RDC-M23: La délégation de Tshisekedi chez Museveni pour implorer une intervention

Le résident ougandais Yoweri Museveni 

By Manzi Bakuramutsa*

Tshisekedi, en désespoir de cause, et refusant de voir la réalité congolaise en face, vient d’envoyer une délégation auprès du Président ougandais Yoweri Museveni pour l’aider à résoudre la question du M23. Pour Museveni, il y a des choses qu’on règle par les armes et d’autres qu’on règle par la négociation. C’est le cas du M23.

En effet plus le temps passe, plus le M23 se renforce non seulement en faisant fuir les forces armées congolaises, mais aussi en récupérant les armes qu’elles abandonnent dans leur fuite et en prenant des garnisons militaires et en se servant à volonté dans les stocks d’armement. Ainsi bien armé et surtout discipliné et motivé, le M23 fait peur non seulement à Tshisekedi, mais aussi il terrorise les FARDC(Forces Armées de la RDC) et inquiète la Monusco(Mission de l’ONU au Congo) par sa puissance de feu qui augmente.

C’est pour cette raison, que le Président Tshisekedi a envoyé une délégation en Ouganda sous la houlette du Ministre Alexis Gisaro pour implorer l’aide de son homologue ougandais, Yoweri Museveni. La délégation envoyée par Félix Tshisekedi estime qu’il est difficile de trouver une solution sans l’aide de Museveni. Il est fort possible que Tshisekedi attendait une intervention directe de l’Ouganda pour déloger le M23 de sa position actuelle, notamment de la ville frontalière de Bunagana.

Pour Museveni, selon son expérience, les guerres sont souvent causées par des problèmes politiques. Pour faire la guerre, il faut aussi voir si elle est juste. On peut résoudre le problème par la guerre, ou par le dialogue, mais aussi par les deux. Pour lui, il propose que l’on fasse un statut quo de la situation actuelle sur le terrain, en attendant l’arrivée des forces de la EAC n(East African Community), et qui sera suivi par un dialogue entre la RDC et le M23.

Il est fort possible que ce n’est pas ce que Tshisekedi voulait entendre de Museveni. Car, Tshisekedi, fait la politique d’Autriche, il refuse de voir la réalité en face. Il a commencé par ignorer les accords de Nairobi de 2013 entre le gouvernement congolais et le M23. Et pourtant si ces accords étaient appliqués il n’y aurait plus le M23, plus de réfugiés congolais dans les pays frontaliers et par conséquent la question des FDLR, aurait trouvé une solution pour la paix de l’ensemble de la région.  

L’autre erreur de Tshisekedi, dernièrement à Nairobi, quand il a invité tous les rebelles congolais à la table de négociation, Tshisekedi s’est permis d’en exclure le M23. Ce qui a relancé la guerre et quemalheureusement les FARDC ne peuvent affronter, car ils ne se battent pas !

L’incapacité notoire des FARDC de faire face au M23, pousse Tshisekedi qui n’a pas les moyens de sa politique, à trouver le bous émissaire de ses déboires, en accusant le Rwanda d’être derrière ces rebelles congolais. Ce manque de vision réaliste, ne permet pas à Tshisekedi de trouver la meilleure solution. L’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, est un fiasco, les FARDC, la Monusco, les armées du Sud-Soudan, celles de l’Ouganda et du Burundi, au lieu de réduire les attaques et les massacres de la population, elles se sont multipliées par deux. Tshisekedi est acculé.

La dernière rencontre en Angola, était basée sur des mensonges et de manipulation. On a divulgué un « cessez-le-feu » alors que le M23 n’était pas représenté dans le Sommet de Luanda. Le Ministre des Affaires étrangères a déclaré que le président Kagame a accepté pour la première fois d’accueillir les FDLR, alors que le Rwanda a accueilli plus de deux millions des personnes venant de la RDC depuis plus de 25 ans.

La volonté de Tshisekedi d’impliquer les forces venant des pays membres de la EAC, au lieu de mettre en exécution les Accords de Nairobi signés entre le M23 et le gouvernement, n’est pas la solution non plus. Tout observateur peut se demander pourquoi, malgré tant de forces dans la région, la situation s’empire. En rajouter encore est-ce la vraie solution ? C’est une autre fuite de réalité de la situation du terrain. D’autre part, pourquoi un Kenya, ou un tanzanien doit-il venir mourir pour la RDC, qui refuse de résoudre ses problèmes si simples, et pour lesquels, les congolais eux-mêmes ne veulent pas donner leur vie ?

La déclaration de Bob Kabamba, professeur à l’Université de Liège en Belgique, affirmant sans sourciller qu’«il semble bien évident que l’armée congolaise n’est pas en mesure de reprendre cette cité pour la bonne et simple raison qu’il y a d’une part, le soutien du Rwanda, et d’autre part, il y a aussi le soutien de l’Ouganda ». Kabamba est-il capable de dire combien de groupes des rebelles sur les 150 opérant à l’Est de la RDC qui ont été vaincues par les FARDC ? Aucune ! Le professeur ferait mieux d’utiliser d’autres outils de mesure dans ses recherches pour mieux comprendre la situation sécuritaire de son pays. (Fin).

* Manzi Bakuramutsa est un ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD), Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican.