L’OMS déplore les 384 000 décès évitables dus au paludisme recensés en Afrique en 2020

Demain 25 Avril, on célèbre la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2021 et nous déplorons les 384.000 décès évitables dus au paludisme qui ont été recensés dans la Région africaine de l’OMS en 2020.

Le thème « Zéro palu – Tirer un trait sur le paludisme » a été retenu pour l’édition de cette année en partant du principe que chaque cas de paludisme est évitable et chaque décès lié au paludisme est inacceptable.

Ci-dessous le message de la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique 

Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2021

Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale

de l’OMS pour l’Afrique

Aujourd’hui se célèbre la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2021 et nous déplorons les 384 000 décès évitables dus au paludisme qui ont été recensés dans la Région africaine de l’OMS en 2020.

Le thème « Zéro palu – Tirer un trait sur le paludisme » a été retenu pour l’édition de cette année en partant du principe que chaque cas de paludisme est évitable et chaque décès lié au paludisme est inacceptable.

En 2019, la Région africaine de l’OMS concentrait 94 % des 229 millions de cas et des 409 000 décès imputables à cette maladie dans le monde. Et ce, malgré les progrès appréciables réalisés dans la riposte au paludisme dans la Région.

Entre 2000 et 2019, l’incidence du paludisme a baissé de 29 % et le nombre de décès a diminué de 60 %. Plus de 1,2 milliard de cas et 7,1 millions de décès ont été évités dans la Région. Cabo Verde a maintenu le statut de pays exempt de paludisme qu’il a acquis en 2018, l’Algérie a été certifiée exempte de paludisme en 2019, alors que l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Éthiopie, la Gambie, le Ghana et la Namibie ont franchi les étapes intermédiaires fixées pour 2020 – à savoir réduire de 40 % par rapport à 2015 l’incidence du paludisme et la mortalité associée à cette maladie.

Cependant, 36 des 44 pays d’endémie palustre de la Région n’ont pas encore atteint ces étapes intermédiaires. Dans l’ensemble, la Région n’était pas sur la bonne voie pour atteindre les cibles en matière d’incidence et de mortalité, qui étaient fixées à 37 % et à 25 %, respectivement. Si l’incidence du paludisme dans la Région s’est inscrite à la baisse dans une fourchette comprise entre 9 % et 10 % tous les cinq ans entre 2000 et 2015, force est de constater que cette incidence a encore ralenti pour s’établir à moins de 2 % au cours des cinq dernières années.

Chaque année que nous laissons le paludisme se propager, nous remarquons que la santé et le développement en pâtissent. Le paludisme fait perdre à l’Afrique, chaque année, en moyenne 1,3 point de pourcentage en termes de croissance économique. L’absentéisme lié au paludisme et les pertes de productivité qui en résultent coûtent par exemple au Nigéria près de 1,1 milliard de dollars É.-U. Chaque année. En 2003, le paludisme a coûté à l’Ouganda un produit intérieur brut estimé à 11 millions de dollars É.-U. Au Kenya, environ 170 millions de journées de travail et 11 % des journées d’école primaire sont perdues chaque année à cause du paludisme.

En vue de remédier à cette situation, il faut faire encore plus d’efforts pour venir en aide aux populations à risque. En 2019, un ménage à risque sur trois ne disposait pas d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII) et 48 % des enfants de moins de cinq ans ne dormaient pas sous une MII. Parmi les enfants ayant eu recours à des soins contre la fièvre dans un établissement de santé, 31 % n’ont pas été soumis à un test de dépistage du paludisme, contrairement à la recommandation de l’OMS qui préconise de tester tous les cas de fièvre dans les zones d’endémie.

Deux femmes enceintes sur trois n’ont pas reçu trois doses ou plus de traitement préventif intermittent. Sans cette protection, en tout 11,6 millions de cas de paludisme ont été notifiés chez les femmes enceintes et l’on a recensé 822 000 nourrissons ayant un faible poids à la naissance dans 33 pays.

De nouveaux défis se profilent à l’horizon, tels que l’augmentation de la résistance des vecteurs aux insecticides dans la Région. Cette nouvelle donne pourrait compromettre l’efficacité des interventions telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide et les pulvérisations intradomiciliaires à effet rémanent. La résistance des parasites du paludisme à certains médicaments pourrait aussi rendre cette maladie très difficile à traiter.

Des mutations génétiques du parasite du paludisme (et particulièrement des délétions du gène pfhrp2/3) ont récemment été détectées à la Corne de l’Afrique et pourraient entraîner une augmentation des résultats faussement négatifs aux tests de dépistage du paludisme. En effet, le moustique de type Anopheles stephensi, qui se trouve être le vecteur du paludisme en milieu urbain, a envahi la Corne de l’Afrique ces dernières années, ce qui risque de provoquer des flambées épidémiques dévastatrices dans les villes.

Des mesures d’urgence doivent donc être prises pour mettre fin au fléau que cette maladie représente et pour se rapprocher des objectifs mondiaux de réduction de 90 % du nombre de cas et de décès dus au paludisme d’ici à 2030. Il s’agit notamment d’investir pour élargir l’accès des interventions de lutte antipaludique aux groupes laissés pour compte tels que les enfants et les femmes enceintes. Un déploiement intelligent est également important pour protéger l’efficacité des outils de lutte contre le paludisme, ainsi que des innovations pour relever de manière proactive les défis anticipés.

Nous nous réjouissons des résultats qui émergent du déploiement à titre expérimental du vaccin antipaludique RTS, S. En 18 mois, le Ghana, le Kenya et le Malawi ont été en mesure de délivrer plus de 1,7 million de doses de ce vaccin, soit un niveau de couverture démographique comparable à celui des autres vaccins. Il s’agit là d’un outil prometteur supplémentaire dans la prévention du paludisme.

À l’OMS, nous œuvrons de concert avec les pays pour mener une réflexion stratégique sur les causes de la stagnation des progrès constatée ces cinq dernières années. Nous demandons aux parties prenantes de chaque pays d’endémie de se réunir et de répondre aux questions suivantes : « Qu’est-ce qui marche ? Qu’est-ce qui ne marche pas ? Qu’est-ce qui peut être fait différemment pour atteindre les cibles fixées pour 2030 ? »

Ensemble, nous devons passer de la perception du paludisme en tant que problème de santé à la compréhension de cette maladie en tant que menace pour le développement socioéconomique devant faire l’objet d’une réponse multisectorielle.

Par une réponse de l’ensemble de la société pour tirer un trait sur le paludisme, nous pouvons ensemble assurer la prospérité des sociétés, des économies et des personnes en Afrique. (Fin)