Une pétition lancée contre la participation des négationnistes du génocide dans un colloque prévu au Senat français

Kigali: La Communauté Rwandaise de France(CRF) et Ibuka-France, qui représente les rescapés, sont préoccupés par un colloque prévu au Senat français qui «entend donner une tribune à plusieurs conférenciers dont les thèses niant, banalisant ou minorant le génocide commis contre les Tutsi au Rwanda sont désormais de notoriété publique».

Pour ce faire, la CRF et Ibuka-France ont lancé une pétition auprès de Gérard Larcher, Président du Sénat français et d’autres Sénateurs, leur priant de se «dissocier ouvertement de ces individus et de leurs thèses ». Prévu le lundi 9 mars 2020 au Palais du Luxembourg, siège du Senat français, le Colloque est intitulé « L’Afrique des Grands Lacs, 60 ans de tragiques instabilités »

Le Président d’Ibuka-France, Etienne Nsanzimana, a déclaré que la pétition est importante parce que les participants attendus sont des négationnistes bien connus du génocide commis contre les Tutsi du Rwanda en 1994. Il demande à de nombreuses autres personnes de la signer, l’objectif étant d’atteindre au moins 5.000 signatures.

«Il est inacceptable qu’une institution républicaine, aussi respectable que le Sénat, qui se doit d’être un modèle de respect de la loi, puisse servir de cadre à la diffusion de propos violant les lois de la République et portant atteinte à la mémoire des victimes du génocide commis contre les tutsi que la Nation Française s’apprête à commémorer dans moins de deux mois, conformément au Décret n° 2019-435 du 13 mai 2019 », lit-on dans la pétition.

«Nous vous demandons, Monsieur le Président, d’agir afin d’éviter que cette institution soit associée à de tels faits et nous vous demandons, Messieurs les Sénateurs de vous dissocier ouvertement de ces individus et de leurs thèses », poursuit la pétition intitulée « Agissez contre la propagation du négationnisme au Sénat !»

Le Sénat français doit accueillir le 9 mars un colloque dont certains intervenants sont régulièrement accusés de révisionnisme, voir de négationnisme et/ou qui sont viscéralement hostiles aux autorités de Kigali tels que :

Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée sous l’ex Président français, François Mitterrand, que le Rwanda accuse d’avoir soutenu le régime génocidaire avant, pendant et après le génocide. Hubert Védrine est connu pour son hostilité envers Kigali.

Charles Onana dont les écrits sont taxés de négationnistes et contre lesquels le Rwanda avait porté plainte pour diffamation devant la justice française.

Judi Rever, canadienne et auteure d’un ouvrage désignant le FPR au pouvoir à Kigali comme auteur d’un génocide contre les Hutu.

Jean Marie Vianney Ndagijimana, ex diplomate rwandais. Promoteur de l’Action pour une Justice Internationale Impartiale au Rwanda (AJIIR) qui accuse aussi le FPR d’avoir commis des crimes contre les Hutu pendant le génocide et après, et qui milite pour que les responsables soient jugés.

Les organisateurs avancent également le nom d’un prestigieux « soutien » : celui de Denis Mukwege, le médecin congolais co-lauréat du prix Nobel de la Paix 2018, que les médias ont pris l’habitude de surnommer « l’homme qui répare les femmes », pour son engagement contre les violences faites aux femmes dans les conflits qui ravagent l’est de la RDC.

Le Dr. Mukwenge s’est transformé ces derniers temps en ténor zélé de la réactivation de rapport mapping de l’ONU qui met en cause le régime rwandais dans les crimes commis durant la première et la deuxième guerre en RDC contre les réfugiés hutu rwandais, les Hutu congolais et d’autres populations congolaises. Des allégations rejetées par le Rwanda.

L’universitaire belge Filip Reyntjens, persona non grata au Rwanda qui l’accuse de négationnisme et de propagation de l’idéologie ethnique, avait également été invité mais a, fort curieusement, décliné l’invitation. Il y a d’autres intervenants moins flamboyants que les précédents mais tout aussi engagés contre Kigali.

Selon le programme, le colloque doit réunir plusieurs « spécialistes internationaux » pour « faire le point sur les conflits qui dévastent cette région depuis soixante ans». (Fin)