L’ONU s’alarme de la répression contre les voix dissidentes au Burundi

Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH) s’est vivement inquiété, mardi, de « la répression croissante » des voix critiques au Burundi, suite à la récente détention de cinq défenseurs des droits de l’homme et à l’emprisonnement d’un journaliste.

Les défenseurs des droits de l’homme – Sonia Ndikumasabo, Marie Emerusabe, Audace Havyarimana, Sylvana Inamahoro et Prosper Runyange – ont été arrêtés le 14 février dans le cadre de leur travail en faveur des droits de l’homme. Le 15 mars, la Cour d’appel a confirmé la décision de la Haute Cour de les maintenir en détention dans l’attente de leur procès. Les cinq personnes ont été accusées de rébellion, d’atteinte à la sécurité intérieure et d’atteinte au bon fonctionnement des finances publiques.

« Ces accusations semblent fondées uniquement sur leur association avec une ONG internationale de défense des droits de l’homme, Avocats sans Frontières. Travailler avec une organisation non gouvernementale, même non enregistrée au Burundi, n’est pas – et ne devrait pas être – interdit par la loi burundaise », a déclaré lors d’une conférence de presse, Marta Hurtado, porte-parole du HCDH.

Créer un environnement sûr à l’abri des intimidations et des représailles

Cette répression de la société civile intervient alors que Bujumbura exerce également une atteinte à la liberté de la presse.

Il y a ainsi le cas de Floriane Irangabiye, une journaliste qui a passé plus de six mois en prison simplement pour avoir fait son travail, en est un exemple. Elle a été arrêtée en août de l’année dernière, alors qu’elle était en visite au Rwanda, pour une interview radio qu’elle avait réalisée avec deux autres Burundais basés à l’étranger – un collègue journaliste et un défenseur des droits de l’homme.

Le 2 janvier 2023, elle a été condamnée à 10 ans de prison et à une amende d’un million de francs burundais (environ 500 dollars) pour avoir prétendument porté atteinte à l’intégrité du territoire national.

« La répression de la société civile, souvent fondée sur une législation incompatible avec les obligations de l’État en matière de droits humains, est une tendance constante au Burundi depuis la crise électorale de 2015, qui a contraint de nombreux défenseurs des droits humains et journalistes à l’exil », a ajouté Mme Hurtado.

Face à cette répression pour faire taire les voix critiques du pays, les services du Haut-Commissaire Volker Türk exhortent les autorités burundaises à respecter la liberté d’expression et à libérer ces personnes. Il s’agit ainsi d’annuler les accusations portées contre elles qui découlent d’un comportement protégé par le droit des droits humains.

Ils demandent également à Bujumbura de créer un environnement sûr et propice au travail des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes, à l’abri des intimidations et des représailles. Il est également important de réviser les lois sur les médias et les organisations à but non lucratif, afin qu’elles soient conformes aux normes internationales. (Fin)