Province du Sud : le Planning familial vivement encouragé

« Les expressions d’encouragement aux parents qui viennent de procréer tels que ‘subirayo nta mahwa, ni uko ni uko…’ (Bravo ! courage ! encore ! de telles expressions poussent les parents à continuer a procréer davantage) ne conviennent pas ces jours-ci, elles doivent être évitées à tout prix,» a critiqué le gouverneur de la province du Sud Fidèle Ndayisaba lors d’une rencontre avec les animateurs de santé du district de Huye. Ce dernier compte une population de 290 677 alors qu’elle était estimée à 265 000 en 2007.

Ce dirigeant condamne vivement les gens qui ont une ‘salle habitude’ d’encourager d’autres à continuer de procréer alors que la politique nationale consiste à sensibiliser tout rwandais à réguler les naissances. Il ajoute que celle-ci est une tradition à combattre qui contrarie la politique du gouvernement vis-à-vis du planning familial. «Il convient plutôt de dire ‘itonde imbere hari amahwa’ (sois prudent !) suggère-t-il. Le gouverneur Ndayisaba indique cependant que les mots tels que « Onkwa, ni mwonkwe ! »  peuvent être maintenus car selon lui, ne présentent aucune illusion.

Au moment où cette ancienne coutume sera convertie en nouvelles expressions visant à inciter les gens au contrôle des naissances on aura résolu le problème, dit-il. Pour le gouverneur Ndayisaba, lesdites expressions d’encouragement ne sont pas les seules pires à débarrasser des Rwandais. «Les noms tels que Nyandwi (7ème enfant), Minani, Nyiraminani (8ème enfant), Macumi (10ème enfant), Misago (11ème enfant)…devraient être laissés à l’histoire,» a-t-il recommandé. «Nous ne devons pas condamner ceux qui portent ces noms déjà, mais qu’ils demeurent les derniers. Nous n’avons plus besoin de noms pareils, il est temps de penser à ce que nous puissions éviter les enfants que nous ne sommes pas en mesure de prendre en charge, » a-t-il ajouté.

Ce genre d’expressions, fréquemment prononcées lors des cérémonies d’attribution des noms aux nouveaux nés, sont aussi dénoncées par le ministre ayant la santé dans ses attributions le Docteur Richard Sezibera qui condamne toute personne qui ose encourager son voisin à procréer davantage. Lors de sa visite dans le district de Huye, le ministre s’est adressé à plus de 100 animateurs de santé venus de chaque umudugudu (village), ainsi qu’aux employés des hôpitaux et centres de santé de ce district, leur a demandé de servir tout d’abord de modèles dans la société. «Vous devez bel et bien être exemplaires car vous ne saurez pas convaincre la population à maîtriser les naissances si vous ne le faites pas d’abord». A ce point, le gouverneur Ndayisaba prévient qu’une employée de l’hôpital ou d’un centre de santé qui sera illégalement engrossée (inda y’ikinyendaro), sera immédiatement limogée.

Le Ministre Sezibera souligne qu’avoir le nombre d’enfants à élever ne signifie  pas le nombre d’enfants qu’une personne en tant qu’individu peut entretenir, mais plutôt le nombre d’enfants dont le pays pourra subvenir aux besoins. «Tu ne peux pas procréer  7 ou 8 enfants prétextant que tu es riche à tel point que tu es capable d'assurer un avenir décent à ta progéniture…ça n’a pas de sens car tu ne pourras pas leur construire des hôpitaux, des écoles, des routes…bref c’est l’Etat qui se charge de tout cela, ainsi personne n’a raison d’avoir beaucoup d’enfants,» explique-t-il. «Parmi vous, qui peut construire un aéroport ?» a-t-il demandé à la foule.

Pour le gouverneur Ndayisaba, la politique de trois enfants par famille n’est qu’une limite. Pour lui, on pourrait exiger deux enfants au lieu de trois. «Quand vous êtes conscient que vous n’êtes pas en mesure de prendre en charge ces trois enfants, vaut mieux décider avoir moins, un ou deux par exemple,» conseille-t-il.

Dans le cadre d’inciter les hommes à la contraception, la province du sud s’est déjà lancée dans la sensibilisation des hommes à la vasectomie, méthode qui consiste à sectionner ou bloquer chirurgicalement les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes.

Cette fois-ci les hommes qui avançaient depuis longtemps qu’il n’existe pas de méthode de régulation de naissances pour eux, la vasectomie arrive maintenant à leur disposition, explique le Docteur Vedaste Nkurunziza, médecin à l’hôpital Kabutare qui a bénéficié de formation sur la vasectomie. La campagne sur la contraception masculine a débuté en janvier 2009 dans la province du sud. Les représentants des animateurs de santé au niveau des secteurs ont joui les premiers d’une telle formation et ils  doivent à leur tour mobiliser la population  dès leur retour à leurs demeures.

Outre les formations sur la vasectomie fournies aux animateurs de santé par les médecins, les autorités de la province du sud procèdent à la sensibilisation. Ainsi expliquent-elles à la population qu’il s’agit d’une opération qui rend les hommes stériles mais n'enlève rien à leur virilité. « Il n’est plus question de dire que la contraception est seulement une affaire des femmes car la vasectomie est là pour vous, vous ne pourriez plus élever de nombreux enfants, » a recommandé le gouverneur Ndayisaba aux hommes et aux femmes du secteur de Rusatira dans le district de Huye après le travail collectif umuganda du 31 janvier 2009. 

Certains dirigeants trouvent qu’il serait mieux d’accentuer le fait que la vasectomie ne change rien à la vie sexuelle et qu’elle n’affecte la virilité. Cette recommandation vise à  éviter et à briser la résistance de certains hommes  qui comprennent  souvent mal la vasectomie et refusent catégoriquement même d’entendre ce mot qu’il qualifie de ‘castration’. Cependant d’autres qui ont déjà saisi le bien-fondé de cette pratique émettent des arguments qui la soutiennent au sein même de  leurs communautés respectives.

Pour ceux qui se demandent pourquoi un homme peut choisir la régulation permanente des naissances, des spécialistes expliquent qu’il faut tout simplement savoir que c’est par ce qu’il a le nombre d'enfants qu'il veut avoir, qu’il veut jouir des relations sexuelles sans avoir peur d'une grossesse, que sa partenaire et lui ne veulent pas employer d'autres méthodes de régulation des naissances et qu’il est soucieux du bien-être de sa famille.

Bien que la sensibilisation en masse sur la vasectomie ait débuté très récemment au Rwanda, elle est devenue très populaire dans le monde entier depuis 1970. Chaque année, environ un demi million d'hommes subissent la vasectomie aux Etats-Unis. (Fin).