec l’Afrique du G20, initié par l’Allemagne en août dernier, du Forum de haut niveau UE-Afrique sur l’investissement vert, co-organisé en avril par le Portugal et la Banque européenne d’investissement, ou encore du Sommet sur le financement des économies africaines, accueilli par la France au mois de mai. Dans le cadre de ces projets, nous avons cherché à mettre en place des fondations pour le prochain Sommet, qui devraient guider les efforts déployés par le Partenariat entre l’UE et l’Afrique pour donner l’impulsion à une reprise véritablement durable après la pandémie de COVID-19. À cet égard, il sera essentiel d’apporter un soutien renforcé à la mise en œuvre progressive de la zone de libre-échange continentale de l’UA.

Alors que le 6e Sommet UE-UA approche, il est désormais temps de nous montrer plus ambitieux et de donner vie à un programme d’action commun plus profond et plus substantiel. Le Sommet sera également l’occasion d’étudier les synergies et les relations avec le nouveau cadre de coopération avec les États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, comme prévu dans l’Accord post-Cotonou.

Nous sommes non seulement unis par des intérêts stratégiques communs, mais également par la vision d’un partenariat avantageux pour les populations des deux continents. La pandémie a montré combien nos destinées étaient liées. Tirer parti de cette expérience nous offre des possibilités sans précédent, en Afrique comme en Europe. (FIN)